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Au cours des cinq prochaines années, l’économie mondiale sera dominée par une lutte de pouvoir sur trois fronts. Il est probable que la relation entre les États-Unis et la Chine se détériore, qu’il y ait une lutte entre politique fiscale et monétaire, et que l’utilisation du capital se fasse au détriment du travail.

C’est ce qu’écrit Robeco dans un rapport prospectif.

Au cours des dernières décennies, Robeco a observé une augmentation record des bénéfices des entreprises, alors même que la part du travail dans l’économie diminuait. La société de fonds avertit que le reshoring, c’est-à-dire le retour de la production dans le pays d’origine, représente un défi pour les bénéfices des entreprises. « Cela confère aux travailleurs une meilleure position de négociation », déclare Robeco. Cela alimente l’inflation par le biais des augmentations salariales. 

L’IA augmente les enjeux

Selon les universitaires, le reshoring est stimulé par les progrès technologiques dans le domaine de l’automatisation, qui sont particulièrement visibles dans les économies développées, ce qui réduit les coûts de production dans ces pays. « Les pays à faibles revenus d’Asie deviennent relativement moins attrayants et perdent de la production, car les entreprises rapatrient leur production vers les économies développées », ont récemment affirmé des scientifiques de l’université de Maastricht dans un article.

Les économies développées bénéficient donc d’une production accrue et de salaires plus élevés. Cependant, il reste à voir quelle sera l’évolution réelle des salaires dans un environnement de marchés du travail tendus et d’inflation persistante, ce qui déterminera en fin de compte l’issue de la lutte entre capital et travail, déclare Robeco.

« La promesse de l’intelligence artificielle générative n’a fait qu’augmenter les enjeux », affirme Peter van der Well, stratège chez Robeco. « L’augmentation considérable des capacités technologiques dans l’économie d’aujourd’hui a accru les risques de conflits. »

Politique fiscale contre politique monétaire

Selon la société de fonds, une bataille entre les autorités fiscales et les banques centrales est également en cours. Depuis la crise du COVID-19, les gouvernements ont mis en place de nombreuses mesures de relance fiscales, qui alimentent l’inflation, alors que les banques centrales tentent précisément de la contenir. « Les gouvernements qui continuent à dépenser pendant une période prolongée ne contribueront pas à réduire l’inflation et mettront donc en péril l’objectif d’inflation de 2 % fixé par les banques centrales », affirme Robeco. « Si l’inflation reste pendant plus longtemps supérieure à l’objectif, il est peu probable que les banques centrales reviennent rapidement à une politique monétaire accommodante. »

La Chine et les États-Unis en désaccord

Enfin, la lutte entre la Chine et les États-Unis pour la domination technologique constitue un risque pour les investisseurs. Selon Robeco, il semble y avoir peu de perspectives d’amélioration dans la relation entre les deux pays et les tensions commerciales pourraient freiner la croissance économique mondiale. « Les efforts des gouvernements occidentaux pour maintenir le statu quo pourraient conduire à davantage de réglementation, une augmentation des dépenses militaires et moins de laisser-faire », déclare le gestionnaire d’actifs.

Légère récession en 2024

Pour évaluer l’impact de ces facteurs sur l’économie mondiale, Robeco table, dans son scénario de base, sur une impasse économique avec une légère récession en 2024 et une stabilisation de l’inflation autour de 2,5 % en moyenne d’ici 2029. Dans le scénario positif, l’adoption précoce et à grande échelle de l’intelligence artificielle entraîne d’énormes avancées technologiques, ce qui provoque un choc d’offre désinflationniste pour l’économie mondiale. Dans le scénario négatif, la méfiance entre les grandes puissances conduit à une faible croissance et à la stagflation, prévoit Robeco.

Quelle que soit l’issue, les développements créent également des opportunités pour les investisseurs. Si l’IA garde effectivement le vent en poupe, les entreprises technologiques coûteuses actuelles continueront de bien performer et la productivité augmentera dans d’autres secteurs, ce qui pourrait, selon Robeco, générer un rendement annuel de 11 % pour les actions.

Dans le scénario négatif, dans lequel les banques centrales luttent contre l’inflation mais sont entravées par les gouvernements, l’économie mondiale sera sous pression, ce qui pourrait entraîner une baisse des rendements des investissements à risque. Robeco prévoit alors un bénéfice de cours moyen de 2,5 % par an sur les actions. Dans une telle situation, le gestionnaire d’actifs voit des opportunités dans les obligations d’entreprises.
 

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