Bien que le coronavirus sévisse aujourd’hui en Chine, Ross McSkimming, senior investment specialist chez Aberdeen Standard Investments, est convaincu qu’un investisseur ayant un horizon à long terme devrait investir dans les actions chinoises de catégorie A. Avec la croissance continue de la classe moyenne et leur inclusion dans de nombreux indices, ces actions ont un potentiel énorme pour les années à venir.
Grandes tendances
L’Écossais Ross McSkimming parvient difficilement à cacher son enthousiasme pour les actions chinoises de catégorie A (cotées sur les marchés intérieurs chinois et non à la bourse de Hong Kong), et a de nombreuses raisons structurelles à cela. Tout d’abord, il souligne certaines tendances sous-jacentes solides, comme la forte croissance économique chinoise, l’urbanisation croissante et l’essor de la classe moyenne, avec un niveau de vie de plus en plus élevé. « Ces tendances vont se poursuivre pendant des années. Et les actions A sont précisément axées sur l’urbanisation et la croissance de la consommation, et sont en grande partie à l’abri du commerce mondial. Par conséquent, les périls commerciaux ont beaucoup moins d’effet sur les actions A qu’on ne le pense généralement. »
Et le coronavirus ?
McSkimming est assez confiant et pense que le virus va se propager et ne provoquera de la volatilité ou du ‘bruit’ qu’à court terme seulement. « Nous avons constaté à un moment donné une baisse de près de 9 % des actions A, et ce, sur quelques jours de bourse. Les cours se sont ensuite redressés tout aussi rapidement et nous sommes revenus au niveau d’avant le Nouvel An chinois. 2020 sera de nouveau une bonne année, notamment grâce aux incitations gouvernementales, même si le marché est aujourd’hui en proie à des rapports négatifs. Nous ne céderons certainement pas à cela : nous ne procéderons donc ni à une rotation majeure, ni à une liquidation dans notre portefeuille, notamment du China A Share Equity Fund. Ce que nous faisons, par contre, c’est de profiter de la faiblesse des cours pour acheter. »
Facteurs techniques
Pour le spécialiste d’Aberdeen, les tendances favorables structurelles sous-jacentes sont beaucoup plus importantes que les actualités du jour. Il souligne que les actions A chinoises ne sont pratiquement pas représentées dans les indices mondiaux, mais qu’un changement se profile progressivement. « En mars 2019, les actions chinoises A sont entrées dans l’indice MSCI EM : 235 entreprises ont été sélectionnées, représentant 0,7 % de l’indice total. En novembre 2019, ce chiffre est passé à 3,5 % . Et si, sur la base de la capitalisation boursière, les actions chinoises de catégorie A sont incluses à 100 % , ce segment représentera environ 20 % . Et cela arrivera un jour, vous pouvez m’en croire. »
Il souligne qu’aujourd’hui, la plupart des investisseurs sont exposés à la Chine par le biais des ‘actions H’, autrement dit des actions chinoises cotées à Hong Kong, dont les principales valeurs sont Tencent et Alibaba. « Ces actions font trop souvent partie du portefeuille et représentent 20 à 25 % de l’indice, ce qui entraîne une trop grande concentration. Le marché intérieur chinois offre beaucoup plus d’options : 3616 actions au choix, mais environ 900 après avoir appliqué certains critères de liquidité. » McSkimming souligne qu’il s’agit d’un marché non seulement large, mais aussi profond. « Le marché intérieur affiche une capitalisation boursière de 6,38 milliards de dollars, soit le double de celle du marché H. C’est la troisième plus grande bourse du monde et la deuxième en termes de liquidité. Et les chevauchements entre les actions A et les autres sont limités. »
Faible corrélation et valorisation attractive
Et ce n’est pas tout. « Les actions A ont une faible corrélation avec les autres indices, même avec l’indice MSCI EM. Or les segments à faible corrélation et ayant du potentiel sont ce que recherchent les investisseurs, n’est-ce pas ? L’indice MSCI China (actions H) présente une corrélation de 0,7 avec l’indice MSCI World, alors que la corrélation de l’indice MSCI China A Onshare avec l’indice mondial n’est que de 0,39. » McSkimming souligne également que les actions A ne sont pas chères. « Le ratio cours/bénéfice prévu pour 2020 est de 12,5, tandis que la croissance des bénéfices attendue pour les sociétés A est de 15 % . Une valorisation attrayante dans laquelle il est à notre avis intéressant d’entrer, surtout si on a un horizon de placement de 5 à 10 ans. »