La négativité qui règne autour des actions technologiques pousse les investisseurs à se tourner vers les actions de valeur.
Au cours des dix derniers jours, chacune des actions FANG (Facebook, Amazon, Netflix et Google) ont baissé de plus de 10 pour cent.
L’instigateur de cette baisse est Facebook, impliqué dans un scandale lié à la divulgation de données. Il s’est avéré qu’en 2014, Cambridge Analytica a récolté les profils de cinquante millions d’utilisateurs de Facebook. L’entreprise a utilisé ces informations ultérieurement, lors de la campagne électorale de Donald Trump.
Depuis lors, on craint un durcissement des lois et règlementations en matière d’entreprises technologiques. Et cette crainte ne se limite pas aux entreprises gérant des réseaux sociaux.
Ainsi, hier, l’action Amazon, par exemple, a perdu 4,38 pour cent en raison de remarques négatives émises par Trump au sujet du fonctionnement d’Amazon, pouvant être dévastateur sur les commerçants.
La crainte de lois plus sévères sur la protection de la vie privée, de taxes plus élevées ou de manque à gagner dus à une guerre commerciale s’est propagée, cette semaine, aux actions technologiques. Ainsi, l’ETF a perdu 7 pour cent cette semaine sur le MSCI World Information Technology Index de Lyxor.
L’évolution du cours des actions FANG et de six autres grandes entreprises technologiques est bien reflétée par l’indice NYSE FANG+ Index futures :

Ces dernières années, les grandes actions technologiques ont été la force motrice de la course sur le marché des actions, surtout aux États-Unis. Jusqu’à récemment, l’enthousiasme pour ces actions de croissance était total.
Le gestionnaire d’actifs Fintessa, par exemple, estimait encore en août dernier que les deux actions technologiques Alphabet (Google) et Facebook méritaient leur place dans un portefeuille bien diversifié.
« Bien sûr, Facebook ne peut pas manquer à l’appel. Ce qui a autrefois commencé comme une plateforme de réseau social a fini par devenir une entreprise technologique. Outre les plateformes Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp, Facebook travaille entre autres, en coulisses, au développement de l’intelligence artificielle, d’un avion fonctionnant à l’énergie solaire, de la réalité virtuelle et augmentée et d’une manière de mesurer les ondes cérébrales et de les traduire en actions. En effet, Facebook est de plus en plus considéré comme une entreprise de média social. Et ses chiffres sont ahurissants ! »
Même les chiffres des flux financiers mettaient en évidence le sentiment positif lié aux actions technologiques. Jusqu’au scandale des données de Facebook, l’afflux était le plus haut de l’ensemble des secteurs.
« Les fondations restent excellentes »
Les différents gestionnaires de fonds ne se font cependant pas trop de souci quant à la correction actuellement en cours. « Ces dernières années, le secteur technologique s’est très bien porté pour ce qui concerne les investissements. La raison principale en est que ce secteur s’est développé plus rapidement que le marché », explique Pieter Schop de NN Investment Partners dans le FD.
« Ceci est essentiellement dû à la pénétration, par exemple, du commerce de détail et de l’industrie automobile par la technologie. Ces fondations restent excellentes, ce qui est donc également le cas pour les prévisions concernant les entreprises technologiques. »
Mark Phelps du W.P. Stewart Holdings Fund explique, dans Fondsnieuws, que le cours d’un certain nombre d’entreprises technologiques constitue toujours un reflet fidèle de leur forte rentabilité, et que les « fondamentaux » sont restés intacts. La position majeure de son fonds est Alphabet. L’année dernière, Medio affirmait trouver Google et Alibaba bon marché en comparaison de certaines autres actions technologiques.
Mais d’autres craignent le pire. Sur la chaîne CNBC, Jim Mellon de Burnbrae Group compare les grandes entreprises technologiques américaines à des « veaux engraissés », prêts à être abattus par les gouvernements du monde entier.
Elles se verront infliger d’« énormes » amendes, vraisemblablement encore plus importantes que celles qui ont été imposées aux banques au cours des dix dernières années pour le rôle qu’elles ont joué dans le déclenchement de la crise financière. D’après lui, les jours de la croissance rapide des entreprises technologiques sont comptés.
L’action Facebook divisée par deux
L’action Facebook pourrait être divisée par deux au cours des années à venir, poursuit-il. Et l’affaire Cambridge Analytica n’est que la « partie émergée de l’iceberg ».
Cela fait quelque temps déjà que Mellon est pessimiste quant aux grandes actions technologiques. Lorsque l’Union européenne a imposé, en 2017, une amende de 2,4 milliards d’euros à Google, il a affirmé que cela pourrait mener à la scission de l’entreprise du moteur de recherche. Les choses n’en sont pas encore arrivées là. Les avis restent donc partagés quant à l’avenir des entreprises technologiques.
Actions de valeur
Cette inquiétude pousse quoi qu’il en soit les investisseurs à retourner vers les valorisations élevées. L’année dernière, les actions FANG ont toutes enregistré un bénéfice de conversion d’au moins 33 pour cent. En dépit de la récente liquidation, leur valorisation reste plus élevée que la moyenne. Les actions Netflix et Amazon se vendent même à 210 et 327 fois leur bénéfice.
Ceci pousse certains investisseurs à se tourner vers des actions de valeur meilleur marché. « C’est un geste logique si on attend de la croissance économique qu’elle se stabilise quelque peu par rapport au niveau actuel, qui est élevé », explique Simon Wiersma de l’ING Investment Office. « Savoir si cette attitude n’est que temporaire ou s’inscrira dans la durée dépendra des chiffres économiques de la période à venir. »