Le taux des obligations d’État monte peu à peu et son effet se ressent dans le reste du marché obligataire. Mais la mesure dans laquelle les rendements ont progressé dépend de la partie du marché que l’on considère, constate Duncan Lamont, responsable de la recherche stratégique chez Schroders, dans un article.
Forte augmentation des rendements effectifs
Alors qu’il y a un an, à la même époque environ, le taux du papier public américain à court terme tournait autour de 0 %, il s’approche désormais de 3 %. Le marché tient compte d’une série de hausses de taux agressives de la part de la Federal Reserve. Le taux à long terme a également augmenté mais dans une moindre mesure.
Comme les marges de crédit ont également progressé, le taux des obligations d’entreprise a connu une hausse encore plus forte que celle des obligations publiques. Et le rendement du papier public sur les marchés émergents (devises fortes, devises locales et obligations d’entreprise) a également augmenté.
La sensibilité aux taux des obligations a augmenté
Une des tendances importantes sur les marchés obligataires ces dernières décennies est l’augmentation de la sensibilité aux taux des cours obligataires. C’est l’élément le plus inquiétant pour les investisseurs en obligations à long terme. Les cours sont devenus plus sensibles à l’augmentation ou à la diminution des taux.
Marge de sécurité
Même si les rendements effectifs ont augmenté, ils restent relativement faibles. Combinée à la plus grande sensibilité des obligations aux fluctuations de taux, une petite augmentation suffit à causer une perte à de nombreux investisseurs. Surtout lorsqu’il s’agit d’obligations à plus longues échéances.
Mais la forte augmentation des rendements à court terme a rendu les obligations à court terme intéressantes. La hausse de leur rendement a été plus forte et il y a désormais peu de différence entre les obligations d’État américaines à court et à long terme.
Le marché tient maintenant également compte de la forte chance que la Federal Reserve augmente les taux d’au moins 2,5 % d’ici à fin 2022. Si cela ne se concrétise pas, les rendements des obligations à court terme sensibles à la politique chuteraient, ce qui donnerait un coup de pouce à leur cours. D’un autre côté, les taux devraient augmenter beaucoup plus pour causer des pertes aux investisseurs. En comparaison des obligations à long terme et des liquidités, les possibilités d’investissement pour les obligations à court terme se sont fortement améliorées.
Les obligations à long terme d’une durée plus longue offrent toujours un avantage supérieur à celles dont la durée est plus courte, mais cet avantage a fortement fondu. Et au niveau actuel, les obligations d’une plus courte durée peuvent également supporter une plus forte augmentation des rendements avant de devenir vulnérables aux pertes. Cela s’applique aussi aux obligations à haut rendement et aux obligations des marchés émergents, même si cela implique un risque de crédit et de devises plus important.
Nombreux sont les investisseurs qui achètent des obligations d’une durée plus longue pour d’autres raisons que l’obtention du rendement. On peut penser aux fonds de pension et aux entreprises d’assurance qui gèrent leur risque de responsabilité et aux investisseurs qui espèrent qu’elles se comporteront bien en cas de baisse du cours des actions. Mais pour ceux qui recherchent le rendement et sont prêts à une plus grande flexibilité, d’autres opportunités se présentent.
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