Par Hilde Jenssen, Product Manager, Fundamental Equities-team
Les déchets plastiques ont un impact considérable sur l’environnement
L’on estime à 8 millions de tonnes la quantité de plastiques déversés chaque année dans la nature, et près de 40 % de ces déchets proviennent d’emballages. La production mondiale de plastique a bondi d’environ 1,5 million de tonnes en 1950 à plus de 400 millions de tonnes en 2017. Sur terre, la durée de vie du plastique varie de moins d’un an à plus de 50 ans. Dans les océans, le plastique se désintègre en petits fragments digérés par les poissons… qui peuvent se retrouver dans nos assiettes.
D’où provient le plastique ?
Les plastiques sont fabriqués à partir de différents matériaux assortis de propriétés distinctes. Il s’agit de matériaux organiques qui peuvent être d’origine fossile ou bio-sourcés, lesquels sont recyclables dans les deux cas. En outre, ces deux matières premières peuvent produire des plastiques biodégradables.
La production de plastique a quadruplé depuis 1990
Source: Science Advances, 2017.
Les récentes mesures des pouvoirs publics en faveur du recyclage
La pollution par le plastique est un problème mondial qui affecte chacun de nous dans la chaîne de valeur, de la fabrication à la gestion des déchets. Alors que la plupart des pays célébrait encore le Nouvel An, la Chine a annoncé le 1er janvier sa volonté de ne plus être la poubelle du monde. L’on estime que depuis 1992, la Chine a absorbé 45 % des déchets plastiques produits dans le monde. L’an dernier, l’Europe a expédié 85 % du total de ses déchets vers la Chine. Pas moins de 110 millions de tonnes de déchets devront trouver un autre débouché d’ici 2030 suite à la décision de la Chine, poussant d’autres pays à prendre le relais, particulièrement en Asie. Cette décision a également constitué un signal d’alarme pour l’UE, qui s’est fixé comme objectif de faire en sorte que tous les emballages plastiques soient recyclables ou réutilisables d’ici 2030. En 2016, le taux de recyclage des emballages plastiques en Europe atteignait 40,8 %.
Des opportunités dans le secteur
Le cycle de vie des différents types de plastiques varie considérablement et l’impact carbone potentiel du processus de recyclage fait actuellement l’objet d’un débat. En ce sens, la politique de l’UE en matière de recyclage crée des opportunités pour les sociétés qui disposent de l’expertise technique nécessaire à la décomposition d’ensembles complexes de matériaux. Les sociétés du secteur de la chimie pourraient selon nous, présenter cet avantage, en particulier si elles sont en mesure de limiter l’impact environnemental. Les autres bénéficiaires sont les fabricants de produits de consommation, grâce au développement d’emballages « intelligents » et à l’utilisation de matériaux recyclés moins onéreux.
Cependant, les préférences des consommateurs sont un enjeu important à cet égard, et la récente tendance à l’utilisation d’emballages de plus petite taille pose problème. L’aspect positif est toutefois la baisse des coûts de production grâce au moindre prix des plastiques recyclés, lequel diminue progressivement depuis 2011 :
Source: Bloomberg, Nordea Investment Management AB
Les investisseurs prennent note
Alors que les pouvoirs publics visent désormais à réduire la pollution, le secteur privé fait l’objet d’une pression croissante l’incitant à passer à l’action. De nombreux investisseurs attendent des entreprises qu’elles améliorent leurs pratiques en matière de recyclage et qu’elles communiquent leurs objectifs pluriannuels de réduction des déchets. Il convient également d’apprécier l’ampleur dans laquelle le potentiel de bénéfices des entreprises est affecté et la manière dont la réduction des déchets est liée aux indicateurs clés de performance de leurs collaborateurs. Ce point est particulièrement important pour les fabricants de produits de consommation, qui comptent parmi les principaux producteurs mondiaux d’emballages plastiques.
Les acteurs du recyclage du plastique présents dans nos portefeuilles
Les investisseurs sont de plus en plus soucieux de savoir comment ils peuvent avoir un impact positif sur l’environnement en investissant dans une entreprise. Deux manières s’offrent à eux pour réduire la pollution par le plastique :
- Investir dans des sociétés disposant d’objectifs clairs en matière de recyclage
- Investir dans des sociétés qui offrent des solutions alternatives au plastique, comme les fabricants d’emballages réutilisables. Cette catégorie est nettement plus restreinte et BillerudKorsnaas et WestRock en sont actuellement les représentants dans notre stratégie Global Climate and Environment.
Sachant qu’environ 50 % de l’ensemble des plastiques utilisés sont actuellement à usage unique, l’imposition de taux de recyclage aura un impact significatif sur l’environnement.
Par conséquent, nous avons dressé une liste de sociétés (tableau 1 page 3) disposant de programmes de recyclage du plastique, qui figuraient dans différentes stratégies en actions fondamentales au 8 août 2018.
Des programmes ambitieux de réduction des déchets parmi les stratégies en actions fondamentales
Comprendre l’impact environnemental potentiel de leurs placements constitue un enjeu de plus en plus important pour les investisseurs. Sur la base des données qu’elles publient, il ressort que les sociétés analysées dans le cadre de notre étude prévoient de réduire leurs déchets plastiques de 360 000 tonnes d’ici 2020. Pour se faire une idée, ce chiffre correspond au poids de 72 000 éléphants! Bien que la plupart des entreprises étudiées sont en bonne voie pour atteindre leurs objectifs à l’horizon 2020, des améliorations permanentes s’imposent.
Le recyclage du plastique est un marché considérable qui se développe
Le recyclage du plastique est une mégatendance appelée à perdurer de nombreuses années. Alors que les entreprises s’efforcent d’investir dans leurs programmes de recyclage tout en veillant à leur exécution et leur transparence, la réglementation est susceptible de se durcir. Sans aucun doute, cette mégatendance produira des gagnants et des perdants, départageant les entreprises qui disposent d’une stratégie durable de celles qui en sont dénuées. En tant qu’investisseurs actifs, il nous incombe d’investir dans des sociétés qui comprennent la différence.