
Pendant des décennies, investir dans l’industrie de la défense était généralement considéré comme incompatible avec la finance durable. Le contexte géopolitique a toutefois radicalement changé la donne et la protection de la démocratie est devenue une priorité.
La guerre en Ukraine et les changements dans l’équilibre géopolitique au niveau mondial ont poussé les gouvernements européens à augmenter les dépenses consacrées à la défense. Les marchés financiers ont été invités à soutenir cet effort, ce qui constitue un virage à 180 degrés pour les investisseurs soucieux d’investir de manière durable. Est-il possible vraiment de combiner l’effort nécessaire pour renforcer la défense européenne et le respect des principes de durabilité ?
Le rôle des marchés financier dans les investissements en défense
Historiquement, le secteur de la défense était exclu des listes d’achat des investisseurs pour des raisons éthiques, mais aussi par manque d’intérêt. Les événements récents ont toutefois entraîné de nouvelles priorités en matière de défense, et les gouvernements européens, confrontés à des contraintes budgétaires, ont fait appel au secteur privé pour financer ces initiatives. En conséquence, le secteur financier est désormais occupé à lever les restrictions qui limitaient l’investissement dans ce secteur.
En tant que défenseur de longue date de la finance durable, DPAM comprend que des efforts dans le secteur de la défense sont nécessaires pour protéger la démocratie et liberté économique, essentielles pour avoir une économie florissante et financer la transition durable. Augmenter les investissements dans la défense ne doit toutefois pas compromettre les principes de l’investissement durable, car les armes restent, par nature, des instruments de destruction qui peuvent s’opposer à la construction d’un avenir durable.
Durabilité et sécurité sont intrinsèquement liées. La dégradation de l’environnement et la rareté des matières premières alimentent la concurrence pour ces ressources, et constituent une cause fréquente de conflits armés. Un monde plus durable est donc une condition préalable à la paix. Les objectifs pour 2029 de la Commission européenne placent d’ailleurs sur un pied d’égalité défense/sécurité, prospérité durable, démocratie et justice sociale.
Portfolio Day 2025
Florent Griffon will speak at Portfolio Day about “Restoring Europe’s defences: what compatibility with sustainable finance?” Come to Portfolio Day 2025 on Wednesday, June 11 and be inspired. The event is Dutch and English speaking.
Un nouvel environnement pour le secteur de la défense
Jusqu’à récemment, l’exclusion des valeurs de défense était considérée comme une exigence fondamentale pour toute stratégie d’investissement visant un objectif de durabilité sur base de critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance). Le secteur a été historiquement problématique pour diverses raisons. Premièrement, la vente d’armes constitue un risque pour les droits de l’homme. Deuxièmement, cette activité a souvent entraîné par le passé des risques élevés de corruption, qui semblent toutefois aujourd’hui moins élevés. Et troisièmement, la production d’armes est une activité industrielle qui fait également face à des contraintes de durabilité spécifiques.
« Jusqu’il y a quelques mois, seulement une petite minorité de fonds ESG investis en actions détenaient des actions du secteur de la défense », souligne Florent Griffon (Spécialiste ISR chez DPAM). « Ce n’est que très récemment qu’ils ont vraiment commencé à s’exposer très modestement et prudemment sur les valeurs de la défense ». Cette évolution très graduelle et limitée suggère que les gestionnaires durables restent encore largement réticents pour augmenter leur exposition vers la défense. « A l’heure actuelle, ce sont clairement les fonds plus généralistes qui sont les mieux placés pour augmenter leur soutien ».
Limites éthiques : armes conventionnelles et non conventionnelles
Pour clarifier, les discussions sur l’investissement dans la défense portent exclusivement sur les armes conventionnelles. Dans la plupart des pays européens, les législations en place interdisent d’investir dans les armes non conventionnelles, comme les mines antipersonnel, les armes à sous-munitions ou les munitions à l’uranium appauvri. Ces interdictions sont également renforcées par l’obligation de respecter les traités internationaux qui interdisent le recours à de tels armements.
Compte tenu du climat géopolitique actuel, l’augmentation des investissements dans l’industrie de la défense par des fonds durables ayant des règles ESG plus souples concerne donc exclusivement des opportunités dans les armes conventionnelles, à condition que ces sociétés soient gérées de manière responsable et adhèrent à de bonnes pratiques en termes de respect des droits de l’homme et d’éthique des affaires.
Trouver un équilibre pour financer la défense de manière durable
Le défi pour les gestionnaires d’actifs est de déterminer comment soutenir les besoins de l’Europe en matière de défense tout en maintenant l’intégrité de leur approche ESG. Les principales considérations sont les suivantes :
- Évaluer le type d’investissement
- Les investisseurs doivent faire la distinction entre les armes conventionnelles et controversées. Ces dernières sont interdites dans la plupart des pays.
- Tous les sous-secteurs liés à la défense ne posent pas les mêmes problèmes éthiques. La cybersécurité ou les télécommunications comportent moins de risques que la production de munitions.
- Les investisseurs doivent faire la distinction entre les armes conventionnelles et controversées. Ces dernières sont interdites dans la plupart des pays.
- Comprendre les besoins de financement
- Il existe actuellement un débat quant à savoir si l’industrie européenne de la défense a d’ores et déjà besoin de capitaux provenant des fonds durables. D’autres véhicules semblent actuellement mieux adaptés pour constituer la principale source de financement du secteur, notamment les fonds traditionnels (répondant aux conditions de l’article 6 de la règlementation européenne SFDR) qui représentent encore plus de 40% des encours gérés au niveau européen.
- Les mécanismes de financement alternatifs, tels que les comptes d’épargne dédiés (par exemple, l’initiative française d’épargne pour la défense) offrent des possibilités supplémentaires de financement du secteur.
- Il existe actuellement un débat quant à savoir si l’industrie européenne de la défense a d’ores et déjà besoin de capitaux provenant des fonds durables. D’autres véhicules semblent actuellement mieux adaptés pour constituer la principale source de financement du secteur, notamment les fonds traditionnels (répondant aux conditions de l’article 6 de la règlementation européenne SFDR) qui représentent encore plus de 40% des encours gérés au niveau européen.
3. Mettre en place des règles d’investissement responsable
- Les investissements dans la défense doivent cibler des entreprises responsables respectant les lois internationales en matière de droits de l’homme. Ces entreprises doivent également être encadrées pour éviter les problèmes en matière de corruption et de gouvernance.
- D’autres facteurs de risque ESG, notamment l’impact climatique, la gestion des ressources et les droits de l’homme, doivent faire l’objet d’un suivi attentif tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Conclusion
L’évolution du paysage géopolitique a incité les investisseurs à mettre en cause les exclusions de longue date qui touchaient les valeurs du secteur de la défense. Si les fonds généralistes sont de plus en plus ouverts au financement de ce secteur, les fonds ESG doivent s’assurer que les investissements restent alignés avec les principes de l’investissement durable.
Il appartient également aux entreprises d’adopter de bonnes pratiques, afin d’améliorer progressivement la durabilité de l’ensemble du secteur. Les politiques d’engagement soutenant par les gestionnaires d’actifs peuvent les aider à progresser dans ce domaine.
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