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L’allocation d’actifs d’un assureur est différente de celle d’un gestionnaire de patrimoine traditionnel ou d’une banque privée. D’une part, il y a les dispositions imposées par le régulateur et, d’autre part, les engagements à long terme. Les faibles rendements des obligations d’État constituent également un défi pour AG Insurance, une situation qui est contrée par une augmentation stratégique de la pondération des actions et l’ajout de classes d’actifs alternatives. Un scénario de stagflation est peu probable, estime AG Insurance.

C’est ce que déclare Olivier Colsoul (photo), Senior Strategist chez AG Insurance.

 

 

« Nous devons tenir compte des limites du régulateur. Comme nous prenons davantage de risques dans nos profils d’investissement, nous devons aussi mettre plus de capital de côté. Pour les actions, par exemple, c’est beaucoup plus que pour les obligations d’État.

C’est une première contrainte. Ensuite, nous avons également des engagements à long terme envers nos clients, c’est pourquoi nous investissons généralement dans une optique buy en hold, surtout pour les obligations, que nous achetons et conservons pour le rendement.

De plus, nous pouvons également investir dans des instruments plus risqués tels que les actions et les infrastructures, qui peuvent fournir des rendements plus élevés à un risque acceptable. Nous tenons aussi principalement compte des flux de trésorerie nets disponibles à des fins de réinvestissement. Cette situation diffère donc de celle d’un fonds, par exemple, qui peut adapter rapidement sa stratégie. Notre stratégie est donc relativement stable, avec des accents tactiques. » 

Allocation d’actifs stratégique 

L’allocation d’actifs stratégique est le point de départ du portefeuille. L’objectif est de maximiser et stabiliser le rendement attendu ainsi que la marge d’investissement à long terme, conformément à l’appétit pour le risque. Elle fait l’objet d’une révision régulière, qui s’est produite pour la dernière fois au début de l’année. « Un certain nombre d’ajustements ont été effectués. Par exemple, l’exposition aux actions a été augmentée de quelques points de pourcentage, parce que l’environnement de faibles taux d’intérêt offre peu de rendement dans le volet obligations d’État. C’est plus facile à réaliser avec les actions. En outre, il existe d’autres possibilités, comme les actions d’infrastructures, qui nécessitent moins de capitaux. » 

« La pondération effective des actions sera donc probablement encore augmentée à moyen terme », déclare Colsoul. Les investissements illiquides dans le crédit, par exemple des alternatives aux très coûteuses obligations d’entreprises, sont également une option. « Nous pouvons également inclure dans le portefeuille des prêts hypothécaires ou des prêts directs que nous sélectionnons auprès de tiers. De cette manière, nous pouvons également obtenir un rendement supérieur de 100 points de base, voire davantage, par rapport aux obligations d’entreprises investment grade. L’immobilier reste également une source de diversification intéressante grâce à l’activité historique d’AG Real Estate. »

Agir de manière tactique

Un timing parfait n’est pas possible, mais avec des marchés boursiers plus volatils, les gestionnaires de portefeuille d’AG Insurance ont encore acheté tactiquement dans le segment des actions. « Cependant, nous ne nous attendons pas à une correction sévère car nous nous trouvons dans une phase d’expansion qui, même si elle va ralentir quelque peu, est supérieure à la croissance structurelle. » Selon Colsoul, la croissance viendra à terme des ménages, grâce à une forte demande du côté des commandes, à la création de nouveaux emplois et à une épargne abondante. Selon lui, cela stimulera les bénéfices des entreprises et le cours des actions à moyen terme.

Durabilité

AG Insurance est également soumis à des règles de durabilité, telles que le SFDR et la Taxonomie européenne. Il y a les critères internes tels que l’exclusion des activités controversées, l’intégration ESG et l’engagement dans des entreprises principalement belges. « Nous travaillons également avec le label Towards Sustainability afin de certifier les investissements durables.

Nous avons actuellement 7 milliards d’euros d’investissements conformes au label, qui sont également conformes à l’Article 8. Nous avons aussi un nombre plus limité d’investissements conformes à l’Article 9, mais le nombre d’actifs verts va certainement augmenter. Il y a également l’objectif interne au niveau d’Ageas, selon lequel nous voulons investir 10 milliards d’euros dans des investissements d’impact durables, tels que les obligations ESG et l’immobilier durable. Nous en sommes maintenant à 6,5 milliards, et cela va augmenter dans les années à venir. »

Stagflation

Enfin, Colsoul déclare que la stagflation n’est selon lui pas un scénario fortement probable. L’inflation va effectivement déraper un peu plus longtemps et plus durement dans les semaines et les mois à venir, mais c’est principalement dû aux prix de l’énergie et aux goulets d’étranglement. « Cependant, c’est à notre avis plutôt temporaire et une fois que ces goulets d’étranglement seront résolus, l’inflation devrait vraisemblablement se calmer. En particulier, l’inflation des services et des salaires en Europe reste faible. Nous ne pensons pas que nous allons revenir aux années 70. »
 

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