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Il y a un an, nous avions identifié les forces économiques et les facteurs disruptifs qui, selon nous, façonneraient la décennie à venir pour les investisseurs. Nous les avions appelées nos « vérités incontournables ». Mais sont-elles encore des vérités ?

L’année dernière, nous avons publié notre article « Quelques vérités incontournables en matière d’investissement pour la prochaine décennie ». Il décrivait un certain nombre de forces économiques et de facteurs disruptifs qui, selon nous, façonneraient le paysage d’investissement futur, ainsi que des indications sur la façon dont les investisseurs pourraient réagir.

L’article original est consultable ici.

Un an plus tard, nous fournissons ici une brève mise à jour en réponse aux événements récents, en particulier au revirement de la politique monétaire mondiale.

Les vérités incontournables décrivent des perspectives économiques mondiales de croissance modérée et de faible inflation, dans un contexte de disruption politique avec la montée du populisme, de disruption technologique et de disruption liée au changement climatique. Nous avions prévu que les taux d’intérêt réels seraient bas et que le bêta du marché seul ne suffirait pas pour obtenir les rendements escomptés par les investisseurs, les rendements des indices boursiers pouvant souffrir du contexte macroéconomique.

L’une des principales caractéristiques de ces perspectives est que nous nous attendions à ce que le soutien apporté par des rendements obligataires en baisse se dissipe. Les marchés actions auraient alors été plus dépendants de la croissance des bénéfices comme facteur de rendement, plutôt que de l’effet positif de la baisse des rendements obligataires sur les valorisations. Par conséquent, les investisseurs devront faire preuve de plus de discernement dans l’identification des poches de croissance et dans la compréhension de l’impact des forces disruptives sur les modèles économiques traditionnels. Nous l’avions décrit comme une évolution « des facteurs macroéconomiques vers les facteurs microéconomiques ». Un an plus tard, nous pensons que cette vision reste pertinente.

 

Le retour des facteurs macroéconomiques favorables ?

La Réserve fédérale américaine (Fed), suivie par d’autres banques centrales, a opéré un revirement de sa politique monétaire en 2019, passant du resserrement à l’assouplissement. La Fed a abaissé les taux d’intérêt et annoncé la fin de son programme de resserrement quantitatif (QT). Par ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) a baissé ses taux et relancé son programme d’achats d’actifs (QE), tandis que les taux ont diminué en Chine. Même la Banque d’Angleterre a adouci le ton et envisage une baisse des taux.

En réaction, les rendements obligataires ont fortement chuté et les marchés actions ont une nouvelle fois bénéficié de l’effet de hausse des valorisations. Sur les marchés actions, les titres quasi-obligataires sensibles aux taux d’intérêt ont surperformé, les investisseurs recherchant le rendement. Une fois encore, les facteurs macroéconomiques ont prévalu sur les facteurs microéconomiques pour stimuler la performance.

Le retour de facteurs macroéconomiques favorables a certainement été une caractéristique clé de 2019 et pourrait faire douter de notre thèse du basculement de la prépondérance des facteurs macro vers les facteurs micro. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire des 12 derniers mois, car elle omet la forte correction observée au quatrième trimestre 2018.

Dans l’ensemble, nous avons assisté à un repli du marché actions au cours des 12 derniers mois, qui a connu une forte dévalorisation (baisse du ratio cours-bénéfices) suivie d’un rebond quasiment équivalent. Dans le même temps, le bénéfice par action est resté à peu près stable (voir le graphique ci-dessous).

Sur une base annuelle, la performance des marchés actions mondiaux est plus conforme à l’esprit des Vérités incontournables que les chiffres de l’année civile ne le suggèrent.

Par ailleurs, nous soutenons que les difficultés que nous avions identifiées il y a un an ont justifié la décision de la Fed de changer de cap. La croissance sous-jacente n’est tout simplement pas assez forte pour résister à des chocs externes, tels que les guerres commerciales, sans risquer de plonger dans une récession.

