Le fabricant de métiers à tisser Picanol est presque à l’arrêt suite à une cyberattaque de type rançongiciel. Il s’agit de pirates qui s’introduisent dans les systèmes informatiques d’une entreprise et demandent une ‘rançon’ pour débloquer les systèmes. La cybersécurité devient une tendance extrêmement importante connaissant même une croissance exponentielle, affirme le gestionnaire de portefeuille Siddy Jobe d’Econopolis qui, avec Marc Langeveld, gère un fonds spécialisé investissant dans des développements technologiques à croissance rapide dans différents domaines.
IO : Comment le marché de la cybersécurité a-t-il évolué ces dernières années ?
Jobe : « La cybersécurité est depuis des années un jeu du chat et de la souris pour les départements IT des entreprises. Dans le passé, les équipes de sécurité ne pouvaient compter que sur l’achat de solutions pour définir un périmètre avec un centre de données centralisé contenant différents appareils. La cybersécurité était généralement considérée comme un poste de coûts, et les violations ne donnaient lieu qu’à des amendes minimales et ne causaient pas autant de problèmes. La plupart des solutions de cybersécurité étaient des solutions réactives basées sur les possibilités d’attaque passées. Aujourd’hui, avec l’essor du cloud computing, des applications SaaS et des personnes pouvant travailler depuis n’importe où sur le réseau de l’entreprise, les hackers malveillants ont aussi de plus en plus d’opportunités. Il ne faut pas oublier non plus qu’avec la mise en œuvre du Règlement général sur la protection des données, destiné à protéger les données à caractère personnel et la vie privée, les amendes associées aux infractions s’élèvent à un pourcentage des revenus des entreprises. Celles-ci vont maintenant acheter les produits de cybersécurité les plus récents (aussi bien tangibles que virtuels) ainsi que des logiciels destinés à contenir les menaces les plus connues. Je suis convaincu que la cybersécurité est devenue un élément stratégique de la stratégie des entreprises. »
IO : Est-ce également lié à l’augmentation des données ?
Jobe : « Absolument. Nous créons de plus en plus de données, et il faut également savoir que pas moins de 90 % de toutes les données ont été générées au cours de la dernière année. Dans le futur, ce processus de création de données ne fera que s’accélérer. Cela est bien évidemment dû à l’amélioration de la puissance de calcul : des ordinateurs toujours plus rapides et plus performants ainsi que davantage de capteurs et de caméras ne cessent de venir s’ajouter. L’arrivée imminente de la 5G et le trafic de données mobiles ultra-rapide vont encore accentuer cette tendance, qui atteindra des niveaux exponentiels.
IO : Comment gérez-vous ce thème dans le fonds ?
Jobe : « Si nous regardons la pondération de ce thème dans notre fonds, nous constatons qu’il représente tout de même près de 10 % du portefeuille. Il s’agit donc assurément d’un thème important. Fortinet, Palo Alto Networks et Check Point Software sont certaines des entreprises que nous suivons.
De plus, il y a énormément de nouveaux acteurs de la cybersécurité venus d’une autre branche du secteur des logiciels. Nous pensons par exemple à Elastic ou New Relic, qui axent de plus en plus leurs activités sur la cybersécurité. Elastic est un moteur de recherche pour les entreprises, qui s’est ensuite consacré à la gestion de toutes sortes d’applications métier (qui fait quoi, et quand, avec vos applications métier). C’est ainsi qu’on évolue vers la sécurité.
IO : Comment ce secteur va-t-il poursuivre son évolution ?
Jobe : « Eh bien, si je puis me baser sur un rapport de Morgan Stanley, qui a interrogé plus de soixante Chief Security Officers d’importantes entreprises concernant leurs dépenses de sécurité prévues dans les années à venir, ce secteur se trouve sur une trajectoire de croissance importante.
Avec l’essor rapide du cloud, le nombre croissant de menaces et les exigences de conformité de plus en plus strictes, les investissements augmentent fortement. L’enquête indique une croissance attendue d’environ 6 % des dépenses de sécurité en 2019. Nous attendons maintenant le chiffre final. La croissance composée attendue au cours des trois prochaines années est d’environ 9 %.