D’après James Barrineau, spécialiste EMD chez Schroders, il y a toujours de la valeur à débusquer dans les obligations des marchés émergents.
Les rendements nominaux des obligations des marchés émergents en monnaie locale sont à un niveau historiquement bas après les baisses de taux d’intérêt dans plusieurs pays survenues avant et après la pandémie. L’investisseur peut malgré tout encore y débusquer de la valeur par rapport aux marchés développés. La faiblesse des taux d’intérêt n’empêchera pas les capitaux d’affluer dans un proche avenir vers les obligations des marchés émergents libellées en monnaie locale.
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La réduction de l’écart de taux entre les marchés émergents et les marchés développés est devenue ces dernières années une tendance à long terme qui s’est accélérée sous l’effet de la crise de la Covid-19.
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Le moteur de cette tendance sur les marchés émergents est la baisse de l’inflation, tant en termes de volatilité qu’en général.
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Par rapport aux marchés développés, il y a encore un gisement de valeur sur les marchés émergents, même si la « marge de sécurité » des taux réels s’est incontestablement réduite comme peau de chagrin.
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D’après les prévisions, les taux d’intérêt devraient rester stables au cours des 12 prochains mois étant donné que les banques centrales sont mises hors-jeu et que l’inflation reste faible (à l’exception peut-être des marchés émergents d’Europe centrale). Avec l’effet combiné de la sous-évaluation des devises, les raisons d’investir en monnaie locale sur les marchés émergents sont convaincantes.
Les banques centrales gagnent en crédibilité
La baisse des taux d’intérêt locaux sur les marchés émergents n’est pas une conséquence de la pandémie du coronavirus. Cela fait cinq ans que la tendance est la baisse. James Barrineau pointe la politique de taux d’intérêt de la Fed, mais surtout certains facteurs importants sur les marchés émergents : la plus grande crédibilité globale des banques centrales, des liens monétaires plus étroits avec les économies développées régionales dans un contexte de taux d’intérêt plus bas en Asie et en Europe, et enfin, une inflation plus faible dans pratiquement toute la classe d’actifs.
Le rôle de l’inflation basse sous-estimé
La crédibilité de la banque centrale est bien sûr étroitement liée à une politique cohérente et à une inflation basse et stable. Voilà le facteur le plus important qui a joué dans la tendance à la baisse des taux d’intérêt.
Une inflation plus faible contribue aussi à une plus grande stabilité des taux d’intérêt. Cette dernière permet à son tour de réduire les fluctuations entre les différentes devises. Enfin, les investisseurs étrangers sur les marchés locaux sont moins enclins à retirer leur argent. Après l’éclatement de l’épidémie de coronavirus au premier trimestre, les investisseurs sont rapidement revenus sur ces marchés, ce qui donne à penser qu’ils ne craignent guère des dégâts à long terme.
Baisse des coûts de financement local
L’avantage à long terme d’une baisse des taux d’intérêt réels est une réduction des coûts de financement sur les marchés locaux. C’est une excellente occasion de faire glisser progressivement le financement vers les marchés locaux où les coûts sont moindres. Cela réduit le risque de change lors du financement d’obligations en dollars américains.
Les prévisions de rendement doivent aussi être revues à la baisse - mais les perspectives restent bonnes en termes de valeur
Tout comme dans le reste du monde, les prévisions de rendement doivent être revues à la baisse. Mais James Barrineau voit encore des opportunités intéressantes par rapport aux pays développés compte tenu des taux d’intérêt extrêmement bas qui sont pratiqués.
Alors que les taux d’intérêt des marchés développés vont rester proches de zéro pendant plusieurs années encore et que les marchés émergents affichent une inflation faible et stable, les taux d’intérêt locaux continuent d’offrir une certaine valeur dans un monde où les prévisions de rendement sont plus modestes.
Lire aussi Is there any value left in EM local debt after the race to the bottom?, de James Barrineau, coresponsable EMD chez Schroders.