Nous considérons que le litige entre les États-Unis et la Chine fait partie des disruptions géopolitiques avec lesquelles les investisseurs devront composer à l’avenir, et que la Fed a dû réagir. À cet égard, la pression du populisme sur les marchés s’est accrue. Il ne fait aucun doute que l’actualité sera riche en 2020, avec le début de la campagne présidentielle américaine, de nombreux candidats du parti démocrate penchant à gauche pour contrer Donald Trump sur les terrains réglementaires et fiscaux. Dans un avenir plus proche, le Royaume-Uni devrait être le théâtre d’un combat électoral entre deux populistes, Boris Johnson et Jeremy Corbyn, avant la fin de l’année.

Les investisseurs ont également constaté une augmentation notable de la pression liée au changement climatique. Les manifestations à travers le monde ont concentré l’attention sur l’action gouvernementale (ou son absence) pour atténuer les pires effets du réchauffement climatique. Le nombre de propositions liées au climat lors des assemblées d’actionnaires a augmenté et continuera de croître alors que de plus en plus d’investisseurs adoptent des principes environnementaux. 

Pour en revenir à notre thème « macro à micro », la question reste de savoir si les banques centrales peuvent continuer à doper les marchés dans ce contexte.

 

Les limites sont-elles atteintes ?

Les politiques monétaires resteront certainement accommodantes pour le moment, maintenant ainsi l’abondance des liquidités. Par exemple, il est possible de réduire davantage les taux de la Fed, comme nous l’anticipons. On peut toutefois s’interroger sur l’efficacité d’une telle mesure à pousser les ratios cours-bénéfices des actions à la hausse, étant donné que les marchés intègrent déjà dans les cours de futures baisses de taux.

En ce qui concerne la BCE, son président Mario Draghi a clairement indiqué qu’il avait fait tout ce qui était en son pouvoir en matière de politique monétaire et qu’il escomptait désormais que les gouvernements utilisent davantage la politique budgétaire pour soutenir la croissance. La Chine a la possibilité de réduire ses taux encore davantage. Toutefois, au Japon, la politique a probablement atteint ses limites il y a un certain temps, car le programme d’assouplissement quantitatif de la Banque du Japon s’est déjà étendu aux actions et aux REIT, des domaines qui n’ont pas été concernés jusqu’à présent dans d’autres pays.

Il y a bien entendu une nouvelle mesure que les banques centrales pourraient prendre pour stimuler l’activité. Selon la théorie monétaire moderne (TMM), la création monétaire de la part des banques centrales ne doit pas être consacrée à acheter des actifs financiers mais à financer directement les dépenses publiques ou les réductions d’impôt. Certains appellent cette pratique le « QE du peuple », les économistes parlent d’argent distribué sans contrepartie, « helicopter money » en anglais. Quoi qu’il en soit, cela injecterait des liquidités directement dans l’économie et stimulerait sans doute l’activité, en particulier l’inflation.

À cet égard, la TMM tirerait les rendements obligataires à la hausse (à mesure que les anticipations d’inflation s’envolent) et provoquerait donc une baisse plutôt qu’une hausse des valorisations sur les marchés boursiers. Les banques centrales constitueraient un frein plutôt qu’un moteur pour les marchés, car les rendements obligataires augmenteraient et les valorisations diminueraient. Au sein des marchés actions, il y aurait un recentrage majeur sur les titres « value » et les valeurs cycliques, au détriment des quasi-obligations.

Du point de vue des vérités incontournables un an après, cela suggère que notre vision originale « des facteurs macro vers les facteurs micro » est encore valable, la politique monétaire ayant presque atteint ses limites. Cependant, le fait que des politiques telles que la TMM soient même débattues indique que la disruption politique peut encore durer maintenant que les populistes s’en prennent aux banques centrales.

 

 

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Publié par Schroder Investment Management (Europe) S.A.

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