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La société allemande de gestion d’actifs Allianz Global Investors veut encore stimuler sa stratégie durable. Les activistes ESG vont encore souvent se faire entendre au sein des entreprises dans les années à venir. 

À cette fin, Allianz a engagé en décembre 2020 Matt Christensen en tant que Global Head of Sustainable and Impact Investing. Actif dans le domaine de la durabilité depuis près de vingt ans, l’Américain est donc bien placé pour mettre en perspective certaines tendances récentes.

Réglementation européenne

Ces dernières années, l’ESG et la durabilité ont rapidement trouvé le chemin des gestionnaires d’actifs. Pour Matt Christensen, nous le devons à la réglementation européenne, que le secteur a rapidement adoptée et mise en pratique.

« Au cours des dix années précédentes, on travaillait davantage sur une base volontaire, mais avec peu d’efficacité. L’UE a ensuite changé de cap et en a fait une obligation, car elle voyait là un moyen de faire figure de précurseur au niveau mondial.

Et c’est effectivement le cas aujourd’hui, tout comme ce le fut pour la protection des données il y a quelques années. Il est évident que d’autres pays et régions suivront le mouvement et adopteront une grande partie des principes de base.

Le président américain Joe Biden s’est déjà engagé sur cette voie et cela ne tardera pas non plus en Asie. » Pour Christensen, tout cela aura un impact énorme sur l’industrie financière, et c’est peut-être bien la principale tendance qui se dessine aujourd’hui dans le secteur des services financiers.

Dans son pays d’origine, les États-Unis, il constate encore un clivage entre partisans et détracteurs, mais la durabilité s’est néanmoins généralisée, même parmi les personnes négatives à l’égard de l’accord de Paris.

« Vous vous souvenez du chaman populiste qui a manifesté au beau milieu du Congrès il y a quelques mois ? Eh bien, quelques semaines plus tard, il faisait une grève de la faim en prison parce qu’il voulait de la nourriture bio. Une belle illustration du fait que la durabilité s’est répandue aux États-Unis.

Il n’est dès lors pas surprenant que BlackRock et d’autres acteurs clés du secteur s’engagent progressivement sur la voie de la durabilité à long terme. »

Pratique et plus d’interaction

Sur le plan pratique, le spécialiste d’Allianz distingue différents mouvements. « Dans les années à venir, tous les fonds d’investissement ne disposeront pas d’un label durable, mais proposeront tous un certain reporting sur la durabilité.

En d’autres termes, l’approche ESG intégrée sera partout. En outre, la gamme de fonds d’impact et durables continuera de s’élargir, offrant ainsi un large choix aux investisseurs.

À l’avenir, nous nous attendons également à ce que la demande porte davantage sur l’impact de l’investissement que sur ses résultats. Les investisseurs de fonds vont évoluer et se demanderont invariablement quelles sont leurs attentes en matière de risque/rendement/impact. Et cela pourrait s’exprimer par un calcul et une empreinte carbone ‘net zero’. » 

Selon Christensen, le rôle du gestionnaire va également évoluer. « Tout gestionnaire qui entame des discussions avec des entreprises disposera des connaissances ESG nécessaires pour poser les bonnes questions.

De plus, l’implication et l’interaction pour montrer la voie aux entreprises ne feront qu’augmenter. » Il souligne que les premières mesures ont déjà été prises. « Pour nos fonds ayant une approche ‘Climate Engagement with Outcome’, nous prenons les dix plus grands émetteurs de CO2 de chaque portefeuille et engageons un dialogue avec eux.

Sur la base de l’analyse de toutes sortes de données, nous avons élaboré un questionnaire que nous nous apprêtons à envoyer à 185 entreprises présentes dans 35 de nos fonds.

Nous voulons savoir ce qu’elles font pour devenir davantage ‘net zero’ et comment elles aborderont la transition en matière d’émissions. Nous allons répéter cela régulièrement et si rien n’est fait pendant une certaine période, nous sortirons.

Cela fait partie de notre plan par étapes. Et si cela s’avère nécessaire, nous travaillerons également avec d’autres gestionnaires d’actifs, car nous devons adopter une position commune.

Dans six mois, nous aurons tiré nos premières conclusions. Mais en fin de compte, ce que nous voulons avant tout, c’est faire l’éloge des entreprises actives sur le plan climatique plutôt que braquer les projecteurs sur les noms des entreprises qui ne font rien. » 

Les défis n’ont pas disparu

Cependant, Rome ne s’est pas faite en un jour et des défis subsistent, comme les récents problèmes rencontrés par les fabricants occidentaux de biens de consommation du style Nike suite aux critiques concernant l’exploitation sociale en Chine.

« En matière de durabilité, on fait un grand bond en avant, puis quelques pas en arrière. Ce n’est pas un processus linéaire. Dans le passé, nous avons cependant constaté à maintes reprises que les crises sont porteuses d’opportunités. Pendant la pandémie, par exemple, une réforme de l’éducation et des soins de santé a fait l’objet d’une réflexion active, ce qui aura un impact positif. »

Christensen estime également qu’il y a encore du pain sur la planche au niveau des entreprises. « Certains secteurs doivent être exclus parce que nous pensons qu’il ne s’agit pas d’une industrie d’avenir.

Par contre, nous n’excluons pas le pétrole et le gaz maintenant, car beaucoup de choses bougent. Exxon, par exemple, a récemment ajouté deux personnes à son conseil d’administration afin d’appliquer une approche davantage axée sur le climat. Et l’arrivée d’activistes ESG au sein des entreprises est quelque chose que nous verrons souvent dans les 5 à 10 prochaines années. »

AllianzGI a déjà pris différentes mesures dans le domaine de la durabilité.

Par exemple, le gestionnaire d’actifs a converti 74 de ses plus grands fonds aux approches ‘ISR best in class’ et ‘Climate Engagement with outcome’.

Et ils pratiquent tous des exclusions au niveau du Pacte mondial des Nations unies, des armes, du tabac et du charbon. Cela a porté à 120 le nombre total de fonds catégorisés articles 8 et 9 de la nouvelle législation SFDR, qui est entrée en vigueur le 10 mars 2021, avec un total d’actifs sous gestion de plus de 100 milliards d’euros (voir tableau ci-dessous).

 

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