Le secteur du capital-investissement est confronté à des risques sur plusieurs fronts. Mais ces vents contraires peuvent générer des opportunités, du moins dans certains domaines. Où sont ces opportunités et ces risques ? Dans notre article, Nils Rode, CIO de Schroders Capital, et Duncan Lamont, Responsable de la recherche stratégique chez Schroders, vous expliquent tout.
Les années 2020 et 2021 ont été des années record pour le capital-investissement. Le capital-investissement n’a pas été le seul à profiter. La période de Covid est décrite comme une période de hausse pour beaucoup de monde. Mais les marchés exubérants, les frais d’emprunt peu élevés, la politique budgétaire et monétaire accommodante, le marché florissant des IPO et la demande inépuisable des investissements en ont pris un coup. De nombreuses économies développées connaissent une inflation à deux chiffres, des niveaux qu’on n’avait plus atteints depuis des dizaines d’années. Les taux augmentent, les introductions en bourse enregistrent un calme plat. Les actions de croissance et dans la technologie en souffrent particulièrement.
Quels sont les risques pour le capital-investissement ?
Risque 1 : le risque de récession augmente
Les banques centrales tentent d’organiser un « atterrissage en douceur » en augmentant suffisamment les taux pour combattre l’inflation, mais pas assez pour entraîner une récession. Cela reste un fameux défi. Pas seulement parce que l’inflation est en partie alimentée par les chocs sur les prix des matières premières, conséquences de la guerre en Ukraine, à laquelle on ne peut rien faire.
Mais, pour le capital-investissement, une récession peut s’avérer plus bénéfique que ce qu’on pense. En diversifiant leurs investissements, les fonds peuvent, dans les années de récession, acquérir des actifs bon marché. Et au moment de la reprise, lorsque les valorisations augmentent, ils peuvent revendre avec bénéfice. Le rendement moyen des fonds en capital-investissement qui ont récolté des fonds lors de récessions atteint plus de 14 % par an.
Risque 2 : stagflation
Pire que la simple récession, il y a la stagflation – une croissance faible associée à une inflation élevée. Pour les marchés d’actions, cela représente le pire environnement possible pour les rendements. Mais tous les secteurs ne sont pas touchés dans la même mesure. Dans le passé, c’est le secteur IT qui a le plus souffert, suivi par les services de communication et l’industrie. À l’opposé, les investissements dans les biens de consommation non durables et dans les entreprises de soins de santé se portaient beaucoup mieux. La technologie représente un secteur important pour le capital-investissement. Si la stagflation devient un problème, beaucoup de stratégies connaîtront des difficultés. Mais les investisseurs exposés à des stratégies tournées vers les consommateurs et le secteur de la santé peuvent être agréablement surpris.
Risque 3 : le marché des IPO va fermer
Au premier trimestre 2022, les introductions en bourse ont levé 10 milliards de dollars. Un recul de 92 % par rapport à la même période un an avant. Au deuxième trimestre, ce marché s’est encore écroulé pour se réduire à peau de chagrin. Jusqu’à présent, la somme ridicule de 3 milliards de dollars a été récoltée. 2022 devient la pire année depuis longtemps pour les introductions en bourse.
Le marché des IPO représente une opportunité intéressante de sortie pour les investisseurs en capital à risque, cela représente donc un problème. L’augmentation de l’aversion au risque rendra probablement les entreprises plus frileuses envers les fusions et acquisitions. Mais la fermeture de ces portes de sortie peut également créer des opportunités pour les constructions via des « General Partners » et des « Limited Partners ».
Risque 4 : des excès vont apparaître dans la levée de capitaux
Même si, ces dernières années, le capital-investissement a suscité plus d’engouement de la part des investisseurs, certains segments de ce secteur ont connu une croissance énorme. Les montants de capitaux excessifs ont conduit à l’accroissement de la concurrence pour les opérations, à l’augmentation des prix et, en bout de course, à la dégradation des rendements. Le segment de croissance du capital à risque en représente un bon exemple. L’indicateur Schroders Capital Fund Raising signale depuis des années la collecte excessive de fonds de ce segment. Et tout cet argent devait trouver sa destination. Comme pour tous les actifs, dont les valorisations ont été pompées ces dernières années par une liquidité plus facile, l’avenir se présente sous un jour plus sombre pour nombre de ces entreprises. Et les fonds de capital-investissement qui y ont investi vont probablement traverser une période difficile.
Opportunités en période de difficultés
Le capital-investissement n’est pas immunisé contre les forces qui infestent en ce moment les actifs financiers. Mais pendant que certains segments du secteur traverseront probablement une période difficile, d’autres se montreront plus résilients et offriront des chances qu’il faudra saisir.
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