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La semaine dernière, je m’exprimais ici à propos des taux d’intérêt. Je citais deux articles affirmant que les taux d’intérêt resteront très bas beaucoup plus longtemps encore, et peut-être même ‘toujours’. J’encourageais également les investisseurs et les gestionnaires de fonds de pension à réfléchir à ce que cela signifie. J’aimerais moi-même me pencher sur la question.

Parlons tout d’abord des fonds de pension. Ce que cela signifie pour ces fonds est simple, mais peut-être difficile à accepter. Nos fonds de pension ont investi plus ou moins la moitié de leurs actifs dans des titres à revenu fixe. Un taux d’intérêt extrêmement bas de manière durable signifie que les rendements des investissements seront nettement inférieurs à la moyenne historique. C’est vrai, c’est un peu dur. Et pour les jeunes, c’est une très mauvaise nouvelle ; ils devront renoncer maintenant à une partie plus importante de leurs revenus pour la même pension, ou bien ils recevront au bout du compte une pension moins élevée pour la même cotisation.

Dans les faits, cela montre à quel point un régime de couverture par capitalisation est sensible aux faibles rendements des investissements. Pour cette seule raison, il serait déjà judicieux d’envisager le passage à un système par répartition, dans le deuxième pilier également. Malheureusement, la dernière réforme du système a pris tellement d’énergie et de temps que les personnes concernées ne seront actuellement que peu enclines à discuter d’une réforme aussi fondamentale.

Fin de la baisse des taux d’intérêt

Les taux d’intérêt sont en baisse depuis environ 40 ans, un processus qui semble toucher à sa fin. La combinaison d’une profonde récession, d’une baisse de l’inflation, d’une augmentation des achats d’obligations par la BCE et d’une baisse des taux d’intérêt du marché des capitaux américain devrait entraîner une baisse des taux d’intérêt du marché des capitaux chez nous également, mais ce n’est pas le cas. Il semble donc que nous ayons vraiment touché le fond. Peut-être que les taux d’intérêt ne baisseront pas davantage parce que la BCE n’a pas baissé davantage les taux d’intérêt officiels en cette période de récession. La dernière baisse des taux a eu lieu en septembre de l’année dernière. Le fait que le changement de circonstances n’ait pas été pour la BCE une raison de réduire davantage les taux d’intérêt est une donnée intéressante. La BCE n’indique-t-elle pas ainsi que ces taux d’intérêt négatifs sont en fait une erreur ?

La baisse des taux d’intérêt fait augmenter les rendements obligataires et, au bout du compte, s’est également avérée positive pour les actions. Si nous atteignons maintenant le point bas absolu pour les taux d’intérêt, le rendement attendu des obligations reste très faible. En fin de compte, cela se traduira également par de faibles rendements attendus sur les actions, mais pas immédiatement. Il faut tout d’abord intégrer le faible taux d’intérêt et, surtout, la conscience du fait que les taux d’intérêt ne reviendront plus jamais à un niveau considéré comme normal dans les cours des actions. 

Les taux d’intérêt bas ne sont pas encore entièrement pris en compte

Ce qui a déjà été pris en compte ou non par le marché actions est abondamment discuté par les investisseurs. Sur un ‘marché efficace’, toutes les informations sont directement prises en compte dans les cours. Cependant, le problème est qu’on peut discuter de ce que sont une information objective et une vision qui s’avère finalement correcte mais n’est pas partagée par tous dès le départ. Cette dernière proposition s’applique certainement à la vision selon laquelle les taux d’intérêt ‘n’augmenteront plus jamais’. Les opinions à ce sujet sont fortement divergentes. Plus les taux d’intérêt resteront bas longtemps, plus de parties au marché professeront l’évangile des faibles taux d’intérêt, ce qui s’exprimera progressivement dans les cours. 

Le fait que cette conviction n’a certainement pas (encore) été pleinement prise en compte sur le marché actions ressort à mon avis de variables telles que le rendement des dividendes et l’‘earnings yield’ (la réciproque du ratio cours/bénéfices). D’un point de vue historique, les valorisations des actions sont certes élevées, mais par rapport aux obligations, c’est encore acceptable.

Si les taux d’intérêt restent à leur niveau actuel, je pense que le niveau de valorisation des actions continuera à augmenter. Au cours de ce processus, les cours augmenteront considérablement et contribueront à de bons rendements pour les investissements en actions. Il ne faut pas oublier que ces taux d’intérêt très bas continuent à encourager les entreprises à racheter leurs propres actions.

Si la thèse selon laquelle les taux d’intérêt resteront toujours aussi bas est correcte, les investisseurs auront encore une dernière chance d’obtenir des rendements élevés sur les actions. Et cette opportunité commence plus ou moins maintenant. 

Han de Jong est ancien économiste en chef chez ABN Amro. Il écrit chaque semaine sur l’économie et les marchés pour la plateforme sœur Fondsnieuws. Vous trouverez davantage d’informations concernant sa vision sur Crystal Clear Economics.

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