La mobilité est de retour sur les marchés financiers. Les contraintes budgétaires en Italie poussent les investisseurs vers les obligations d’État : ils se détournent des titres d’État sud‑européens au profit des obligations d’Europe du Nord, plus sûres.
Cette semaine, nous mettons en lumière le top 5 des fonds d’investissement en obligations d’État européennes. En matière de performance, on note clairement une différence de rendement entre les obligations d’État de l’Europe du Sud et du Nord.
À présent que la mobilité est de retour sur les marchés financiers, Morningstar a examiné ce que dissimulaient ces éléments changeants qu’on y trouvait. Pour ce faire, le comparateur de fonds s’est intéressé au fameux « coût de renoncement », c’est-à-dire les coûts liés à une décision prise par un investisseur entre plusieurs alternatives en mouvement. Jeroen Siecker, analyste de recherche, précise : « Existe-t-il des alternatives offrant un meilleur rendement que le placement actuellement réalisé par l’investisseur ? Et est-ce dû au fait que son investissement a perdu de son attrait, ou plutôt que d’autres investissements sont devenus plus intéressants ? »
Il prend l’exemple d’un investissement dans l’immobilier qui offre annuellement un rendement plus faible qu’une obligation d’État. « L’investisseur reconsidèrera alors son investissement immobilier, ce qui pourra avoir comme conséquence une baisse des prix pour l’immobilier. » Cette baisse sera causée par le changement de cap des investisseurs, qui favoriseront la sécurité des titres d’État, ceux-ci offrant un rendement supérieur pour un risque moindre. Selon Siecker, c’est l’une des raisons pour lesquelles les prix de l’immobilier sont actuellement en baisse aux États‑Unis.
Apple
Et ceci n’est qu’un élément changeant parmi d’autres. Prenez par exemple la communication d’Apple, l’entreprise la plus forte au monde en termes de capitalisation boursière, qui a arrêté de publier le nombre de téléphones et autres appareils vendus dans ses rapports annuels : cela a un impact. Siecker le confirme : « Non seulement sur l’entreprise elle‑même, mais peut-être même encore davantage sur ses sous‑traitants, qui pourraient recevoir moins de demandes pour des pièces. C’est la raison pour laquelle le secteur des semi-conducteurs subit actuellement une pression considérable. »
Concernant les obligations d’État, tous les regards sont actuellement tournés vers les événements italiens. La troisième plus grande économie d’Europe a décidé de dépenser encore plus d’argent, alors que sa dette publique est déjà énorme : là encore, cela a un impact. Siecker cite comme cause les « composantes en mouvement » sur lesquelles est bâti le taux d’intérêt nominal. « Un investisseur en obligations d’État attendra une rétribution plus conséquente pour son investissement si l’État en question entend dépenser plus d’argent. Si le gouvernement franchit ce pas, la quantité d’argent ou la vitesse de circulation de l’argent augmenteront, ce qui pourra faire grimper l’inflation. Il s’exposera en outre à un risque de défaut de paiement. »
Italie
Lorsque la dette d’un pays est aussi importante que la dette italienne, il existe en outre un risque de contamination qui n’est pas sans conséquence pour les titres de dettes des entreprises et gouvernements. « Dans ce cas, une prime de risque plus élevée sera calculée, et les investisseurs frileux vendront bien souvent leurs investissements à risque pour se rabattre sur un investissement sûr. »
Dans la pratique, selon les analystes de fonds, les obligations d’État des pays périphériques seront vendues et les investisseurs frileux se tourneront vers plus de sécurité en matière de titres d’État – par exemple, dans le nord de l’Europe. « On constate une réaction excessive, car les investisseurs regardent le rendement de l’option non choisie la plus lucrative et le comparent au rendement de l’option qu’ils ont choisie : le fameux coût de renoncement. »
Les composantes mouvantes sur lesquelles est bâti le taux d’intérêt nominal pourront alors temporairement s’écarter des fondamentaux si une pression à la vente plus forte est exercée. « Les investisseurs prêts à prendre des risques peuvent se tourner vers les catégories d’actifs les plus à risque si les fondamentaux ne correspondent pas aux évaluations. Cette mobilité des marchés financiers finira par diminuer. »
Top 5
Pour le Top 5 de cette semaine, les analystes de Morningstar se sont intéressés à la catégorie Morningstar ‘Euro Government Bonds’. Les gestionnaires de fonds qui ont sous-pondéré l’Italie et autres pays limitrophes et surpondérés les pays nordiques obtiendront, selon le comparateur, de meilleurs rendements.
Rendements jusqu’en octobre inclus en pourcentage et annualisés
Fonds |
Total return YTD |
Total return 3 jr |
DPAM INVEST B Bonds Eur IG |
0,52 |
1,76 |
AEAM Government Related Investment |
0,39 |
|
BNP Paribas Obil Etat Privilege C |
0,27 |
|
Amonis Government Bonds Euro Insti |
0,13 |
0,24 |
BNP Paribas Obi Etat Classic D |
-0,13 |
0,68 |
Source: Morningstar
Cet article est le fruit d’une collaboration entre Investment Officer et Morningstar et se base sur des données de l’analyste de fonds. Nous précisons explicitement que ce qui précède ne vise pas à suggérer d’effectuer la moindre transaction.