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La crise bancaire aux États-Unis a ébranlé les fondements de la sphère financière. Le top 5 de cette semaine met en lumière les fonds qui ont le mieux tenu le cap dans la tempête.

Le secteur financier traverse une zone de turbulences. Les hausses de taux qui se poursuivent, la mauvaise gestion du risque de taux et les retraits massifs de fonds par les déposants ont entraîné la chute de quatre banques américaines et le rachat forcé par UBS de Credit Suisse, plombé par de nombreuses controverses. La multiplication des signaux d’alarme, les bouées de sauvetage lancées par les autorités et la crainte de répliques sismiques ont tenu les investisseurs en haleine.

Les cryptobanques Silvergate et Signature Bank ont été entraînées dans la débâcle de FTX. La panique bancaire a été fatale à la Silicon Valley Bank. Quant à First Republic Bank, après une agonie prolongée, elle est tombée aux mains de JP Morgan. Dans l’affolement, les maillons faibles du secteur se sont retrouvés sous pression, même sur l’autre rive de l’Atlantique, où Credit Suisse a été racheté par UBS. Autre victime collatérale, le marché des emprunts AT1 a perdu la confiance des investisseurs après avoir été sacrifié lors du sauvetage orchestré de l’établissement helvétique.
Et le calme et la confiance sont encore loin d’être revenus : PacWest, une banque régionale américaine, se trouve elle aussi dans la tourmente. Pour le secteur financier, le cru 2023 restera dans les annales.

Une surveillance lacunaire

Si l’effet domino qui a décimé le secteur bancaire régional aux États-Unis est imputable surtout à une mauvaise gestion associée à une surveillance lacunaire, la politique monétaire de la Fed a aussi joué un rôle. L’inflation croissante, que Jerome Powell, le président de la Fed, qualifiait encore de temporaire en 2021, s’est révélée plus durable que prévu. La Réserve fédérale américaine a tenté de l’endiguer avec des tours de vis agressifs : les taux directeurs sont passés de 0 à plus de 5 % en un temps record.

Les effets de ce changement de cap monétaire commencent petit à petit à se faire sentir sur l’économie, mais ils ont eu un effet secondaire indésirable : un énorme écart entre la rémunération des comptes d’épargne et celle que pouvaient obtenir les investisseurs sur les fonds du marché monétaire ou les obligations à échéance courte. La panique bancaire (virtuelle) qui s’en est ensuivie a créé des problèmes pour les établissements bancaires concernés, tandis que les portefeuilles obligataires étaient eux aussi malmenés.

Les affres du secteur bancaire entraîneront une surveillance accrue et un renforcement de la réglementation, un durcissement des tests de résistance et des exigences en matière de tampons de fonds propres. En outre, le nombre de grands établissements trop importants pour faire faillite est également voué à augmenter. Cette situation aura aussi des répercussions en termes d’octroi de crédit, pour lequel les établissements régionaux américains jouaient un rôle important, alimentant la croissance de l’économie américaine.

Avec une perte de 1,95 % sur les quatre premiers mois de l’année 2023, le MSCI World Financials est clairement resté dans l’ombre du marché. Dans l’ensemble, toutefois il devance le secteur énergétique. Si l’on analyse plus en détail les performances du secteur, les problèmes des banques régionales américaines apparaissent clairement. L’indice MSCI World Banks a ainsi accusé une perte de 4,19 %, alors que l’indice KBW Nasdaq Regional Banking, qui suit l’évolution des banques régionales américaines, avait perdu près du quart de sa valeur fin avril. Le tableau était tout autre en Europe, où l’indice bancaire avait progressé de 9,8 %.

Le top 5

Le classement de cette semaine se base sur les performances entre début janvier et fin avril 2023 des fonds de la catégorie Morningstar des actions finance. Les fonds présentant une exposition significative à un sous-secteur ou une région spécifique sont exclus pour éviter tout biais.

La première place du top 5 revient au fonds Algebris Financial Equity, avec une progression de 2,5 %. La stratégie fait la part belle aux liquidités (15-20 %) et est surexposée aux banques européennes. Pour son gérant, Mark Conrad, le continent européen actuellement les meilleures opportunités, car les répliques du choc récent se feront probablement moins sentir qu’aux États-Unis. En outre, les banques européennes profitent toujours de soutiens importants apportés par les fondamentaux, les valorisations et le sentiment. Ces valeurs se négocient selon lui à un niveau de crise. Nombre d’actions bancaires européennes affichent un taux de distribution (qui tient compte du rendement du dividende et rachats d’actions) à deux chiffres.
Les principales positions du portefeuille sont UniCredit, Banco Santander, Société Générale et ING Groep, les fleurons étant les grecs Piraeus Financial Holdings et Alpha Services and Holdings. Ces belles performances ont compensé le recul des neuf banques régionales américaines dans lesquelles le fonds étaient investi, qui ont perdu 15 à 30 % sur les quatre premiers mois de 2023.

La deuxième place est occupée par le fonds Robeco New World Financials, noté Bronze au Medalist Rating de Morningstar. L’équipe, composée de Patrick Lemmens, Michiel van Voorst et Koos Burema, tous trois très expérimentés, applique de manière rigoureuse la stratégie axée sur la croissance, avec une approche qui associe analyse descendante des tendances et sélection ascendante des titres.

Le portefeuille sous-pondère structurellement les banques, car les gérants estiment que d’autres segments du secteur financier présentent de meilleures opportunités de croissance. Au cours des trimestres écoulés, l’exposition aux titres financiers américains a été réduite, avec notamment un allègement des positions dans Charles Schwab et Morgan Stanley. Le fonds a toutefois été affecté par les récents troubles, du fait de sa petite participation dans Signature Bank et SVB.

Au sein du secteur bancaire, l’équipe voit des opportunités au niveau des concurrents européens et sur les marchés émergents. L’exposition au secteur financier japonais a aussi été relevée, notamment avec le rachat de Resona. Pour les gérants, cette banque axée sur le marché local est la mieux positionnée pour tirer parti d’un changement de politique de la Banque du Japon, si cette dernière devait décider de revoir encore le mécanisme de contrôle de la courbe des taux, voire de normaliser la politique des taux, actuellement négative. 

L’exposition à la finance numérique a aussi été progressivement réduite, avec un arbitrage des valeurs de croissance spéculatives vers des entreprises de plus grande qualité, actives notamment dans les données financières et les plateformes de négociation. Cela ne signifie pas pour autant que le fonds n’est plus exposé aux entreprises émergentes susceptibles de présenter un caractère disruptif, car les gérants restent convaincus des perspectives à long terme des sociétés de paiement telles que Block ou Marqeta ; la déchéance des monnaies numériques en 2022 ne les a pas amenés à revoir leurs attentes pour les écosystèmes basés sur la blockchain.

Jeffrey Schumacher est directeur de la recherche sur les gérants chez Morningstar. Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives. Partenaire d’Investment Officer, Morningstar propose chaque semaine un classement des cinq meilleurs fonds ou prestataires d’un secteur ou thème donné.
 

 

 

Jeffrey Schumacher is director manager research bij Morningstar. Morningstar analyseert en beoordeelt beleggingsfondsen op basis van kwantitatief en kwalitatief onderzoek. Morningstar is één van de kennispartners van Investment Officer en rangschikt wekelijks vijf beleggingsfondsen of aanbieders.

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