Martyn Hole (Capital Group) souligne que les résultats des entreprises restent le principal facteur qui soutien la valorisation d’une action sur le long terme. Il apprécie actuellement les groupes miniers et les spécialistes du cloud.
« Nos économistes estiment que le risque d’avoir une récession aux Etats-Unis durant les 12 à 18 prochains mois s’élève désormais à environ 50%. Dans la plupart des grandes régions, les banques centrales se sont laissées dépasser par l’inflation, et doivent désormais adopter des politiques qui vont impacter la croissance économique à moyen terme », souligne Martyn Hole (Investment Director chez Capital Group), avec un taux directeur qui pourrait atteindre 4% durant les prochains trimestres aux Etats-Unis.
Il reconnait toutefois que la hausse de l’inflation a été causée par l’explosion des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, et que les banques centrales ont relativement peu de contrôle sur ces facteurs. « Cette hausse des prix est toutefois en train d’impacter la hausse des salaires, et elles peuvent plus directement agir sur cette composante, au risque toutefois de casser la dynamique économique ».
Attentes bénéficiaires
« Nous n’avons pas encore vraiment vu de baisse sensible au niveau des attentes bénéficiaires. Certains indicateurs semblent toutefois indiquer une réduction sensible des attentes bénéficiaires pour les 12 prochains mois de l’ordre de 10%, alors que le marché s’attend encore à une progression ». Martyn Hole pointe toutefois que les valorisations boursières ont déjà anticipé en partie cette baisse, et ont fortement reculé depuis les sommets atteints l’année passée.
« Les marchés ont réagi très violemment envers les entreprises qui ont fait des alertes sur leurs résultats », comme par exemple pour Netflix qui a été très lourdement sanctionné alors que nous pensons que la croissance du résultat devrait rester soutenue durant les prochaines années. « Dans certains segments, même en prenant compte une correction à venir de 10% sur les résultats, les valorisations sont redevenues raisonnablement attractives ».
Il reste toutefois encore prudent en raison du risque d’un ajustement brutal des attentes bénéficiaires durant les prochains mois, qui pourrait entraîner une nouvelle correction de 10 à 15% sur les marchés boursiers. « Nous avons conservé davantage de liquidités dans nos grands fonds actions par rapport au niveau que nous aurions habituellement », indique encore Martyn Hole.
Positionnement
Dans ce contexte où l’inflation est appelée à rester élevée durant les prochains mois, il estime que les investisseurs doivent privilégier les secteurs et les entreprises qui ont démontré qu’ils étaient en mesure de traverser sans encombre les phases économiques plus difficiles. Au niveau géographique, Martyn Hole souligne que les valorisations doivent aujourd’hui favoriser les actions européennes, plus particulièrement au niveau des petites et moyennes capitalisations.
« Au niveau sectoriel, nous apprécions les perspectives offertes par les groupes miniers, notamment ceux qui sont exposés sur les métaux qui vont être fortement demandés dans le cadre de la transition climatique, comme le cuivre. Certains de ces groupes affichent des décotes très importantes, de sorte qu’ils restent aujourd’hui très prudents dans les investissements qu’ils acceptent de lancer ». Avec pour conséquence des cours qui devraient rester élevés pour certains de ces métaux.
Fondamentaux
« J’ai remarqué au cours de ma longue carrière que si les investisseurs ont parfois tendance à être trop optimiste à court terme, ils ont également tendance à sous-estimer les perspectives de croissance d’une entreprise sur le long terme. Or, sur le long terme, le principal facteur qui soutien le cours d’une action, ce sont les fondamentaux et la croissance des résultats qui vont déterminer la valeur futur d’une société ».
« La faiblesse des perspectives bénéficiaires explique pourquoi les actions européennes et émergentes n’ont pas pu rivaliser avec les sociétés américaines durant les dix dernières années ». Parmi les opportunités actuellement, Martyn Hole pointe notamment le cas de Tesla ou les entreprises actives sur le déploiement du cloud comme Microsoft. « Le secteur des semi-conducteurs devrait également profiter de ces développements, notamment un groupe comme TSMC ».