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Si l’activité économique se normalise, l’augmentation de la demande et la baisse de l’offre conjuguées mèneront-elles à une hausse de l’inflation ? Keith Wade, économiste en chef chez Schroders, ne le pense pas.

Des problèmes du côté de l’offre peuvent pousser l’inflation à la hausse, car les entreprises essayent de développer des chaînes d’approvisionnement plus résilientes. Mais la faiblesse de la demande perdurera parce que les pouvoirs publics tenteront de gérer les dettes contractées pendant la pandémie et que les entreprises et les consommateurs feront preuve de prudence dans leurs dépenses. Il sera difficile de répercuter la hausse des charges et les entreprises se mettront assidument en quête de solutions technologiques. En outre, Wade ne pense pas que les pouvoirs publics utilisent l’inflation pour régler les problèmes d’endettement car ce serait politiquement impopulaire.

La politique de souplesse va-t-elle amener une hausse des prix ?

La crise du coronavirus exerce un impact déflatoire significatif sur l’économie mondiale. L’effondrement de la demande a touché les prix pétroliers, entraînant la réduction du coût de l’énergie. Les détaillants ont cherché à se débarrasser de leurs stocks excédentaires créés par le confinement en proposant des réductions de prix. Maintenant que les compagnies aériennes et les hôtels ont repris leurs activités, on peut s’attendre à davantage de réductions. Il ne serait pas étonnant de voir l’inflation passer sous la barre de zéro aux États-Unis et en Europe dans les prochains mois. La chute de prix des matières premières peut se comparer à celle de la dernière récession et du ralentissement économique au milieu du cycle, en 2015. Elle annonce une période d’inflation structurellement faible aux États-Unis dans les prochains mois. 

Pour l’instant, la baisse de l’inflation se poursuit

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Mais, au fur et à mesure de la reprise du travail et de l’amélioration de l’activité, on espère passer à la prochaine phase du cycle et on s’attend à une période d’inflation. L’augmentation de la demande, soutenue par la politique budgétaire et monétaire de stimulation jamais vue, pourrait pousser les prix à la hausse au fur et à mesure de la normalisation de l’économie mondiale. Certains voient se profiler une rupture de la tendance d’une inflation peu élevée de ces 30 dernières années et prévoient une inflation volatile et plus élevée. Quelles sont les chances que cela se produise ? 

Le QE est resté chez les banques

Wade indique que la relation entre la masse monétaire et l’inflation est, à tout le moins, un peu lâche. L’augmentation rapide de la masse monétaire va généralement de pair avec une baisse de même ampleur de la vitesse de circulation de la monnaie. Dès lors, l’inflation n’augmente pas. L’argent injecté dans le système via le QE après la crise financière est resté dans le système bancaire et n’est pas passé dans l’économie et dans le niveau de prix. 

En sera-t-il autrement cette fois-ci ? Les rachats s’opèrent principalement sur les marchés secondaires et la liquidité ainsi créée aboutit dans les comptes d’investissement et les réserves bancaires. Cela permet de maintenir les charges d’emprunt à un niveau peu élevé. L’ampleur du QE n’est pas connue, mais il arrive dans le contexte d’un effondrement de la demande. 

L’objectif des mesures prises par les pouvoirs publics est davantage d’adoucir le confinement que de relancer la demande. Selon Wade, il est bon de savoir que le QE n’a pas pour ambition de pousser les ménages et les entreprises à augmenter leurs dépenses. Les perspectives d’inflation restent donc faibles.

Que faudrait-il pour augmenter l’inflation ?

  • Trop de stimulants– le risque que les mesures de stimulation soient maintenues trop longtemps existe. Mais le ralentissement économique est important. Si le confinement est levé, les chiffres du chômage devraient diminuer rapidement. Wade pense plutôt que la capacité disponible restera élevée parce que la demande tardera à reprendre. Les consommateurs et les entreprises restent prudents par crainte d’une deuxième vague et en raison de l’insécurité relative à l’emploi.

  • Impact sur la globalisation et sur la productivité – la crise du coronavirus exercera, à terme, un impact sur la chaîne d’approvisionnement internationale. La tendance à la globalisation sera affectée. Dans ce sens, la crise du coronavirus pourrait devenir une force déflatoire dans l’économie mondiale. L’augmentation des stocks va de pair avec une perte d’efficacité et peut entraîner une hausse de l’inflation. Mais ces deux tendances doivent être considérées dans le contexte d’une demande affaiblie. 

L’automatisation entraîne une réduction des prix

La pandémie donnera un coup de fouet à l’adoption de la technologie. Cela mènera à l’augmentation de la productivité et, par conséquent, à la réduction des prix. La crise du coronavirus a notamment renforcé la transition vers le commerce en ligne.

L’inflation peut-elle résoudre le problème de la dette ?

Une fois passée la pandémie, les pouvoirs publics devront réduire leur endettement qui a flambé. Une inflation plus élevée peut être le moyen d’éroder l’énorme dette. Les assainissements et les hausses d’impôt ne sont pas populaires. Mais le chemin vers l’inflation nécessite un changement de politique. Les banques centrales perdraient leur indépendance, ce qui, pour Wade, va trop loin. Pour réduire l’endettement, il voit davantage la répression financière que l’inflation. L’inflation n’a jamais été populaire. Ceux qui s’attendent à une hausse de l’inflation pour gérer le problème de l’endettement doivent faire preuve de prudence dans leurs vœux. 

Lire aussi Will Covid-19 bring back inflation?, par Keith Wade, économiste en chef chez Schroders.

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