Cedric Carbonez & Manfred Krcmar
Cedric Carbonez & Manfred Krcmar

La plateforme néerlandaise Altix offre depuis peu aux investisseurs belges la possibilité d’investir dans le capital-investissement à partir de 100 000 euros. Cedric Carbonez et Manfred Krcmar, partenaires d’Altix Belgique, expliquent comment Altix abaisse le seuil, réduit les coûts et entend lever 1 milliard d’euros dans la région du Benelux d’ici cinq ans.

Le capital-investissement est souvent associé à des sommes importantes et à des fonds exclusifs. Altix, fondée par Cesco van der Vliet et Tom Boersma, deux vétérans néerlandais du capital-investissement, a mis au point un modèle qui permet de réaliser des investissements plus modestes. Les investisseurs peuvent ainsi accéder à des fonds de premier plan avec un dépôt minimum de 100 000 euros, ce qui leur permet d’investir dans huit fonds de capital-investissement différents, et donc de prendre indirectement  position dans une centaine d’entreprises.

Aux Pays-Bas, Altix a levé plus de 140 millions d’euros en seulement deux ans et demi. C’est maintenant au tour de la Belgique.

Pourquoi Altix arrive-t-il en Belgique ?

Manfred Krcmar : « L’entité néerlandaise d’Altix avait remarqué que les investisseurs belges avaient eux aussi trouvé le chemin de la plateforme. Cela n’était en soi pas surprenant, puisque les Flamands parlent la même langue et que l’intérêt pour le capital-investissement y va croissant – surtout si l’on propose une solution accessible. De nombreux investisseurs veulent se jeter à l’eau et ont plus de chances de le faire avec 100 000 euros qu’avec 1 million, même s’ils disposent de 20 millions d’actifs investissables. C’était pour nous le signal qu’il fallait activement nous développer en Belgique, avec notre propre équipe locale et un bureau à Anvers. »

La démocratisation du capital-investissement ne s’arrêtera peut-être pas à 100 000 euros.

Cedric Carbonez : « C’est vrai que 100 000 euros, c’est quand même une somme importante, surtout s’il faut les bloquer pendant 10 ans ; mais c’est le minimum auquel nous devons nous tenir en raison de la réglementation. À moyen terme, nous voulons évoluer vers des montants plus faibles grâce à des structures telles que les Eltif. Mais pour l’instant, nous maintenons le seuil à 100 000 euros, également pour assurer un bon rapport coût-efficacité. Nous voulons d’abord bien faire les choses et voir ensuite si nous pouvons passer à l’étape suivante. »

Manfred Krcmar : « Il est important de savoir que, bien que le minimum soit de 100 000 euros, le ticket moyen aux Pays-Bas est d’environ 400 000 euros. Certains investisseurs investissent simplement 100 000 euros par an, qui sont ensuite placés dans une centaine d’entreprises à chaque fois. »

Les investisseurs sont-ils sélectionnés en fonction de leurs connaissances et de leur actif global ?

Cedric Carbonez : « Nous procédons toujours à une forme de vérification. Nous cherchons à savoir si la personne comprend la nature et le profil de risque du capital-investissement, et si l’investissement est proportionné à ses actifs totaux. »

Manfred Krcmar : « Le pourcentage exact dépend beaucoup de la personne. Il n’y a pas de limite stricte, mais en général, 20 à 25 % des valeurs mobilières constituent une limite supérieure saine. Pour certains, il s’agit de 5 %, pour d’autres de 50 %, en fonction de leur profil. »

Comment sélectionnez-vous les fonds de capital-investissement ?

