Il y a de nouveau un peu de lumière au bout du tunnel. L’espoir suscité par l’annonce de l’arrivée imminente d’un vaccin contre le coronavirus booste les perspectives de l’économie mondiale. Cela s’est traduit par un important rallye sur les marchés boursiers. Pourtant, la bataille n’est pas encore gagnée. Alors que l’Europe est confrontée à une deuxième vague de la pandémie, les États-Unis sont aux prises avec une troisième vague virulente. Keith Wade, chef économiste de Schroders, s’attend à ce que la reprise dure jusqu’en 2022 dans un contexte de politique budgétaire et monétaire accommodante. La croissance est supérieure à la tendance et l’inflation reste faible. Le schéma est comparable à celui de la reprise après la crise financière en 2010 et 2011.
1. La croissance économique mondiale en 2020 est passée de -4,3 % à -4,0 %, grâce à la révision à la hausse des prévisions de croissance pour les marchés émergents (passées de -2,7 % à -1,9 %) en raison d’une croissance supérieure aux attentes en dehors de la Chine.
Malgré l’espoir suscité par l’arrivée rapide d’un vaccin, Schroders pense qu’il faut s’attendre à plus de restrictions aux États-Unis et que la deuxième vague en Europe entraînera une croissance négative au quatrième trimestre. Ces effets continueront à se faire ressentir au premier trimestre de 2021. Une normalisation des activités n’est pas attendue avant le second semestre de l’année prochaine.
2. À court terme, la trajectoire de croissance prévue ressemble à un signe de racine, mais d’une manière générale, elle se présente toujours en « U » pour l’instant
La reprise ressemble plus à un « U », mais la courbe de croissance est en train de s’aplatir à cause des restrictions liées au coronavirus. Si nous ne connaissons pas une reprise en forme de W, c’est grâce à la croissance soutenue enregistrée aux États-Unis et en Chine.
3. Au début du premier trimestre, les États-Unis vont mettre en place un plan de relance de 1 000 milliards de dollars, tandis que les banques centrales garderont le robinet monétaire ouvert
Ce qui incite Keith Wade à se montrer prudent dans ses prévisions, c’est l’absence d’accord sur le plan de relance du gouvernement au Congrès américain. Les milieux économiques s’attendaient à ce que ce plan soit déjà entré en vigueur pour ralentir le chômage et relancer l’économie. Le désaccord entre républicains et démocrates sur le montant de l’enveloppe a empêché le président d’agir autrement que par décret présidentiel.
Keith Wade suppose qu’un accord sur un plan de relance de 1 000 milliards de dollars sera conclu au premier trimestre. La menace de l’impact de la troisième vague sera peut-être un incitant suffisant pour forcer les politiciens à conclure un accord. Les banques centrales maintiennent des taux d’intérêt bas, avec une faible inflation. Si la reprise se confirme, cela veut aussi dire que l’assouplissement quantitatif diminuera en intensité. Le bilan de la Fed s’élèvera à environ 9 000 milliards de dollars à la fin de la période de prévision. Cela représente une augmentation de près de 2 000 milliards de dollars par rapport à son bilan actuel. Mais le rythme de l’assouplissement quantitatif sera plus modéré et avoisinera les 100 milliards par trimestre en 2022, contre 360 milliards de dollars actuellement. Cela risque de provoquer un nouveau taper tantrum, comme en 2013.
4. Le dollar continue à baisser
Deux facteurs conduisent à un nouveau recul du billet vert. D’une part, à la suite de l’élection de Biden à la présidence et de la diminution des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, le dollar américain perd de son attrait comme monnaie refuge. D’autre part, le retour du double déficit aux États-Unis pourrait être annonciateur d’une période de faiblesse du dollar, étant donné que l’économie devient alors dépendante du financement extérieur.
Lisez aussi le chapitre Waiting for the cavalry du dernier Economic and Strategy Viewpoint, de Keith Wade, chef économiste chez Schroders.