Ceux qui investissent dans des obligations vertes doivent se contenter de faibles rendements. En collaboration avec la Banque européenne d’investissement, Amundi lance donc un fonds visant un rendement plus élevé sur les obligations vertes émises par les émetteurs de crédit de taille moyenne.
Le gestionnaire d’actifs prévoit de pouvoir lever 1 milliard d’euros en trois ans.
Le marché des green bonds, des obligations avec lesquelles les investisseurs financent des projets verts, s’est considérablement développé ces dernières années pour devenir un marché pesant aujourd’hui environ 350 milliards d’euros. « Il s’agit le plus souvent d’obligations investment grade, avec un prêt de 300 millions d’euros ou davantage », explique Alban de Faÿ, responsable ‹green bond strategies› chez Amundi.
Les rendements des obligations vertes étant liés à la qualité de crédit de l’émetteur, ils peuvent être relativement faibles, car il s’agit majoritairement d’obligations SSA (sub-sovereign, supranational and agencies). Les émetteurs sont aussi généralement des organisations supranationales et de grandes entreprises pouvant obtenir de l’argent du marché à des taux d’intérêt bas. Il s’agit souvent de grands projets d’infrastructure, d’énergie ou de construction durables.
« Cependant, pour que la lutte contre le changement climatique soit couronnée de succès, les petites entreprises doivent également avoir la possibilité de financer des projets verts de plus petite envergure », déclare De Faÿ.
L’un des problèmes à cet égard est que les prêts sont souvent de plus faible volume et donc moins liquides, ce qui peut dissuader les investisseurs. Par contre, ces prêts offrent des rendements plus élevés pour les investisseurs désirant investir dans des obligations vertes. Afin d’initier un marché liquide et à haut rendement en obligations vertes, Amundi lance en octobre un fonds avec lequel le gestionnaire d’actifs souhaite lever environ 1 milliard d’euros auprès d’investisseurs institutionnels en trois ans.
Nouveau fonds
La Banque européenne d’investissement, avec laquelle le gestionnaire d’actifs français a signé un accord de collaboration en vue de développer ce nouveau segment de marché, s’est engagée à hauteur de 60 millions d’euros pour la première tranche. « Le nouveau fonds est fermé et a un horizon de placement de 11 ans », précise De Faÿ.
Le rendement attendu du fonds est basé sur un niveau moyen de spreads BB+. Les deux fonds obligataires verts ouverts existants gérés par De Faÿ offrent un rendement moyen de 0,69 % avec une notation moyenne de A / BBB+.
Ce n’est pas seulement cette différence de rendement qui devrait convaincre les investisseurs institutionnels. De Faÿ : « Étant donné que de nombreux investisseurs institutionnels ne sont autorisés ou en mesure d’investir dans des obligations à haut rendement que de manière limitée seulement, nous ne reprendrons pas de prêts ayant une cote de crédit inférieure à BB dans le fonds.
Le nouveau fonds opérera dans trois sous-segments : les obligations de sociétés vertes, les prêts de dette privée et les prêts verts titrisés. Le nouveau fonds se concentrera sur l’Europe.
Amundi a déjà acquis de l’expérience dans le développement d’un nouveau segment pour les obligations vertes avec l’introduction d’un fonds axé sur les marchés émergents début 2018. En collaboration avec la Banque mondiale (son membre IFC), 1,4 milliard de dollars ont été levés au moment de l’introduction, principalement auprès de fonds de pension et de compagnies d’assurance.
Exigences en matière de rapports
De Faÿ reconnaît qu’il peut être plus difficile pour les petites entreprises de satisfaire aux exigences en matière de rapports et de donner un aperçu de l’impact de projets verts. La Commission européenne s’emploie à renforcer les exigences en matière de rapports, notamment en vue de prévenir le greenwashing. La mise en place d’un comité scientifique définissant et promouvant des directives (durables) aidera les entreprises à relever ce défi, déclare De Faÿ.
Enfin, l’expert en investissement souligne qu’il est important que la lutte contre le changement climatique puisse être menée et financée à plusieurs niveaux. « Le changement climatique est un défi mondial, qui nécessite une norme internationale pour les obligations vertes. Toutes les obligations devraient être conformes aux mêmes directives. L’une des principales difficultés est que tout le monde n’a pas la même définition de ‘vert’. »