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Après une longue période de faibles performances, Carmignac Patrimoine a renversé la vapeur. Une nouvelle équipe de gestion, un portefeuille d’actions mieux diversifié et des taux obligataires plus élevés lui permettront d’obtenir de bien meilleurs résultats au cours des années à venir.  

Lors d’un entretien avec Investment Officer, Kevin Thozet, conseiller en valeurs et membre du comité d’investissement de Carmignac, fait son mea culpa. L’illustre Carmignac Patrimoine, avec plus de 6 milliards d’euros d’actifs sous gestion, demeure le fonds le plus important de l’écurie de Carmignac. Pourtant, ses résultats d’investissement laissent à désirer. Ces cinq dernières années, le rendement total obtenu s’est élevé à 24,1 %, contre un indice de référence de 87,7 %. Entre 2021 et 2023, le fonds (code ISIN : FR0010135103) a même perdu 9,5 %. Ce fleuron a ainsi, pour la première fois de l’histoire, enregistré des pertes sur une période de trois ans. 

« Nous nous y sommes tout simplement mal pris. Il faut dire que les circonstances étaient exceptionnelles. Après la crise financière de 2008, les banques centrales ont abaissé le taux directeur et massivement acheté des obligations pour relancer l’économie. Jusqu’à la crise sanitaire, nous traversions une période de répression financière, avec un taux artificiellement bas », justifie M. Thozet. 

« C’est un environnement difficile pour les gestionnaires actifs, car la tolérance au risque des investisseurs s’est renforcée, tandis que les fondamentaux ont perdu en importance. Tout est allé dans le même sens, tant sur le marché boursier qu’obligataire. En outre, nous étions confrontés ces dernières années à un marché baissier pour les obligations, ce qui nous a, là encore, durement affectés. »

Mesures

Afin de résoudre ce problème de sous-performance, les équipes ont été remaniées en 2019. Deux nouveaux experts en obligations ont ainsi été recrutés ainsi que, l’an dernier, Jacques Hirsch, un gestionnaire de fonds chevronné à qui a été confiée la gestion des risques et de l’allocation des actifs. Depuis le mois d’avril, Kristofer Barrett est responsable de la gestion du portefeuille d’actions. Il a auparavant travaillé dix-huit ans chez Swedbank Robur, où il gérait divers fonds d’actions. 

« Son prédécesseur avait une préférence marquée pour les valeurs de croissance, pour lesquelles les flux de trésorerie sous-jacents ne revêtaient qu’une importance secondaire. Cela nous a longtemps aidés, mais lorsque les taux d’intérêt ont rapidement remonté, en 2022, ces actions sont restées à la traîne. M. Barrett croit davantage en un portefeuille mixte constitué d’actions de croissance et de valeur, qui généreront des performances plus régulières », selon Kevin Thozet. 

En outre, toujours selon M. Thozet, le fonds fonctionne désormais surtout avec des options, au lieu de futures, afin de couvrir les risques baissiers et de profiter des mouvements haussiers, tant sur le marché boursier que sur les marchés des devises et des obligations. « Ceci a un impact positif sur le profil risque-rendement. »

Obligations à court terme 

Le fonds est investi à 49 % en obligations et à 8,6 % en liquidités. « Les obligations servent de rempart contre un potentiel krach boursier, mais une gestion active est indispensable », précise M. Thozet. Seules les obligations à court terme, de deux à cinq ans, peuvent selon lui offrir une protection. « Dans la zone euro, cinq ou six abaissements du taux d’intérêt seulement sont prévus pour les années à venir, et la BCE devra l’abaisser bien davantage si l’économie subit une récession inattendue. Les obligations sur dix ans ou plus sont nettement moins intéressantes à nos yeux, notamment eu égard à l’ampleur des dettes publiques et au risque d’une inflation élevée persistante. » 

Parmi les titres à revenu fixe, sa préférence va aux obligations d’entreprises. « Avec un rendement effectif avoisinant les 5 à 6 %, elles nous offrent l’assurance d’un bon rendement, d’autant que le risque baissier de ces rendements est maîtrisable. Avec les credit default swaps, nous nous prémunissons contre un potentiel élargissement des marges de risque. »

La Fed sur le banc de touche

Actuellement, l’exposition au marché boursier avoisine les 42 %. Cette pondération peut cependant varier entre 0 et 50 %. « Nous sommes assez positifs vis-à-vis des actions et les options nous ont permis de créer une certaine protection contre les risques baissiers. Si l’économie devait, de façon inattendue, considérablement se détériorer, la Réserve fédérale interviendra et abaissera rapidement le taux d’intérêt. En un sens, on peut dire que le Fed put est de retour », déclare-t-il.

Pour son portefeuille d’actions, l’équipe joue sur des tendances de croissance structurelle telles que l’intelligence artificielle, le tourisme et les traitements contre l’obésité et le diabète. « Avec des actions comme Novo Nordisk, Airbus et Nvidia, cette stratégie nous a fourni de bons rendements », affirme M. Thozet.

« Récemment, nous avons partiellement pris nos bénéfices sur Nvidia car, comme indiqué précédemment, nous avons commencé à nous montrer globalement plus critiques vis-à-vis des valorisations et à investir dans des actions relativement meilleur marché. Samsung et TSMC sont ainsi des alternatives moins chères que certaines actions technologiques à Wall Street. »

Tout bien considéré, Kevin Thozet attend de bons rendements. La nouvelle direction est aujourd’hui à l’œuvre depuis neuf mois et obtient selon lui de bons résultats. Avec une hausse de 4,7 % depuis le début de l’année, le fonds fait déjà mieux que l’indice de référence (+3,1 %). « Rebâtir un meilleur historique de performance et gagner la confiance des clients prend du temps, mais nous y travaillons et avons encore toute confiance en notre objectif de battre l’indice de référence à moyen terme. En outre, nous avons toujours la volonté d’offrir aux investisseurs d’Europe une alternative qui donne la priorité à la croissance du patrimoine, mais aussi au maintien de la valeur. » 
 

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