La reprise économique sur les marchés émergents semble approcher son point le plus haut. Faut-il s’attendre à un retournement ? Des changements sont-ils à attendre sur les marchés émergents, se demandent les spécialistes de Schroders.
La croissance économique mondiale s’emballe. La Chine est en avance, avec une reprise en forme de V. Elle fait son apparition aux États-Unis, et l’Europe affiche quelques mois de retard sur ces derniers. Il est probable que les marchés émergents atteignent le pic de la reprise au cours du quatrième trimestre. Les marchés l’ont déjà intégré, ce que montrent les actions sensibles au contexte macro-économique, ou cycliques. Cela pose la question de savoir si, et comment, la solidité des actions de valeur ou cycliques peut être maintenue. Mais si le rallye de la reprise touche à sa fin, les actions de croissance ne sont-elles pas prêtes pour une revalorisation ?
Schroders compare les secteurs des marchés émergents sur la base de l’indice EM élargi. Il en ressort que le secteur informatique a réalisé de bonnes performances, comme les matériaux. Certains signes indiquent que les financières ont atteint leur plancher, alors que les performances du secteur de l’énergie accusent un retard. Si l’on replace ces performances dans un contexte à plus long terme, le secteur informatique semble en effet avoir atteint son sommet. Mais y a-t-il encore un potentiel d’amélioration pour les matériaux (même si, dans le passé, les pics se sont produits dans un contexte de super cycle de matières premières) ? Les biens de consommations de base ont reperdu une grande part de leur surperformance passée.
Le cycle du capital détermine les perspectives des actions de croissance
Sur les marchés émergents, les actions de croissance se répartissent sur différents secteurs, à savoir les biens de consommation durables et les services informatiques et de communication. La question principale est de savoir où elles se situent dans leur cycle de capital.
Si une nouvelle opportunité de croissance se présente à un moment précoce du cycle, elle attire le capital. Un surplus de capital est finalement attiré, avec les dettes qui y sont associées. La hausse des taux clôture le cycle et inflige des dommages. Ou, à l’inverse, les investissements excédentaires dans le secteur de croissance contribuent à la récession.
Lors de l’explosion de la bulle Internet, les actions technologiques ont sous-performé pendant tout le cycle qui a suivi. Ce cycle a été dominé par les actions du secteur des matières premières sur les marchés émergents et des banques sur les marchés développés. Au cours du dernier cycle, ces deux secteurs ont sous-performé. Les actions de commerce en ligne et des plateformes Internet vont-elles enregistrer de moins bonnes prestations au cours du cycle qui vient de commencer ? C’est tout à fait possible, mais ce cycle s’est clôturé par un virus.
Reste-t-il une possibilité de progression pour les actions de croissance ? Pour Schroders, il y a une analogie avec le cycle des années 2000. Avec la caractéristique que la Covid-19 représente un choc externe qui interrompt peut-être le cycle du capital, mais ne le conclut pas. Dans ce cas de figure, les actions de croissance sur les marchés émergents disposent peut-être encore d’un potentiel de progression.
Rien n’est pareil
Il est impossible de prévoir avec précision la fin d’un cycle de capital, et la situation varie à travers le monde. Mais il est clair que dans le cycle actuel, nous sommes bien plus près de la fin que du début.
Différents secteurs de croissance campent à un stade différent de leur cycle de fonds de roulement. Les entreprises dont le profil de rendement baisse ont encore souvent pu réaliser un bénéfice économique. Et cela peut amortir l’impact d’une revalorisation. Ces entreprises restent donc un investissement intéressant.
Ce plan de route s’applique aux entreprises de « croissance ancienne ». Les opportunités de « nouvelle croissance », comme le commerce en ligne, se trouvent à un autre stade. Le problème est que le secteur a été défini par Amazon. Le principe veut qu’il ne peut y avoir qu’un seul acteur dominant et que tout tourne autour des économies d’échelle. Dans les années nonante et au début des années 2000, Amazon a enregistré des pertes conséquentes pour générer les rendements actuels. Cela a montré l’exemple aux autres entreprises de commerce en ligne, qui ont également enregistré de lourdes pertes. Mais, la présence d’un seul acteur principal dans chaque marché/région se justifie-t-elle nécessairement ? Et, dans l’affirmative, de qui s’agira-t-il ?
Qu’en est-il des actions défensives et qualitatives ?
Les actions défensives sont caractérisées par un rendement stable et une croissance plutôt modérée. Mais leur valorisation peut parfois être élevée. Trois secteurs aux caractéristiques défensives sont connus sur les marchés émergents : les biens de consommation, les télécom et les soins de santé.
Le secteur des télécom n’a pas confirmé, au cours du dernier cycle, sa réputation défensive. Ces actions ne sont pas très coûteuses et leur rendement peut augmenter. Le secteur des biens de consommation de base génère des rendements élevés. Et même si les valorisations en témoignent, le secteur reste attractif si les rendements se maintiennent. Il en va de même pour le secteur des soins de santé.
Un pic correspond à un point de basculement
Une chose est sûre : nous sommes proches du sommet du cycle précoce de reprise. Le retournement va souvent de pair avec la recherche d’un nouveau centre d’intérêt. Il faut oublier les anciennes opportunités, le capital abonde vers les nouvelles.
Nous voyons clairement dans quelle phase du cycle économique nous nous trouvons. Mais où, précisément, ce n’est pas clair, et cela pourrait durer encore un peu. Alors que les investisseurs continuent à digérer les différents signaux macro-économiques, le dilemme du positionnement peut perdurer.
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