Depuis l’issue du référendum sur le Brexit, les actions britanniques accusent un net retard sur le marché européen dans son ensemble. Elles sont devenues bien plus abordables, mais les gérants de fonds n’ont pas pour autant étoffé leurs positions.
Dans le top 5 de cette semaine, Ronald van Genderen, analyste chez Morningstar, explique que « le 23 juin 2016 marque le début d’une saga qui se poursuit toujours, puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, aucun accord n’a encore été trouvé entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sur les conditions du départ britannique. Pour la troisième fois en quatre ans, les électeurs britanniques sont invités à se rendre aux urnes pour choisir un nouveau gouvernement.
En 2016, l’issue du référendum avait provoqué une véritable onde de choc sur les marchés financiers. En quelques jours, les actions britanniques (à l’aune de l’indice FTSE All-Share en euros) avaient abandonné près de 15 %. Bien sûr, d’autres marchés européens avaient aussi reculé, mais les pertes outre-Manche ont été nettement plus marquées - même si le redressement a été rapide, tant au Royaume-Uni qu’en Europe. »
Un Brexit quasi indolore pour les indices européens
Selon Morningstar, le Brexit n’a que peu entamé le sentiment sur les places européennes. Entre juin 2016 et fin octobre 2019, le rendement annuel moyen du MSCI Europe était de 7,61 %.
Certes, les actions britanniques se sont remises du choc initial et ont aussi terminé la période dans le vert, mais leur rendement annuel moyen, à 5,30 %, est nettement inférieur à celui du marché européen dans son ensemble. Notons que la dépréciation de la livre britannique joue ici un rôle, puisqu’en devises locales, le différentiel de performance est bien moindre.
Ces rendements disparates ont aussi eu un impact sur la valorisation des deux marchés. En termes historiques, les actions britanniques affichent une valorisation assez similaire à celle des actions européennes. Fin mai 2016, le rapport cours-bénéfice s’établissait ainsi à 16,4 pour le FTSE All-Share et à 16,3 pour le MSCI Europe.
Des valorisations qui divergent
Mais ces dernières années, les valorisations divergent de plus en plus : le rapport cours-bénéfice de l’indice européen est de 15, contre 13 pour la Bourse britannique. Cette différence s’explique notamment par la répartition sectorielle, dans la mesure où le FTSE All-Share est plus exposé aux matières premières et à l’énergie, deux secteurs peu en verve. À l’inverse, les actions de sociétés liées à la consommation pèsent plus lourd dans l’indice MSCI Europe.
Mais, alors que les actions britanniques sont moins chères que leurs homologues européennes, les gérants ne semblent pas pressés d’y investir. Au contraire même : fin septembre, au sein de la catégorie Morningstar des actions européennes de grandes capitalisations mixtes, les valeurs britanniques étaient sous-représentées. Elles pesaient environ 25,3 % du MSCI Europe, tandis que les fonds, d’une manière générale, comptaient 22,7 % de titres britanniques.
Cette sous-exposition n’est pas nouvelle : on la constatait déjà avant le référendum sur le Brexit. Il est toutefois intéressant de voir que malgré la faible valorisation des actions britanniques, les gérants la maintiennent, parce qu’ils sont convaincus qu’ellereflète le risque accru de ces titres.
Le top 5
Le top 5 de la semaine est consacré aux fonds de la catégorie Morningstar des actions européennes de grandes capitalisations mixtes les plus exposées au Royaume-Uni (proposant au moins une catégorie d’actions sans commission de distribution aux Pays-Bas).
L’équipe de gestion la plus optimiste est celle de l’UBS (Lux) KSS European European Equity Value Opportunity, un fonds piloté par Kevin Barker, Guy Walker et Steven Magill, qui surreprésente nettement les actions britanniques. Au sein de l’univers des actions européennes, le trio cherche les titres affichant la valorisation la plus attrayante par rapport à leur valeur réelle à long terme : par exemple BP, Barclays, GlaxoSmithKline, Tesco ou British American Tobacco, qui figurent parmi les dix positions de tête du fonds.
La troisième place revient au Fidelity European Growth, un fonds assorti d’une notation Morningstar Analyst Rating Bronze et géré par le très expérimenté Matt Siddle, qui met l’accent sur les entreprises de qualité affichant une valorisation séduisante. Ici aussi, cela se traduit par une surpondération des actions britanniques, même si cette dernière est moins forte que la moyenne des trois dernières années. Royal Dutch Shell, BP, Prudential, British American Tobacco et Barclays comptent ainsi parmi les plus importantes expositions du fonds.