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Les femmes disposent en moyenne d’une épargne moins importante que les hommes.  Parmi les belges qui ont accepté de dévoiler leur patrimoine, à peine une femme sur dix (13 %) déclare posséder plus de 50.000 euros d’épargne, alors que le pourcentage pour les hommes est presque deux fois plus élevé: 24 %. Parmi celles qui ont de l’épargne, près de quatre femmes sur dix (37%) se disent également mal à l’aise avec le niveau d’épargne de leur ménage, contre 29% des hommes.

C’est ce qui ressort d’une enquête récente1 d’ING analysée par Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, réalisée auprès de près de 1.000 personnes âgées de 25 à 70 ans qui sont (co)décideurs en matière de finances au sein de leur ménage. Selon Charlotte de Montpellier, plusieurs facteurs entraînent un handicap important pour les femmes au moment de la retraite: elles investissent généralement moins souvent, le montant qu’elles investissent est plus faible et elles sont plus averses au risque que les hommes. L’éducation financière perçue comme plus faible apparaît également comme un facteur décisif. Une femme sur trois estime que ses connaissances financières valent une note d’échec, contre seulement 18 % des hommes.

On sait depuis longtemps que le niveau moyen de la pension legale diffère entre les hommes et les femmes, les femmes retraitées ayant souvent eu des carrières brèves et des salaires inférieurs à ceux des hommes. Les chiffres du SPF Pensions montrent que la pension legale des femmes salariées dans notre pays est en moyenne 370 euros moins élevée que celle de leurs collègues masculins. Chez les indépendants, la différence est encore plus importante: les femmes reçoivent 427 euros de pension de moins que les hommes. Une nouvelle enquête menée par ING et analysée par Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, montre maintenant que l’écart de la pension pourrait encore être plus important si l’on considère le patrimoine que les femmes constituent en plus de leur pension.

Les femmes investissent moins souvent et pour un montant inférieur

Au fil des ans, les femmes investissent leurs économies différemment des hommes.

Premièrement, les femmes sont moins nombreuses à investir que les hommes. L’enquête montre que 40 % des femmes investissent dans au moins un instrument financier, alors que 50% des hommes font de même.»

De plus, lorsqu’elles investissent, elles tendent à investir un montant moindre que les hommes. Une investisseuse2 sur deux (50%) possèdent un portefeuille de moins de 25.000€, contre seulement 38% des hommes. Seules 4% d’entre elles déclarent avoir plus de 100.000€ investis, contre 16% des hommes.

Une aversion au risque plus importante risque également de conduire à une diminution du patrimoine financier à l’âge de la retraite

En outre, les femmes sont moins enclines à prendre des risques lorsqu’elles investissent. L’enquête d’ING sur l’épargne a demandé aux personnes interrogées quels types d’investissement elles recommanderaient si elles devaient conseiller le meilleur investissement à long terme (10 ans). La grande majorité des répondants (39 %) conseillent l’immobilier comme le meilleur investissement, mais encore davantage les femmes (45%) que les hommes (33%). Ce choix est souvent justifié dans la littérature économique par « la sécurité » perçue de l’investissement dans des actifs physiques. Les femmes sont en revanche beaucoup moins nombreuses à conseiller les actions (4% contre 9% d’hommes) en première position, ainsi que les fonds mixtes (6% vs. 9%).

Les femmes semblent donc moins enclines à se tourner vers des produits d’investissements considérés comme plus risqués (actions par exemple), alors qu’il n’y a pas de différence pour les produits considérés comme moins risqués (obligations par exemple).

Les femmes sont plus pessimistes que les hommes sur les perspectives économiques et boursières

Les femmes semblent être plus prudentes parce qu’elles sont plus pessimistes quant aux perspectives économiques, aux perspectives boursières et à leur situation financière personnelle. Par exemple, 32% des investisseuses3, contre seuls 16% des hommes, estiment que la croissance économique sera moins bonne en Belgique en 2022 qu’en 2021.4

Etant plus pessimistes pour l’avenir et ayant une aversion au risque plus importante, les femmes ont davantage tendance à se comporter de manière prudente. Cela peut être un atout non-négligeable dans certaines situations, notamment pendant les périodes de turbulences boursières. Néanmoins, les investissements plus risqués (dans les marchés financiers) ont, à long terme, généralement un rendement potentiel plus élevé que les investissements moins risqués. L’excès de prudence peut donc conduire à des choix d’investissement moins profitables et donc à une accumulation de patrimoine moins importante à terme, et notamment au moment de partir à la retraite. L’aversion au risque plus marquée chez les femmes aggrave donc probablement l’écart entre les sexes lors de la pension.

Une femme sur trois s’attribuent une note d’échec pour leurs connaissances en matière de finances

L’aversion au risque n’est pas le seul élément qui peut expliquer les différences de comportement financier entre les deux sexes. L’éducation financière (perçue ou effective) a également un impact important. Une femme sur trois s’attribuent une note d’échec lorsqu’elle évalue ses connaissances en matière financières. Pour les hommes, ce chiffre n’est que d’un sur cinq (18%).  

« Ces différents éléments aident à expliquer pourquoi les femmes ont tendance à moins investir que les hommes. Mais cela conduit à un handicap important pour les femmes à l’heure de leur pension. En effet, les femmes ont une espérance de vie plus élevée (83 ans) que les hommes (78 ans) en Belgique. Cela signifie que leurs besoins en matière de planification doivent souvent couvrir un horizon temporel plus long. Dès lors, dans le but d’augmenter le confort financier de chacun à l’heure de la pension, l’ensemble de la société gagnerait probablement à ce que l’investissement soit davantage considéré par les femmes. Cela passe probablement par une diffusion accrue de l’information sur l’investissement auprès des femmes. La littérature montre en effet qu’une meilleure connaissance des concepts financiers est un des éléments qui permettrait aux femmes d’investir davantage.»

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