Le gestionnaire d’actifs écossais Aberdeen Standard Investment a laissé entendre via Investment Manager Fixed Income Maximilien Macmillan, de passage à Bruxelles, être peu optimiste quant à l’économie mondiale. Il a également indiqué que le potentiel haussier des marchés boursiers est limité.
Une croissance lente est structurelle
Le gestionnaire Maximilien Macmillan souligne que l’économie mondiale connaît actuellement sa plus faible croissance depuis la crise financière. Selon lui, le problème de croissance est de nature structurelle en raison du recul de la croissance de la population active et du faible niveau de productivité du travail dans le monde industriel. « Et la Chine contribue actuellement moins à la croissance parce qu’elle est beaucoup plus réticente à recourir à des mesures d’incitation fiscale que lors de précédentes périodes de faiblesse, comme en 2008 et 2015. »
Il souligne également la forte divergence entre les secteurs de l’industrie et des services en Occident. Le premier, en particulier, se porte moins bien et fait craindre une récession. Cependant, il y a deux raisons pour lesquelles, selon Macmillan, les observateurs du marché estiment que ce n’est pas si grave. « D’une part, l’industrie des pays développés est en déclin depuis longtemps déjà, tout comme son importance dans l’économie globale. D’autre part, il y a certains facteurs particuliers, comme le ralentissement de l’industrie automobile en raison des scandales, et les effets de la guerre commerciale. Beaucoup se disent qu’il ne faut pas grand-chose pour surmonter ces obstacles. »
Baisse des bénéfices des entreprises
Cependant, Macmillan considère que ce raisonnement est trop simpliste. « Il y a des causes plus profondes auxquelles tout le monde n’est pas attentif. Depuis 2015, les bénéfices des entreprises aux États-Unis sont en effet en baisse, surtout pour les petites entreprises. De plus, le niveau de confiance du CEO moyen est aujourd’hui très faible. En effet, de nombreux CEO ne s’attendent pas à ce que l’économie reparte à la hausse avant quelques années, si bien qu’ils reportent les investissements des entreprises. »
On peut se demander si un accord commercial entre la Chine et les États-Unis entraînera un changement de cap. Pour Macmillan, ce sera bon pour le sentiment du marché à court terme, mais l’enterrement de la hache de guerre ne donnera en aucun cas un nouvel élan à l’économie mondiale et ne stimulera pas davantage la croissance de l’économie chinoise.
Et pourtant, des records sur les marchés boursiers ?
Compte tenu de la faiblesse de l’environnement économique, comment explique-t-il alors la reprise actuelle ? Il distingue deux raisons. D’une part, l’énorme stimulus de la Réserve fédérale, non seulement en abaissant les taux d’intérêt, mais aussi en relançant son bilan. Et d’autre part, l’optimisme concernant les relations entre la Chine et les États-Unis qui, comme l’indiquait précédemment Macmillan, crée un sentiment positif (temporaire).
L’Écossais est d’avis que le rallye des bourses va s’atténuer progressivement. « Les rendements boursiers diminuent à mesure que la conjoncture commence à s’affaiblir. Cela jour certainement un rôle aujourd’hui, maintenant que la récente reprise du marché a fait grimper la valorisation moyenne. Le ratio cours/bénéfices et cours/valeur comptable et les marges bénéficiaires ont fortement augmenté ces dernières années. »
Les comportements à risque ont changé
Enfin, dans la période de fin de cycle actuelle, l’allocation de l’actif ne devient pas plus facile. « Les gestionnaires devront réagir plus rapidement et mieux cibler les marchés. En outre, ils devront investir davantage dans des classes d’actifs peu connues et peu corrélées avec le marché, comme les titres de créance des marchés émergents libellés en monnaie locale. Le rendement varie entre 6 et 7 %, une grande différence avec les obligations des pays développés. Investir dans l’infrastructure reste également un must. »