Par rapport à la bulle de 2015, il n’est certainement pas question de bulle dans les actions chinoises. Selon Shannon Zheng, il y a deux explications à l’augmentation de plus de 25 % depuis le début de cette année.
En tant que Product Specialist chez Allianz Global Investors, Zheng (photo) est notamment responsable des stratégies actions chinoises. Lors d’un entretien avec Investment Officer, elle déclare ne pas s’inquiéter à propos de la formation d’une bulle.
« Certainement pas par rapport à la mi-2015, lorsque les indices locaux avaient doublé en moins d’un an. À l’époque, le marché était sous le charme du margin trading et les investisseurs de détail empruntaient massivement pour acheter des actions. Aujourd’hui, ces investisseurs sont également actifs sur le marché, mais leur proportion est beaucoup plus faible en termes de pourcentage. En 2015, le margin trading représentait 20 % du volume des échanges, contre 10 % aujourd’hui sur un volume beaucoup plus important. Ce phénomène doit cependant être tenu à l’œil. »
Ce qui rassure la Product Specialist, c’est que cette fois-ci, le gouvernement veille vraiment à ce que la spéculation ne devienne pas incontrôlable. « Il ne veut en aucun cas stimuler le marché haussier actuel. » Zheng note également que les grandes entreprises du monde financier, le secteur des télécommunications et certains autres indices importants, qui montent normalement lorsque le gouvernement intervient directement sur le marché, sont cette fois-ci à la traîne. « Ce sont maintenant principalement les petites valeurs qui sont en tête. » Dans l’intervalle, le gouvernement stimule l’économie par le biais d’interventions fiscales et monétaires et améliore indirectement les perspectives pour les résultats d’exploitation et, dans un certain sens, pour le marché boursier », ajoute encore Zheng.
Raisons de l’augmentation
En outre, les raisons de cette forte hausse sont également claires selon Zheng : « Tout d’abord, la Chine a maîtrisé assez rapidement l’épidémie de coronavirus et l’économie s’est progressivement redressée depuis lors. Il n’y a plus de confinements, tandis que l’activité industrielle et le secteur des transports retrouvent progressivement le même niveau qu’il y a un an. Dans un monde où la croissance est relativement rare, de nombreux investisseurs se tournent donc rapidement vers la Chine et les actions A chinoises. »
La deuxième raison réside selon elle dans l’afflux continu de capitaux d’investissement. Zheng souligne que ce sont principalement des investisseurs de détail nationaux qui s’affirment par le biais d’investissements directs en actions, mais aussi de fonds d’investissement. Cependant, l’afflux de capitaux étrangers est également en hausse et connaît son plus haut niveau de l’année.
La question est bien sûr de savoir si cette hausse peut se poursuivre. Zheng est prudente et ne s’attend pas à ce que la forte hausse récente se reproduise, surtout maintenant qu’il y a déjà beaucoup de bonnes nouvelles sur le marché. « Il est plus probable que le marché soit latéral au cours du second semestre de l’année. »
Elle suppose en outre que le gouvernement prendra des mesures pour refroidir le marché. « La dernière chose que le gouvernement veuille aujourd’hui, c’est une implosion du marché. Une grande différence avec les marchés haussiers précédents car à l’époque, le gouvernement mettait tout en œuvre pour acclamer et soutenir les marchés. Le fait que le marché évolue dans une fourchette étroite ces dernières semaines et semble vouloir reprendre son souffle après la montée fulgurante constitue d’ores et déjà un signe positif », conclut-elle.
Un jeu de consommateurs parfait ?
Les actions A chinoises font désormais également partie du vaste indice MSCI EM, ce qui revêt cependant une importance plutôt symbolique pour la Product Specialist. « Cela concerne principalement les investisseurs étrangers, mais n’a aucune importance pour l’investisseur de détail local. Et vu que ce sont surtout ces derniers qui sont déterminants, l’impact de cette inclusion est plutôt négligeable. »
Zheng souligne que l’impact du MSCI doit être recherché sur un autre plan, à savoir au niveau de la transformation que connaissent les entreprises chinoises en termes de transparence, de gouvernance et d’autres questions ESG. « Plus il y aura d’investisseurs étrangers dans les actions A locales, plus il y aura d’interactions et plus ces entreprises devront s’adapter aux normes internationales. Par conséquent, l’impact sera énorme à moyen terme. »
On affirme souvent que les actions A chinoises sont le moyen idéal de répondre à la croissance des consommateurs chinois. En effet, il existe plus de 1000 actions A chinoises et le choix est vaste au niveau des nouvelles tendances technologiques, des noms des consommateurs et des soins de santé. Mais si un investisseur européen veut jouer pleinement la carte de la croissance, il devra cependant investir à la fois dans des actions A et des actions cotées à Hong Kong ou sur les marchés américains, souligne Zheng.
« La raison en est que tous les secteurs ne sont pas aussi bien représentés sur les marchés locaux et que de nombreuses entreprises chinoises, notamment les plus grandes, sont cotées hors de Chine et fournissent importante une contribution (de croissance). »
Tensions commerciales
L’affrontement des deux superpuissances, les États-Unis et la Chine, était écrit depuis longtemps dans les étoiles et s’est également intensifié depuis 2018. « Et bien que les tensions commerciales demeurent latentes, elles ne sont plus sur le radar de nombreux investisseurs et observateurs du marché. Ils semblent se rendre compte du fait que ces tensions ne disparaîtront pas, mais aussi qu’elles n’ont provisoirement pas d’impact dévastateur. Le marché est devenu insensible à ce type de nouvelles. Et l’investisseur chinois ne s’en soucie en fait absolument pas. »
Zheng souligne qu’en raison des tensions commerciales, la Chine devient encore plus rapidement un producteur de produits de haute qualité et de services sur mesure et que la technologie va jouer un rôle encore plus important. « On est de plus en plus conscient du fait que la Chine ne peut plus compter sur les produits importés et sur les autres pays. »
Fonds : Allianz Global Investors Fund – Allianz China A-Shares EUR
Code ISIN : LU1997245334
Date de lancement : 23/10/2019 (la stratégie existe déjà depuis 2009)
Rendement YTD : 27,57 %
Rendement depuis le lancement : 38,82 %