Roderick van Zuylen
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Roderick van Zuylen est prêt. Le 1er janvier, l’ex-gestionnaire de portefeuille de Van Lanschot Kempen a lancé son propre fonds d’investissement aux États-Unis, Night Watch Investment Management. « Je voulais un nom qui fasse référence à mes origines néerlandaises, mais Dike Capital et Tulip Invest ont été écartés pour des raisons évidentes. »

Le lendemain de Noël, à huit heures et demie du matin, Roderick van Zuylen, gestionnaire de portefeuille et triathlète de 36 ans originaire de Capelle aan den IJssel, vient tout juste d’achever sa séance d’entraînement dans la piscine extérieure lorsqu’il commence son entretien avec Investment Officer.

En septembre, Roderick van Zuylen a quitté les Pays-Bas pour Palm Beach Gardens, à une heure et demie au nord de Miami, en Floride. Sa femme, une Américaine, a été invitée par son employeur à retourner aux États-Unis après avoir vécu huit ans aux Pays-Bas. Roderick Van Zuylen a vu là une opportunité. 

Il a démissionné de chez Van Lanschot Kempen, acheté une maison aux États-Unis et lancé ce mois-ci son propre fonds d’investissement américain, Night Watch Investment Management. Il est aidé par son ex-collègue Martijn Kleinbussink, qui travaille comme gestionnaire de portefeuille dans un family office basé à Amsterdam. 

« Mon épouse vient d’une famille qui a davantage l’esprit d’entreprise. Il y a deux ans, ils m’ont dit que je devais « prendre un peu de risque dans ma vie ». Je pensais qu’en tant qu’investisseur, c’était exactement ce que je faisais », explique Roderick van Zuylen. Il a pris ce conseil à cœur et investi tous ses avoirs dans la nouvelle entreprise.

Deux pays bien différents

Bien que la référence au tableau du XVIIe siècle de Rembrandt van Rijn et l’aquarelle représentant un moulin à vent typiquement néerlandais sur le site web du fonds trahissent une certaine fierté nationale, Roderick van Zuylen n’est pas particulièrement attaché aux Pays-Bas. Avant d’apprendre le métier d’investisseur dans son pays, chez Laaken Asset Management et Optimix Vermogensbeheer, il avait vécu à Singapour, à Londres, en Chine, en Espagne, en France et en Suède. 

Selon le gérant, apprendre à connaître différents pays - et leurs différences - constitue l’une des conditions les plus importantes pour devenir un bon investisseur. Reste à voir si les investisseurs américains - connus pour leur fameux home bias – y seront sensibles, mais Roderick van Zuylen, qui peut compter sur un réseau de parents et d’amis en tant que clients potentiels, reste optimiste.

« Les Américains ont pour habitude d’investir localement, mais il y a de la marge pour proposer quelque chose de différent. Des arguments de taille plaident en faveur d’une surperformance des actions américaines sur le long terme, mais la plupart, ici, investissent dans les mêmes noms chez trois gestionnaires de patrimoine distincts. Notre offre se distingue par un portefeuille mondial composé de noms inconnus », explique Roderick van Zuylen, qui facture aux participants des frais de gestion de 1 % et une commission de performance de 10 % pour ses services. 

Le fonds cible deux groupes spécifiques d’investisseurs : les particuliers très fortunés et les family offices ou autres gestionnaires de patrimoine. Roderick van Zuylen souligne que les super-riches investissent généralement de petites sommes pendant une courte durée, ce qui les rend plus faciles à convaincre. Il reconnaît cependant que l’établissement d’une relation avec un family office ou un gestionnaire de patrimoine en tant que client est un processus de longue haleine. Actuellement, Roderick van Zuylen est en pourparlers avec un family office dans l’État du Colorado.

Structure

Aux Pays-Bas, un fonds d’investissement est souvent un Fonds voor Gemene Rekening (FGR, fonds commun de placement), ou bien une fondation. Night Watch, en revanche, utilise la structure américaine typique à deux entités : un Limited Partnership avec un General Partner. Le fonds est enregistré dans l’État du Delaware, où les règles fiscales sont favorables aux entrepreneurs.

« De plus, pour créer un fonds aux États-Unis, vous avez besoin d’un document juridique qui est fourni aux investisseurs potentiels lors de la vente d’actions ou d’autres titres dans une entreprise, appelé private placement memorandum. Un autre document obligatoire est l’accord entre les limited partners, ou les participants au fonds, et le management, la general company », explique Roderick Van Zuylen.

« Avec le temps, la plupart des gestionnaires de fonds américains établissent un fonds offshore, souvent une société dans les îles Caïmans ou les îles Vierges britanniques. Mais ils doivent notamment nommer deux administrateurs indépendants, ce qui augmente considérablement les coûts. »

Redneck Riviera 

Roderick van Zuylen ne fait pas mystère de ses investissements. La plus grande position de son portefeuille est St. Joe, le plus grand propriétaire foncier de la Panhandle de Floride, juste au sud de l’Alabama. « Personne ne connaît cette société parce qu’elle n’a pas de couverture sell-side. »

Le président détient 40 % de l’entreprise, et la région située entre Panama City Beach et Destin, connue sous le nom de « Redneck Riviera » aux mains de St. Joe. Au cours des quatre dernières années, l’entreprise a atteint une masse critique, c’est-à-dire suffisamment d’activités commerciales et un nombre suffisant de résidents. St. Joe possède toutes les maisons, tous les hôtels, l’unique club et la majorité des restaurants de la région. « Cela va financer ma pension et, je l’espère, celle de mes clients », déclare Roderick van Zuylen. 

La deuxième position du portefeuille, Brunswick Corp., est également un symbole de la Floride. Avec Yamaha, l’entreprise forme un duopole sur le marché des moteurs hors-bord. Les taux d’intérêt élevés ont chassé la plupart des biens de consommation des portefeuilles, mais Brunswick a résisté grâce à sa part de marché croissante. Les Américains veulent des moteurs toujours plus chers et toujours plus rapides. « Beaucoup de gens s’installent en Floride et là-bas, personne, à part moi, ne vit sans bateau », explique Roderick van Zuylen. 

Tandis que Roderick van Zuylen poursuit son rêve américain, il n’exclut pas complètement son marché d’origine. « J’aimerais aussi créer un fonds aux Pays-Bas, déclare-t-il. Cependant, les réglementations complexes, y compris les notations ESG obligatoires des fonds, ainsi que la forte pression fiscale qui pèse sur les personnes fortunées compliquent considérablement la création d’un fonds aux Pays-Bas. »

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