Quels sont vraiment les moteurs les plus importants de la transition vers une société plus durable ? C’est la question que se posent les gestionnaires de portefeuille de Triodos Investment Managers pour leurs choix d’investissement, avec pour résultat une politique d’investissement renforcée pour ce qui concerne l’offre ISR du gestionnaire. Environ vingt pour cent des entreprises du portefeuille ne satisfont ainsi plus aux nouveaux critères plus stricts.
Les investissements concernés sont ceux dans des entreprises cotées en bourse, environ la moitié des actifs sous gestion de Triodos IM. Rien ne change dans la politique d’investissement pour ce qui concerne les fonds d’impact, comme le précise Dick van Ommeren, managing director de Triodos IM, lors d’un entretien avec Investment Officer.
« La plupart des gestionnaires d’actifs fonctionnent selon une approche ‘best-in-class’ : les meilleures entreprises de certains secteurs sont sélectionnées. Dans la pratique, cela signifie souvent que même les entreprises qui ne contribuent pas au développement durable vont avoir leur place dans un portefeuille. Pour nous, cela est insuffisant. »
Les ODD comme fil conducteur
Le gestionnaire de fonds a déterminé sept thèmes en matière de transition durable à l’aide desquels les gestionnaires de portefeuille analysent les entreprises : des personnes en bonne santé, une société inclusive, une agriculture et une alimentation durables, une mobilité et des infrastructures durables, de l’innovation en matière de durabilité, une économie circulaire et des ressources renouvelables. Ces thèmes recoupent partiellement les objectifs des Nations Unies en matière de développement durable.
« Ces thèmes de transition durable font partie d’une vision holistique de la durabilité. Une entreprise doit contribuer visiblement à l’un ou plusieurs des thèmes que nous avons définis. C’est dans cette optique que nous appréhendons le monde et que nous voulons avancer vers un monde plus durable. »
Des pneus durables
Pour ces raisons, Triodos IM a notamment quitté sa position dans l’entreprise de télécommunications Liberty Global – qui ne contribue pas négativement, mais pas non plus positivement à un monde plus durable – et ajouté, entre autres, le fabricant de pneus japonais Bridgestone à son portefeuille.
Van Ommeren : « Les pneus, cela n’a, à première vue, rien de durable. Mais la R&D bien définie de cette entreprise a clairement pour objectif de réduire de vingt à trente pour cent la consommation de carburant. Elle contribue donc positivement, par ses innovations, à une mobilité plus durable. »
À l’instar d’autres acteurs, Triodos IM applique bien toujours divers critères d’exclusion ; les énergies fossiles et le tabac en sont des exemples. Par ailleurs, la gestion classique de portefeuille reste la base de la composition de produits, affirme van Ommeren.
« Il existe toujours des fonds durables qui investissent dans les énergies fossiles, mais nous n’y plaçons pas le moindre euro. Dans le même temps, le portefeuille doit être suffisamment diversifié pour pouvoir gérer les risques. Nous continuons bien sûr à procéder ainsi. »
Philosophie d’entreprise
Selon Van Ommeren, cette vision renforcée de la durabilité ne doit pas être dissociée de l’analyse financière classique d’entreprises ; c’est la raison pour laquelle, au mois d’avril, le gestionnaire a également développé en interne la gestion financière de fonds de ses actions cotées en bourses et fonds d’obligation durables. Il a confié cette tâche à l’époque à Delta Lloyd Asset Management qui, sur la base de la sélection durable de Triodos IM, a constitué le portefeuille effectif, explique van Ommeren.
« La durabilité et la santé financière doivent faire partie intégrante de la gestion d’une entreprise. Si vous exigez cela des entreprises, il est on ne peut plus logique que vous suiviez vous-même cette philosophie. »