Avec environ 12 milliards d’euros sous gestion en Belgique, ABN Amro Belgique occupe une position de challenger pour les grandes banques privées et les grandes banques. Elle souhaite avant tout servir efficacement les entrepreneurs et miser fortement sur l’architecture ouverte et la durabilité.
C’est ce que déclare Joachim Aelvoet (photo), CEO d’ABN Amro Belgique depuis avril dernier. « Nous allons nous concentrer sur deux grands piliers stratégiques : la gestion de patrimoine et le corporate banking, domaines dans lesquels nous sommes actifs depuis environ sept ans sur le marché belge. Nous voulons soutenir les entreprises de manière efficace, aussi bien l’entreprise que l’entrepreneur. Ces deux aspects sont étroitement liés, ce qui nous permet de servir efficacement les entrepreneurs familiaux. Nous nous concentrons fortement sur les entrepreneurs, surtout avec le paysage des PME très développé en Belgique. Notre connaissance de ce marché constitue un avantage distinctif par rapport à nos concurrents. »
Aelvoet précise que dans le cadre de la gestion de patrimoine, un système d’architecture ouverte est en place. « Ce qui nous distingue également, c’est que nous utilisons une plateforme en délégation de gestion (subadvisory). Sur le marché belge, il n’y a que peu, voire pas d’acteurs qui en font usage. Il s’agit donc d’une architecture totalement ouverte, mais nous faisons également appel à l’expertise disponible au sein du groupe, en l’occurrence en France pour la sélection de fonds. Nous avons par exemple trouvé un excellent gestionnaire de fonds durables aux États-Unis. Celui-ci ne possède pas de licence Ucits, mais nous pouvons l’intégrer sur notre plateforme pour le proposer via des mandats. Vous pouvez non seulement rechercher les meilleurs gestionnaires, mais également ajouter vos propres critères de durabilité et surveiller les coûts. Vous gérez ainsi vos propres risques opérationnels entièrement vous-même. »
Entrepreneurs de PME
Ainsi que mentionné précédemment, la banque mise fortement sur les entrepreneurs familiaux, qui peuvent être servis à partir d’un patrimoine investi de 750 000 euros. C’est plus que les quatre grandes banques et d’autres acteurs tels que Delen Private Bank et Degroof Petercam. « Cependant, on arrive très vite à un patrimoine investi de 2 à 2,5 millions d’euros. Depuis l’Allemagne, nous avons également acquis il y a vingt ans une solide expertise en matière de capital-investissement. Dans ce segment, nous travaillons pour des patrimoines à partir de 5 millions d’euros. »
Toutes les parties s’engagent en faveur de la durabilité, mais Joachim Aelvoet affirme que « la capacité distinctive de la banque dans ce domaine se manifeste depuis vingt ans déjà. Il suffit de penser à la joint-venture avec Triodos en 2004, par exemple. Nous jouons donc un rôle de pionnier dans ce domaine, ce qui s’inscrit dans la stratégie globale de la banque et de notre ADN. Nous avons ainsi été l’une des premières banques sur le marché belge à pouvoir proposer un mandat d’impact Article 9 dans le cadre d’une gestion discrétionnaire.
Le reporting non financier revêt également une grande importance. Près de 90 % des discussions au sein des banques traditionnelles portent sur la performance relative. Nous souhaitons également évaluer la performance non financière d’un portefeuille. De nombreux investisseurs ne voient pas l’impact de leur portefeuille. Nous le présentons de manière compréhensible : combien de vols Zaventem-New York ont ainsi été épargnés ? Les investisseurs souhaitent réduire l’impact négatif sans compromettre la performance du portefeuille. »
Joachim Aelvoet affirme que la multitude de législations dans ce domaine a également suscité certaines hésitations. « Il y a toujours une sorte de crainte sous-jacente de tomber dans le greenwashing. »
Sélection de tiers
Une équipe d’une trentaine d’analystes basée à Paris se charge de la sélection des tiers et fait également office de gatekeeper. « Nous commençons par un screening quantitatif d’environ 150 000 fonds différents. Le gestionnaire fait également l’objet d’une due diligence complète, qui examine la stabilité du processus et élimine le facteur chance. Outre la due diligence sur le gestionnaire, nos propres équipes se rendent également sur place afin de procéder à une due diligence opérationnelle. Il s’agit d’un processus assez approfondi et chronophage. Nous pouvons également aider les parties externes qui n’ont pas de licence Ucits en Belgique à distribuer leur expertise sur le marché belge. »
Joachim Aelvoet mentionne que l’acquisition et l’intégration de la Société Générale par son prédécesseur ont constitué une réalisation majeure. « Elles ont été menées à bien de manière satisfaisante. La question est maintenant de savoir comment nous pouvons nous développer de manière organique au cours des cinq prochaines années. Nous sommes la troisième banque privée pure play sur le marché belge, mais l’écart qui nous sépare des deux autres acteurs est encore trop important. Nous allons doubler notre équipe d’acquisition bankers et de wealth planners et renforcer de 20 % notre équipe de private bankers. Il s’agit donc d’un étoffement considérable de nos équipes commerciales. »
Parallèlement, Joachim Aelvoet souhaite rapprocher encore davantage le corporate banking et le wealth management. « Si vous êtes un entrepreneur familial, vous ne vous souciez pas de savoir si votre interlocuteur est un corporate banker ou un private banker. Ce qui compte, c’est la confiance que vous lui accordez. Si la confiance est bonne, cette personne peut accompagner le client tout au long de son parcours. »
En troisième lieu, Joachim Aelvoet précise que « pour faire la différence, une approche personnelle est cruciale dans notre domaine d’activité. Le numérique, c’est bien, mais c’est l’aspect personnel qui fera la différence, j’en suis fermement convaincu. Nous voulons disposer des bonnes personnes en interne, veiller à ce qu’elles se sentent à l’aise et investir en elles ainsi que dans leur expertise. »