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Par Harry Goodacre, stratège chez Schroders

En raison des taux d'intérêt élevés, l’épargne a attiré l’attention de nombreux investisseurs ces dernières années. Des taux de 5 % aux États-Unis et au Royaume-Uni et jusqu'à 4 % en Europe marquent un changement notoire par rapport aux taux ultra-bas qui ont prévalu pendant la majeure partie de la dernière décennie. Le cash offre désormais aux investisseurs non seulement les avantages de la préservation de la valeur nominale et de la liquidité, mais il a aussi récemment généré un rendement réel positif.

Bien que l’attractivité des liquidités ait augmenté, le risque d'un investissement dans des liquidités n'est pas aussi faible qu'il y paraît à première vue. En outre, bien que leur rendement soit actuellement plus élevé que l'inflation, l’incertitude règne quant à la durée de cette situation. Et cela engendre également des risques en termes de réinvestissement. Pour les investisseurs à la recherche de revenus de leurs investissements, il est utile de se tourner vers d’autres investissements atténuant les inconvénients de l’épargne, tout en n'augmentant pas le risque de manière proportionnelle (comme on le pense souvent).

Risque d'inflation

Un taux de 5 % sur les liquidités peut paraître attractif, mais en cas d’inflation supérieure, la valeur réelle du montant épargné baisse. Et plus l'horizon d'investissement est long, plus cet impact est prononcé. Un dollar américain détenu en 2014 en liquidités vaudrait 1,12 $ en termes nominaux dix ans plus tard, mais seulement 0,85 $ en termes réels. Dans le passé, les taux d’épargne ont souvent été supérieurs à l’inflation, mais cela n’est plus le cas depuis longtemps. Sur un horizon de dix ans, les liquidités ont surperformé l'inflation 55 % du temps depuis 1926. Mais la plupart de cette performance est due aux données d’un passé plus lointain ; la dernière période récente de dix ans durant laquelle les liquidités ont surperformé l'inflation s'étend de 2000 à 2010. Depuis la crise financière mondiale, les taux sur les liquidités dans les marchés développés ont été inférieurs à l’inflation, y compris au cours des quelques dernières années marquées par un net relèvement des taux directeurs par les banques centrales.

Le taux d’intérêt sur les liquidités est supérieur à l’inflation - mais pour combien de temps encore ?

Avec les récentes baisses de l’inflation, les liquidités offrent actuellement un taux d'intérêt qui la compense. Ce phénomène n’a rien de surprenant, mais il pourrait très bien être de nature temporaire. Les banques centrales ont attendu, pour baisser leurs taux, d’avoir la confirmation de la maîtrise de l’inflation. Une fois cette confirmation obtenue, le taux d’intérêt des liquidités pourrait de nouveau suivre la baisse de l’inflation.

Pour les investisseurs à long terme, les liquidités ne constituent pas une source de revenus stable ou même prévisible. Le taux d’intérêt des liquidités n'est pas constant dans le temps. Les obligations procurent, en revanche, un rendement sur le plus long terme. Par exemple, les obligations d'entreprises de qualité investissement offrent actuellement environ 5 à 6 %, pour une maturité moyenne de neuf ans. Et compte tenu des pertes pour défaut de paiement extrêmement faibles, ces obligations peuvent représenter une option attrayante pour les investisseurs sur le long terme qui ont dès lors moins à se soucier des fluctuations de cours à court terme. Historiquement, les défauts dans les obligations de qualité investissement sont très rares, avec un taux de défaut moyen annuel de 0,1 % des émetteurs. Même dans le high-yield, où les taux de défaut peuvent être beaucoup plus élevés, le taux de défaut moyen annuel sur le long terme au cours des quatre dernières décennies s’est situé à environ 4 % (2,9 % depuis 1920). Et même en cas de défaut, tout n'est pas encore perdu, car les taux de recouvrement des obligations en défaut se situent à environ 40 % sur le long terme.

Les actions ont mieux performé que les obligations et les liquidités…

Sur le long terme, les actions ont surperformé tant en termes de rendements supérieurs à l'inflation que de probabilité de surpasser l’inflation, par rapport aux obligations qui, à leur tour, ont mieux performé que les liquidités. À plus court terme, les performances peuvent évidemment varier. Les actions ont généré un rendement supérieur à l'inflation durant plusieurs périodes, que ce soit au cours des cinq dernières années (environ 12 %) ou des cinquante dernières (environ 7 %). Sur de plus longues périodes, telles que 20 ou 50 ans, les obligations ont également généré des rendements supérieurs à l'inflation. Mais c’est moins le cas pour des périodes plus courtes, car les obligations ont souffert ces dernières années de la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt plus élevés allant de pair. En fait, les obligations d'État ont sous-performé par rapport aux liquidités au cours des cinq dernières années en tant que protection contre l’inflation. Au sein des obligations, celles d’entreprise ont généralement davantage surpassé l’inflation que les obligations d'État.

Les analyses montrent également que depuis 1926, les actions ont produit des rendements supérieurs à l'inflation lors de chaque période de vingt ans. Bien que les investissements en actions puissent donc être risqués à court terme, ils ont, par rapport à l'inflation, mieux performé que les liquidités sur le long terme. Cela ne signifie pas que les actions n'ont jamais rencontré de difficultés pendant des périodes de très haute inflation et tous les secteurs ne se sont pas aussi bien comportés face à l'inflation.

Investir dans les actions est volatile

Les actions sont plus volatiles que les obligations, qui sont à leur tour plus volatiles que les liquidités. Mais les investisseurs à long terme doivent veiller à ne pas réagir dans la précipitation face à des accroissements de la volatilité des actions. Les investisseurs qui perçoivent des revenus de dividendes se montrent peut-être moins préoccupés par les baisses temporaires de cours des actions. Les sociétés ayant tendance à être très réticentes à réduire leurs dividendes, il est possible que les investisseurs ne ressentent pas immédiatement des performances d’entreprise temporairement faibles aussi longtemps qu’ils continuent de percevoir des dividendes.

Conclusion

Comme pour tous les investissements, il faut soupeser risque et rendement. Les taux d’intérêt actuels élevés des liquidités peuvent sembler attrayants, mais investir trop massivement en liquidités peut présenter des inconvénients sur le long terme. Malgré la sécurité qu’elles procurent quant à leur valeur nominale, les liquidités sont exposées à un risque de réinvestissement plus grand que des actifs comme les obligations, qui peuvent conserver plus longtemps les taux d’intérêt élevés actuels. Et bien que les performances passées ne soient pas indicatives des performances futures, les actions ont historiquement mieux performé que les liquidités sur le plus long terme en termes de protection contre le risque d'inflation.

Lisez également Opportunities for Income Investors: Going Beyond Cash, par Harry Goodacre, stratège chez Schroders.

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