Les craintes entourant le coronavirus ont dopé la demande sur le dollar. Bob Jolly, Head of Global Macro chez Schroders, s’attend à un renversement de tendance.
Les craintes entourant le coronavirus ont dopé la demande sur le dollar. Bob Jolly, Head of Global Macro chez Schroders, s’attend à un renversement de tendance.
Le ralentissement soudain de l’économie et des marchés financiers provoqué par la pandémie a entraîné une augmentation sans précédent de la demande de dollars. Cette ruée sur le dollar s’explique en grande partie par le fait que diverses entités ont des obligations à honorer. Il en a résulté une forte augmentation des coûts de financement en dollars.
Or, il est essentiel pour l’économie mondiale que les marchés de financement fonctionnement bien, car les transactions commerciales, les matières premières et les émissions de dette se négocient pour la plupart en dollars. D’où l’importance vitale pour les institutions financières et les entreprises d’avoir accès à des liquidités en dollars. Le stress de financement causé par une augmentation extrême de la demande sur le billet vert peut également entraîner une hausse du coût de couverture du risque de cours pour les investisseurs étrangers dans des actifs libellés en dollars.
Qu’est-ce qui peut mettre fin à la thésaurisation du dollar ?
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Des marchés de financement stables. Le premier signe de retour à l’équilibre apparaît lorsque les marchés au comptant et à terme reviennent à des cours raisonnables. Par exemple grâce à l’assouplissement quantitatif et aux opérations repo de la Fed.
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Disponibilité du financement. La plus grande partie du commerce international se traite en dollars. Il est dès lors essentiel que les opérateurs aient accès à des sources de financement. Beaucoup d’entreprises utiliseront les lignes de crédit existantes auprès de leurs banques. Les circonstances extrêmes de la crise du Covid-19 ont rendu plus difficile la recherche des financements nécessaires à un prix raisonnable. Il est clair que les interventions des banques centrales sur le marché des obligations d’entreprise y contribuent, tout comme les facilités de crédit d’urgence que les gouvernements ont mises en place pour les PME qui n’ont pas accès au marché des obligations d’entreprise. La baisse des spreads de crédit et de la volatilité sont des signes de réussite des mesures prises par les décideurs politiques.
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La fin de la crise. Il serait bon que les investisseurs et les entreprises puissent entrevoir la lumière au bout du tunnel. Le commerce pourrait alors redémarrer et l’argent, recommencer à circuler. Les entreprises pourront ensuite se mettre à investir, tandis que la population pourra reprendre le travail et que les dépenses redémarreront, rendant ainsi inutile de thésauriser l’argent liquide et les dollars.
Vers une baisse du dollar ?
Bob Jolly distingue deux facteurs pouvant provoquer un tassement du dollar.
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Si la pénurie de dollars cesse grâce à l’intervention des banques centrales et des gouvernements et si le stress de financement s’atténue, le dollar cèdera une grande partie du terrain qu’il avait gagné.
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Le billet vert était déjà cher avant l’épidémie de COVID-19. Cette vigueur s’explique notamment par les taux d’intérêt plus élevés et la forte croissance aux États-Unis. Les actions de la Fed annulent cet avantage au niveau du taux d’intérêt qui attirait les investisseurs.
Un trio de déficits rend le dollar vulnérable
Bien que le dollar fasse office de monnaie de réserve, les États-Unis ne peuvent pas continuer à emprunter au rythme actuel pour tenter d’alléger le surendettement du gouvernement et des entreprises. Les États-Unis souffrent déjà d’un déficit budgétaire, auquel s’ajoutent un déficit commercial et un déficit de la balance courante. Cette situation rend le dollar particulièrement vulnérable par rapport aux investisseurs qui pourraient se détourner du billet vert au profit d’autres devises du monde entier.
Lire aussi What next for the US dollar? de Bob Jolly, Head of Global Macro chez Schroders.