
La charte ESG de Belfius, révisée cette semaine, assouplit considérablement sa politique d’investissement dans les actions du secteur de la défense. La banque affirme « vouloir contribuer au secteur de la défense à la lumière des défis géopolitiques. »
Cette semaine, Belfius a renouvelé sa charte ESG (Environnement, Social et Gouvernance), qui s’applique à la majorité de ses activités. Officiellement baptisée Transition Acceleration Policy (TAP), cette charte encadre notamment la politique de crédit, mais aussi la politique générale d’investissement, y compris les produits d’investissement destinés aux clients.
La TAP s’applique également aux fonds de tiers, bien que certaines exceptions soient permises. Ses directives concernent aussi les fonds d’investissement dont la gestion est déléguée par Belfius Asset Management à ses partenaires privilégiés : Candriam, Blackrock Investment Management et JP Morgan Asset Management.
AVANT
L’ancienne version du texte affichait une position clairement négative envers les fabricants d’armes : « Bien que les armes puissent être nécessaires dans une optique de maintien de la paix ou pour permettre aux forces de l’ordre d’assurer la protection de la population, leur objectif ultime de détruire ou de menacer la vie humaine est contraire aux droits de l’Homme les plus fondamentaux. », pouvait-on y lire.
MAINTENANT
La nouvelle formulation adopte un ton complètement différent : l’accent n’est plus mis sur les armes, mais sur la défense : « Les pays européens sont confrontés à des défis géopolitiques croissants. Ces menaces se matérialisent de diverses manières, notamment par des cyberattaques, le terrorisme, l’instabilité, ainsi que des conflits dans les régions voisines. La coopération entre les nations et les investissements dans le secteur de la défense sont devenus des leviers essentiels pour faire face efficacement à ces menaces transnationales. »
Et encore : « Belfius reconnaît la double nature du secteur de la défense, équilibrant son rôle critique dans la sécurité de l’UE avec les risques d’abus, tels que les violations des droits de l’Homme et l’escalade des conflits. Belfius entend contribuer au secteur de la défense tout en respectant son engagement en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité sociale. »
AVANT
La version précédente de la TAP excluait tout investissement dans les armes controversées et non conventionnelles. Concrètement, cela concernait les fabricants de bombes à sous-munitions, de mines antipersonnel, d’armes biologiques et chimiques, d’armes à l’uranium appauvri ainsi que d’armes nucléaires.
En outre, les entreprises qui tiraient plus de 10 % de leurs revenus totaux de la production d’armes conventionnelles étaient également exclues.
MAINTENANT
Belfius autorise désormais les investissements dans « les entreprises dont le siège social est situé dans un pays de l’Otan, qui tirent des revenus du développement, de l’entretien ou de la production d’armes conventionnelles et/ou d’armes nucléaires. »
Ce qui reste, c’est une exclusion totale des entreprises impliquées dans les armes controversées, « tant au sein qu’en dehors de l’Otan. »
Belfius continue également d’exclure les entreprises dont le siège social est situé dans un pays non membre de l’Otan et qui tirent 10 % ou plus de leurs revenus du développement, de l’entretien ou de la production d’armes conventionnelles ou qui sont impliquées dans le développement, l’entretien ou la production d’armes nucléaires.
AVANT
Dans l’ancienne version, les armes nucléaires étaient classées dans la catégorie des « armes controversées et non conventionnelles ».
MAINTENANT
La nouvelle politique ne considère plus les armes nucléaires comme des armes controversées. « Bien que les armes nucléaires partagent certaines caractéristiques avec les armes controversées, telles que la possibilité d’effets indéterminés et disproportionnés, elles sont considérées comme cruciales pour la dissuasion par l’Otan, et leur production, leur utilisation et leur commerce sont fortement réglementés et surveillés par la communauté internationale », peut-on lire dans l’explication.
L’Otan comme référence
Dans la version révisée de la TAP, Belfius adopte clairement l’Otan, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, et non l’UE, comme cadre de référence. Ce choix ouvre la porte à davantage d’investissements dans le secteur de la défense, non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis.
« En favorisant les investissements dans les entreprises de défense ayant leur siège dans les pays de l’Otan, Belfius entend proposer un cadre clair », a déclaré la banque dans un communiqué. « L’Otan regroupe, en effet, les principaux alliés stratégiques de l’Europe en matière de défense. Belfius s’assure ainsi de soutenir une industrie essentielle aux capacités de défense de l’Alliance, tout en évitant d’ouvrir la porte à des acteurs dont les intérêts pourraient diverger. »
Au début du mois, KBC a également revu sa politique en matière de défense.