La crise climatique est une grande priorité des gouvernements comme des entreprises. Beaucoup de ces dernières s’engagent aujourd’hui à ramener à zéro leurs émissions nettes d’ici 2050. « Si l’on souhaite vraiment atteindre nos objectifs climatiques, les entreprises doivent prendre de réelles mesures. Les gestionnaires d’actifs et autres apporteurs de capitaux peuvent et doivent les soutenir à cet égard », déclare Hannah Simons, responsable Sustainability Strategy chez Schroders.
Les autorités sont un important catalyseur de l’engagement des entreprises envers des objectifs durables. Ces dernières doivent communiquer de plus en plus régulièrement quant à leur durabilité, de sorte que les investisseurs soient en mesure de se faire une bonne idée du niveau ESG d’une entreprise. La réglementation se renforce en outre sur toute la chaîne de valeur des investissements : prenez l’exemple de la directive européenne pour la transparence des gestionnaires de patrimoine, le SFDR, ou des règles de la MiFID II pour les conseillers. Pour les investisseurs, cela signifie entre autres un meilleur accès aux informations relatives au risque de durabilité des investissements.
L’objectif final de la réglementation européenne consiste à diriger davantage de capital vers les investissements durables, comme l’indique Simons. « Le plus grand défi actuel en matière de développement durable est le réchauffement de la terre. La disruption que cela pourrait entraîner dans le futur est colossale. Nous avons réellement besoin d’une transition vers une économie décarbonée, vers zéro émissions nettes d’ici 2050. De nombreux investisseurs durables souhaitent contribuer à ce mouvement. »
À présent, c’est aux entreprises de prendre les prochaines initiatives, indique Simons, et les investisseurs peuvent les soutenir dans ces démarches. « S’engager vers un objectif climatique est un bon début, mais c’est évidemment insuffisant. La seconde phase, pour les entreprises, consiste à examiner comment atteindre cet objectif, de façon scientifiquement fondée, avec des ambitions à court, moyen et long terme. »
Les mesures climatiques, du potentiel pour les entreprises et les investisseurs
Schroders a pour objectif d’atteindre zéro émissions nettes en 2050 ou plus tôt. Ceci concerne tant l’entreprise même que le portefeuille d’investissement ; ce dernier représente en effet la vaste majorité des émissions de gaz à effet de serre. « Dans cette démarche, nous entendons soutenir les entreprises via nos portefeuilles par le biais d’un engagement et d’un actionnariat actifs. Nous sommes convaincus de pouvoir libérer un immense potentiel ce faisant, pour les entreprises dans lesquelles nous investissons, mais aussi par une bonne performance pour nos clients. »
Schroders fait le choix délibéré d’entamer le dialogue avec des secteurs ayant encore un long chemin à parcourir. Simons : « En tant qu’apporteur de capitaux, on peut exercer une influence, mais on ne le fait pas en excluant des entreprises. En outre, ces exclusions n’ont pas d’impact dans le monde réel. Un élément important de l’engagement consiste néanmoins à être clair. Schroders utilise à cet égard ce que nous appelons un ‘Engagement Blueprint’, qui se concentre entre autres sur un impact climatique effectif. Nous expliquons clairement aux entreprises quelles sont nos attentes et comment nous allons suivre leur progression. Nous leur montrons qu’elles sont ou non sur la bonne voie et où elles doivent faire un effort supplémentaire. Cela donne en outre aux entreprises un cadre sur lequel elles-mêmes peuvent s’appuyer pour atteindre leurs objectifs et créer de la valeur. »
Au cours des années à venir, Schroders va, dans cette optique, ouvrir le dialogue avec environ 700 entreprises, avec pour objectif final zéro émissions nettes en 2050. Simons : « Nous allons nous concentrer principalement sur les plus gros émetteurs de CO2 et sur les entreprises dans lesquelles Schroders occupe les plus fortes positions. »
Contribuer à réduire les émissions de CO2
Simons admet que tous les investisseurs n’optent pas, pour le moment, pour une approche ‘best-in-class’, mais veulent directement un portefeuille qui réponde à leurs exigences climatiques. « En effet, on peut rapidement réduire son empreinte carbone en investissant seulement dans des entreprises aux émissions très faibles, voire nulles. Dans ce cas, on est plus rapide que le marché. »
Pour ces investisseurs, Schroders a des produits d’investissements sur mesure, assure Simons. « Mais pourquoi n’irait-on pas, en tant qu’investisseur, encore un peu plus loin en contribuant à la réduction des émissions de CO2 ? Pour ce faire, il suffit d’investir dans des entreprises qui œuvrent à des solutions pour le climat par des innovations technologiques, par exemple de meilleures batteries pour les véhicules électriques. En outre, ces entreprises facilitent souvent la transition d’autres entreprises. Pour aller encore plus loin, on peut investir dans des entreprises qui adoptent ce qu’on appelle des ‘solutions fondées sur la nature’, comme par exemple la plantation d’arbres. Il est vrai qu’avoir un impact et obtenir un rendement financier peuvent alors constituer un défi, mais nous sommes convaincus que c’est possible. »
Simons affirme quoi qu’il en soit que l’engagement mène au changement. En 2021, Schroders a écrit une lettre aux entreprises du FTSE 350. À l’époque, seul un sixième de ces entreprises s’était engagé sur des objectifs scientifiquement fondés. Un an plus tard, leur proportion était déjà passée à un tiers. Simons : « L’engagement a naturellement ses limites. Si une entreprise n’admet pas qu’elle doit changer, nous considérons cela comme un risque financier, et nous finirons à terme par désinvestir. C’est cependant notre dernier recours, et nous n’aimons pas en passer par là. En désinvestissant, on coupe le dialogue et d’autres apporteurs de capitaux sans ambitions climatiques peuvent prendre notre place. »