Cedric Carbonez : « Cela se fait de manière très rigoureuse. Tout d’abord, nous établissons une liste restreinte de 700 fonds en Europe, qui correspondent à notre stratégie pour le marché intermédiaire. Nous les sélectionnons ensuite sur la base de quatre critères : l’équipe, les antécédents, les conditions et la tactique. La sélection se fait étape par étape : d’abord une brève analyse, puis un rapport d’investissement approfondi de 50 pages par fonds. Nous discutons avec les gestionnaires de fonds, participons à des conférences et procédons à des analyses comparatives approfondies. »

Manfred Krcmar : « Il est important de comprendre que 80 % des fonds prétendent faire partie des 25 % les plus importants. La sélection est donc cruciale. Nous nous efforçons de ne sélectionner que les fonds qui peuvent, de manière réaliste, se classer dans cette catégorie supérieure. »

De nombreux investisseurs recherchent aujourd’hui la tranquillité d’esprit et la constitution de patrimoine à long terme, sans fluctuation quotidienne des prix. C’est ce qu’offre le capital-investissement.

Nous vivons une époque turbulente. Qu’est-ce que cela signifie pour le capital-investissement ?

Manfred Krcmar : « Les Bourses réagissent souvent de manière hystérique à chaque tweet ou titre d’actualité. Le capital-investissement se concentre sur la création de valeur à long terme. Par conséquent, les sociétés de capital-investissement sont moins volatiles et moins sujettes aux ventes émotionnelles. »

Cedric Carbonez : « De nombreux investisseurs recherchent aujourd’hui la tranquillité d’esprit et la constitution de patrimoine à long terme, sans fluctuation quotidienne des prix. C’est ce qu’offre le capital-investissement. Cette classe d’actifs cible souvent des entreprises dans des secteurs plus stables tels que la santé, la technologie et les services B2B. Ces entreprises sont moins dépendantes des droits de douane, contrairement aux produits de consommation et au secteur industriel. En outre, les gestionnaires de fonds de capital-investissement peuvent piloter activement leurs portefeuilles et exploiter les opportunités. »

Votre structure de coûts est remarquablement compétitive, à 80 points de base. Comment y parvenez-vous ?

Cedric Carbonez : « Grâce à l’échelle et à la numérisation. Notre plateforme est entièrement modulable. De plus, nous ne demandons pas de participation aux bénéfices, ce qui est exceptionnel dans le domaine du capital-investissement. »

Quels sont vos projets à long terme ?

Cedric Carbonez : « Dans cinq ans, nous voulons avoir 1 milliard d’euros sous gestion au Benelux. La Belgique est un marché de croissance important pour cela. »

Manfred Krcmar : « La tendance est claire : les particuliers qui possèdent du patrimoine recherchent des solutions alternatives pour obtenir des rendements. Le capital-investissement donne accès aux entreprises qui font fonctionner l’économie réelle. Si seulement 1 % des actifs d’une valeur inférieure ou égale à 30 millions d’euros sont transférés vers le capital-investissement, il s’agit déjà d’un changement considérable. Nous pensons être parfaitement positionnés pour soutenir cette tendance. »
 

Cedric Carbonez a obtenu son diplôme d’ingénieur civil à Gand et a travaillé pendant cinq ans dans le département de capital-investissement du cabinet de conseil Bain. « Cela fut une excellente expérience d’apprentissage sur la façon dont les sociétés de capital-investissement envisagent les acquisitions. Après un MBA à l’INSEAD de Singapour, l’envie d’entreprendre s’est accrue. Chez Altix, tout s’est fait naturellement. En tant que membre du comité d’investissement, je mets à profit mon expérience en matière de capital-investissement et je peux réellement entreprendre en lançant Altix Belgique. C’est pour cela que je me sens bien dans la société, parce que je crois beaucoup au produit, à la vision et à l’équipe. »   

Manfred Krcmar a passé 30 ans dans la banque privée, notamment chez ING. « Je faisait partie du comité exécutif de banque privée en Belgique. J’ai remarqué que même les personnes disposant de 20 millions d’euros d’actifs avaient du mal à accéder au capital-investissement. En tant qu’associé, j’ai participé à la fondation d’Altix Belgique. Notre propre structure nous offre la possibilité de faire des choses légèrement différentes de celles des Pays-Bas, en raison notamment des différences de fiscalité. »

 

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