Le dernier Observatoire de l’épargne de CBC Banque montre que les épargnants belges ont rarement été aussi frileux, et négligent les risques liés à un manque de diversification dans leur épargne. Le besoin de conseils professionnels n’a jamais été aussi important.
CBC Banque et Assurances vient de publier la nouvelle édition de son Observatoire de l’épargne, une enquête réalisée auprès de 1.042 belges âgés de 18 à 70 ans durant le mois de juillet 2020. Cette étude a confirmé le regain d’intérêt pour le compte d’épargne durant la crise du coronavirus. Les dernières statistiques publiées par la Banque Nationale de Belgique ont d’ailleurs confirmé cette tendance, avec des encours sur les comptes d’épargne qui ont atteint un record historique à 291 milliards, en progression de 10 milliards d’euros par rapport à la fin mars.
Polarisation
Xavier Falla (directeur général de la banque privée chez CBC Banque) constate tout d’abord que le pourcentage de Belges en mesure d’épargner s’est réduit par rapport à l’année dernière, de 74% vers 67%, ce qui dénote qu’une partie non négligeable de la population a été touchée par la crise sanitaire.
« Dans le même temps, nous avons également assisté à une forte hausse du pourcentage de personnes qui mettent de côté plus de 200 euros par mois (de 37 vers 45% des épargnants interrogés), et parallèlement un recul de ceux qui épargnent moins de 50 euros par mois, ce qui confirme une certaine polarisation dans le paysage ».
Enfin, les jeunes sont également plus nombreux à épargner, et sont près de 50% à mettre de côté plus de 200 euros par mois. « Malgré le cataclysme économique, le Belge a continué de déposer de l’argent sur son compte d’épargne et il n’envisage pas de modifier sa politique d’investissement ». Pour leurs placements, les Belges continuent de privilégier majoritairement le compte d’épargne (86%), suivi de l’épargne-pension (39%) et des investissements (25%).
Pouvoir d’achat
Cette étude confirme que l’investisseur belge reste extrêmement frileux et préfère ne pas prendre de risques sur les marchés financiers, au risque de voir son patrimoine grignoter lentement par l’inflation. « Il continue d’avoir beaucoup de difficultés pour passer au stade d’un investissement économique rentable », confirme Xavier Falla.
« Une majorité des jeunes sont également plus inquiets et épargnent davantage qu’auparavant. Ce comportement qui est en partie à mettre en relation avec le renforcement des règles pour l’octroi d’un crédit hypothécaire, qui les oblige aujourd’hui à disposer de davantage de fonds propres avant de pouvoir envisager l’achat de leur maison ».
De manière plus inquiétante, un belge sur deux n’a en outre pas de durée précise sur son épargne et se montre incapable de se projeter sur le long terme, ce qui entraîne un risque démesuré pour le patrimoine. D’autant qu’une très large majorité (70%) continue de se reposer en grande partie sur la pension légale, dans un contexte qui sera négatif sur la capacité de maintenir leur train de vie futur.
Pouvoir d’achat
Marie Lambert (Professeure de Finances chez HEC Liège) constate que ces chiffres rappellent que la structure du marché européen de l’épargne reste très différente du marché américain. « Il y a comparativement moins d’épargnants qui se font aider par un gestionnaire professionnel en dépit qu’ils estiment majoritairement (7 sur 10) se préparer pour leur pension. L’augmentation des comptes d’épargne est plus structurel, avec des épargnants qui augmentent sensiblement leur allocation vers ces produits sans horizon, ce qui est particulièrement vrai pour les plus de 55 ans. Il y a aujourd’hui un besoin important de conseil de la part des professionnels et des médias pour les convaincre de changer leur fusil d’épaule » .
La concentration des portefeuilles sur des actifs peu rémunérateurs n’est pas limité au cas belge, cette prépondérance d’investissement dans des produits à taux fixe et à capital garanti étant observée dans la plupart des pays européen. « Si l’horizon est court, il n’est pas conseillé d’investir sur les marchés financiers. Mais si l’horizon est plus long (plus de cinq ans), il est conseillé d’adopter une stratégie plus agressive », souligne encore Marie Lambert. « Une gestion saine de son épargne doit être diversifiée ».