Pour cette année, Schroders s’attend à des rendements plus élevés dans la plupart des classes d’actifs tant en termes réels que nominaux, en particulier sur les marchés à revenu fixe.
C’est ce qui ressort des prévisions annuelles de Schroders concernant les rendements des différentes classes d’actifs au niveau mondial sur une période de 30 ans. Ces prévisions sont uniques en ce sens qu’elles intègrent également l’impact du changement climatique.
Les décideurs politiques maintiendront probablement un niveau élevé de taux d’intérêt en réponse à la persistance de l’inflation. Cette évolution est le fruit de changements majeurs en matière de décarbonation, de démographie et de démondialisation, également connus sous le nom de « Réinitialisation 3D ».
Les rendements plus élevés des liquidités faisant grimper les rendements de tous les titres à revenu fixe, il en résultera une diminution de la prime de risque des actions. Les investisseurs en actions devront donc réaliser de meilleures performances pour rendre les actions plus attrayantes que les liquidités et les obligations d’État.
Les effets du changement climatique sur le rendement des investissements sont inégalement répartis, avec des gagnants et des perdants dans différentes régions. Bien que les rendements des marchés émergents aient chuté de manière significative en raison de l’intégration du changement climatique, on s’attend toujours à ce qu’ils obtiennent des rendements supérieurs à ceux de la plupart des marchés développés.
Le changement climatique peut avoir un impact sur trois plans :
- Impact physique. En examinant l’impact des hausses de température sur la production et la productivité, on étudie le risque physique engendré par le changement climatique.
- Impact transitoire. En examinant l’impact économique des mesures prises pour atténuer le changement climatique et atteindre les objectifs de zéro émission nette, on détermine les risques de transition.
- Actifs échoués. Schroders examine également les effets des actifs échoués, en tenant compte des pertes dues à la dépréciation des réserves de charbon, de pétrole et de gaz qui ne peuvent plus être exploitées et qui restent donc dans le sol.
Trois scénarios climatiques
Ensuite, trois scénarios climatiques décrivent comment les risques physiques, les risques de transition et les actifs échoués interagissent pour affecter conjointement la productivité, la croissance économique et l’inflation dans différentes économies. Ces scénarios sont : Current Policies, Delayed Transition et Net Zero with Innovation. Ils sont essentiels pour estimer les rendements des investissements à long terme.
Le scénario Delayed Transition est le plus probable des trois, selon Tina Fong, stratégiste chez Schroders. Il s’agit donc du scénario central. Dans ce scénario, les décideurs politiques retardent l’action climatique jusqu’en 2030, puis mènent des politiques agressives pour limiter la hausse des températures à 1,6 °C d’ici 2050, ce qui engendre une transition désordonnée.
Le scénario Net Zero with innovation explore les aspects positifs du scénario central, dans lequel une politique proactive encourage l’innovation et la productivité. Résultat ? Une transition ordonnée pour limiter le réchauffement de la planète à 1,4°C, avec des conséquences économiques relativement moins douloureuses.
Dans ces scénarios, les décideurs politiques encouragent la transition vers une économie à faible intensité de carbone par le relèvement des prix du carbone et l’internalisation des coûts des émissions. Les prix du carbone peuvent être considérés comme une indication de l’ambition et de l’efficacité de la politique d’atténuation.
Les efforts visant à atténuer le changement climatique auront également des conséquences inégales
Au cours des 30 prochaines années, Mme Fong s’attend à ce que les investisseurs continuent d’être récompensés pour avoir pris plus de risques et investi dans les actions, et en particulier dans les actions des marchés émergents. Mais les effets des politiques visant à décarboner les économies donneront lieu à des défis pour la classe d’actifs. Ceux qui seront les plus aptes à relever ces défis seront récompensés.
En raison des coûts, l’impact de la décarbonation des économies sera inflationniste. En effet, la tarification du carbone est largement considérée comme la principale approche politique nécessaire pour encourager la transition vers des formes d’énergie renouvelables. Les conséquences du changement climatique engendreront également des coûts économiques plus directs. Certaines réserves de combustibles fossiles, par exemple, devront simplement rester dans le sol. Ils deviendront dès lors des « actifs échoués ».
Mme Fong s’attend, pour les différentes classes d’actifs, à ce qu’un scénario Delayed Transition se traduise par une baisse de la croissance et des bénéfices des entreprises, un recul de la productivité et, partant, un tassement du rendement des actions.
Cela annulera certains des avantages de la prime d’inflation plus élevée pour les rendements des actions et affectera particulièrement les actions des marchés émergents, où le potentiel de pertes dues à des actifs échoués est également plus élevé. Dans l’ensemble, l’impact du changement climatique sur les rendements des investissements est inégal, avec des gagnants mais aussi des perdants.
Lire aussi : How climate change and higher inflation have affected our 30-year return forecasts, par Schroders.