La prévision émise par Marcelo Assalin, responsable emerging markets debt chez NN Investment Partners, selon laquelle cette classe d’actifs livrerait un rendement positif en 2018 s’est avérée incorrecte. Il est toutefois convaincu que 2019 sera bien plus favorable.
« Les hard currency sovereigns n’ont encore jamais livré de rendement négatif en dollars deux années d’affilée », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec Fondsnieuws.
Cette année, les obligations d’État en devise forte des marchés émergents perdent
4 %, en particulier parce que les spreads ont grimpé de 280 à 400 points de base. Cette augmentation est bien entendu totalement liée au dollar fort et aux hausses des taux de la Fed.
« Au début de cette année, nous pensions encore que la politique de la Fed n’entraînerait pas de problèmes majeurs dans les marchés émergents. Nous nous attendions à ce que le rendement ne grimpe pas plus et à ce que les spreads restent stables, mais nous nous trompions clairement », explique Marcelo Assalin.
« La combinaison de rendements haussiers et du dollar fort constitue bien entendu un problème pour les entreprises et gouvernements dont les dettes sont libellées en dollars, ce qui a généré une nette augmentation des spreads. »
Ce phénomène a eu des conséquences plutôt dramatiques pour les rendements de cette classe d’actifs, de même que pour le fonds Emerging Markets Debt Opportunities. Avec une performance year-to-date de -7,55 %, le rendement positif de 7,11 % livré par le fonds en 2017 est largement effacé. Avec un rendement YTD de
-5,9 %, la performance de l’indice de référence composé du fonds est un peu moins médiocre.
Prise en considération des devises locales
« Notre sous-performance provient de notre pondération tactique en devises locales la majeure partie de l’année. Cette catégorie a livré des résultats encore pires que ceux des hard currency cette année », poursuit Marcelo Assalin.
Les performances décevantes de l’EMD signifient néanmoins que les absolute yields n’ont pas été attrayant sur la durée. ING conseille dès lors l’achat du fonds NN Emerging Markets Debt Opportunities pour 2019. « Le rendement moyen des obligations de ce fonds s’élève à un peu moins de 8 %. C’est selon nous un tampon optimal pour des primes de risques, qui vont quelque peu continuer à grimper, et des rendements légèrement supérieurs sur les obligations d’État américaines », expliquait Simon Wiersma d’ING Investment Office ce mois-ci à Fondsnieuws.
Le sentiment de morosité est un cadeau pour les investisseurs
Ces rendements élevés signifient cependant aussi que la classe d’actifs génère un sentiment de morosité. Les marchés émergents ont assisté à des sorties massives en 2018 et ce, alors que de nombreuses émissions en obligations sont prévues au premier trimestre de l’année, en particulier en dettes souveraines. « Il est question ces derniers temps d’une volatilité et d’une incertitude importantes et d’un risque que la demande soit trop faible pour pouvoir absorber ces nouvelles émissions d’obligations. Les spreads à court terme peuvent donc encore augmenter », poursuit Marcelo Assalin.
Par consequent, “things may get worse before they get better”. Marcelo Assalin se dit toutefois plus confiant à moyen terme. « Pour inverser la vapeur, les marchés émergents ont besoin de nouvelles entrées nettes et d’émissions moindres de dettes. Pour ces dernières, ce sera le cas à partir du deuxième trimestre et à moyen terme, je pense que le niveau de prix actuel de l’EMD constitue réellement un cadeau pour les investisseurs. »
Selon Marcelo Assalin, la plupart des économies de marchés émergents se portent très bien. « Les crises qui touchent ces marchés peuvent avoir trois causes : un déficit sur la balance des paiements, des dettes publiques élevées ou des problèmes au sein du secteur bancaire. « Lorsque le sell-off a commencé au printemps, nous avons analysé la situation avec l’équipe, mais nous n’avons pas trouvé de risques systémiques susceptibles de justifier de telles augmentations des spreads. Le danger de contamination par l’Argentine et la Turquie est limité. »
Cela ne vaut pas pour la Chine, qui représente un partenaire commercial dominant pour la plupart des marchés émergents. Une escalade de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis constitue d’ailleurs également un risque pour l’EMD.
À ce niveau, la décision des États-Unis de reporter de trois mois les hausses de tarif pour laisser une chance aux négociations apporte une lueur d’espoir, estime Marcelo Assalin. « C’est la raison pour laquelle je pensais que la chance de parvenir à un accord était nulle. Cette probabilité me paraît toujours faible, car le conflit est loin de porter uniquement sur le commerce, mais je suis plus positif à présent. »
Titres de dettes en devise forte
Marcelo Assalin émet pour l’instant une préférence pour les obligations d’État hard currency, à savoir dans les marchés frontières.
« La classe d’actifs high yield présente un high carry, une durée relativement courte et un faible risque de défaillance. »
Au sein des marchés frontières, le Brésilien est séduit par les obligations d’État africaines. « Les pays africains ont un marché intérieur trop réduit pour pouvoir émettre en devise locale et ils le font donc généralement en dollars. Les risques dans ces pays sont souvent surestimés par les investisseurs. Parmi les dix pays sub-sahariens de l’indice, huit connaîtront une croissance de plus de 5 % par an au cours des cinq prochaines années. Le risque de défaillance est également faible en raison de l’implication du FMI et souvent aussi de la Chine. »
Et les devises locales ? Marcelo Assalin est persuadé qu’elles sont oversold et attend que l’occasion se présente de restaurer son approche. « Il est toujours très fastidieux de chronométrer le marché en ce sens. » C’est ce qui s’est avéré l’an dernier, avec la brusque chute libre des devises locales, une fois de plus en effet.