Le meilleur scénario possible pour les actions mondiales et américaines est une situation où les démocrates gardent la majorité à la Chambre des représentants des États-Unis et les républicains conservent une majorité au Sénat.
C’est la conclusion tirée par les économistes et stratèges de Schroders ce lundi au cours d’une table ronde virtuelle à propos des élections américaines. Selon eux, tout indique une victoire de Joe Biden en novembre, quel que soit le modèle utilisé.
Selon l’économiste Piya Sachdeva (photo), tant une analyse macro-économique des programmes électoraux qu’une approche basée sur les sondages d’opinion désignent Joe Biden comme le vainqueur des présidentielles. Selon la première méthode, le président sortant Donald Trump devrait compter sur 43 pour cent des voix. Selon la seconde, Joe Biden remporterait 62 pour cent des suffrages.
Fiabilité des sondages
Sachdeva : « Bien entendu, après les élections précédentes, on est en droit de se demander si les sondages sont réellement fiables. Toutefois, si vous catégorisez les personnes qui n’ont pas encore fait leur choix, il faut faire des suppositions assez agressives pour déclarer Trump vainqueur. Il me semble prudent de tabler sur la victoire de Biden. »
Dans cette optique, notre collègue Sean Markowicz envisage deux scénarios possibles : une situation où les démocrates ont uniquement la majorité à la Chambre des représentants et une où ils remportent également le Sénat.
« La victoire dans les deux parties du Congrès entraînera une augmentation des impôts allant jusqu’à 28 pour cent et une reprise des relations avec l’Europe et l’Asie. À cela s’ajoute un contrôle des prix des médicaments et plus de réglementation et de contrôle en matière de technologie. Une mauvaise nouvelle pour les actions américaines, mais qui rendra les actions non américaines plus attrayantes. »
Dans le scénario où les démocrates conserveraient la Chambre des représentants, mais ne pourraient pas remporter le Sénat, le stratège de Schroders pense que les impôts se maintiendront au niveau actuel. Des investissements dans les relations avec l’étranger sont également à prévoir, ce qui serait, selon Markowicz, le scénario le plus avantageux pour les actions tant américaines que non américaines.
« Une pression sur les cours, quoi qu’il arrive »
Alors que Schroders s’attend à un effet clairement différent en cas de victoire uniquement à la Chambre des représentants ou en cas de victoire au Congrès dans son ensemble, AXA Investment Management a récemment développé une vision du marché envisageant une pression sur les cours en cas de victoire de Joe Biden.
« Si nous reconnaissions pleinement qu’une série de politiques ont des effets différents sur des secteurs spécifiques, nous craignons que la victoire de Biden ne provoque une large réaction négative. En grande partie en prévision de plans visant à augmenter l’impôt sur le revenu des personnes physiques et des sociétés et à s’appuyer sur la déréglementation des quatre dernières années. »
Bien qu’AXA IM soit pessimiste quant à l’impact sur les actions à court terme, une victoire du démocrate signifiera une amélioration des perspectives de croissance, selon le directeur de recherche macroéconomique David Page et l’économiste Alex Kerr. Une scission du Congrès aura également un impact, estiment les chercheurs.
« [Les marchés] peuvent craindre qu’un congrès divisé soit moins motivant qu’un congrès uni. Peut-être se consolent-ils du fait qu’un congrès divisé peut limiter l’exécution des deux agendas politiques. »
Trump
Si Donald Trump est réélu, les tensions commerciales soutenues limiteront le potentiel de hausse des actions, estime Markowicz de Schroders. « Je m’attends alors à une nouvelle escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine, mais aussi à davantage de conflits commerciaux avec l’Europe. »
Nous n’en sommes toutefois pas encore là. Jusqu’aux élections, les marchés boursiers peuvent encore partir dans toutes les directions. Dans ce contexte, Markowicz souligne que les actions ont tendance à baisser à l’approche des élections si le parti au pouvoir n’est pas favori.