« Ho, ho! » s’exclamait Han Dieperink la semaine dernière tandis que, lors d’un débat d’investisseurs chez Robeco, les autres participants exprimaient leur vision clairement négative sur les obligations d’État. « Si tout le monde est négatif à ce point, les obligations peuvent précisément s’avérer intéressantes », déclarait le chief investment officer de Rabobank.
Han Dieperink (photo) précise son point de vue dans un article paru cette semaine. Selon lui, les marchés obligataires se sont réveillés lorsque le taux d’intérêt des obligations d’État américaines à 2 ans a dépassé le niveau de 2% pour la première fois depuis la chute de Lehman Brothers. Un phénomène principalement dû à la baisse d’intérêt asiatique.
« Les obligations constituent une alternative frileuse »
Une étape clé a ainsi été franchie : le remboursement de ces obligations à court terme est à présent supérieur au rendement sur dividende sur le S&P 500, l’indice boursier de référence pour le marché américain. « Une alternative frileuse s’offre donc à nouveau aux investisseurs américains qui trouvent les actions trop onéreuses », écrit le CIO de la banque coopérative néerlandaise.
Il rappelle que les obligations d’État américaines sont également attrayantes pour les investisseurs étrangers, en raison de ce taux d’intérêt relativement élevé. L’évolution du taux dépend fortement de la politique des banques centrales et de l’augmentation de l’inflation. Après l’entrée en fonctions du nouveau gouverneur Jay Powell, la Réserve fédérale américaine n’aura pas encore beaucoup de marge de manœuvre, notamment en raison des élections partielles majeures pour le Congrès prévues cet automne.
La Banque centrale européenne et la Banque du Japon ont-elles aussi annoncé qu’elles maintiendront grosso modo leur politique, mais cela pourrait changer si l’inflation connaît une hausse plus soutenue que celle actuellement escomptée. Le cas échéant, cela pourrait engendrer des turbulences sur les marchés et générer une hausse des taux. Le potentiel de croissance du taux d’intérêt américain est limité, étant donné la hausse d’un point de pourcentage déjà enregistrée en un an. Mais en Europe, le taux du marché pourrait continuer à grimper, même si les banques centrales souhaitent bel et bien une hausse de l’inflation, mais beaucoup moins une augmentation des taux d’intérêt, qui réduirait à terme les bénéfices des entreprises et donc la croissance économique.
Candriam : les emprunts publics sont tabous
La société belge de gestion d’actifs Candriam écrit dans un bilan des perspectives du marché qu’elle conserve une opinion négative vis-à-vis des obligations et se tourne par conséquent vers le court terme. Candriam estime que la Fed renforce sa politique et que la pression inflationniste va probablement s’intensifier avec, en effet, une poursuite potentielle de la hausse des taux.
« Nous continuons à diversifier en remplaçant les obligations d’État à faible rendement : nous adoptons une position neutre par rapport aux crédits, car les écarts se sont déjà sensiblement réduits et une hausse potentielle des taux d’intérêt peut faire baisser leur rendement. Nous avons diversifié notre portefeuille avec des obligations liées à l’inflation », déclare Candriam.
Les taux américains, anglais, japonais et allemands à 10 ans ont clôturé respectivement à 2,53, 1,31, 0,07 et 0,58% la semaine passée. La hausse du taux allemand était significative, mais est liée au changement de politique de la BCE qui, à compter de ce mois-ci, réduira de moitié sa politique de rachats, jusqu’à 30 milliards d’euros par mois.
Vendredi dernier, tant l’indice iBoxx Euro Sovereigns que l’indice iBoxx US Treasuries affichaient des rendement ytd négatifs respectifs de 0,18 et 0,69%, tandis que l’iBoxx Euro Corporates et l’iBoxx US Corporates présentaient eux aussi des rendements ytd négatifs : -0,18 et -0,40%.