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« Nous sommes neutres pour l’Amérique et fortement sous-pondérés dans la zone euro et au Royaume-Uni. Ces derniers mois, nous avons nettement renforcé nos positions au Japon et en Inde », explique Sebastiaan Grenné, stratège en allocation d’actifs chez Argenta. 

« Cette année fut jusqu’à présent une année boursière mouvementée. Tout avait très bien commencé, avec des chiffres économiques supérieurs aux attentes aux États Unis. On attendait également beaucoup de la réouverture de la Chine. Cet enthousiasme a entraîné une hausse sur les marchés boursiers », se souvient Grenné.

La crise bancaire de fin mars a cependant mis un terme à cette positivité. « Les autorités réglementaires sont intervenues rapidement et avec vigueur. Elles sont ainsi parvenues à freiner la crise et prévenir sa propagation. Si nous avons vu quelques petits incidents, ceux ci sont restés très limités. » 

Ce fut donc un bon premier semestre pour les actions. « Cependant, si l’on creuse un peu, on constate de grandes disparités. Les actions américaines ont mieux performé que les européennes. Et, en creusant encore un peu plus, on observe que la hausse des actions américaines résulte presque totalement de huit actions. Sans elles, l’indice américain serait quasiment plat cette année. » 

Deux visages

« Nous prévoyons un environnement bipartite pour l’avenir. Il y a des éléments négatifs, comme une croissance économique ralentie et la crainte d’une récession. À cela s’ajoutera vraisemblablement un certain resserrement monétaire, l’inflation étant toujours relativement présente, particulièrement en Europe. Nous sortons en outre de plusieurs années de taux zéro et de stimulus. Si cette période est à présent terminée, elle a créé des déséquilibres au cours des dernières années, comme nous l’avons clairement vu lors de la crise bancaire. Je n’exclus pas que de tels problèmes refassent leur apparition. »

Il y a également des éléments positifs. « Certains segments de marché ont été très favorisés. Le secteur technologique a ainsi bénéficié de l’engouement autour de l’IA. Nous voyons là une sorte de croissance séculière qui peut encore se poursuivre. Il y a également les programmes d’investissement des gouvernements, comme par exemple l’Inflation Reduction Act, le Chips Act et le Green Deal. Une dualité réside donc sur le marché et pourrait bien se poursuivre au second semestre. » 

« Nos profils neutres se composent actuellement de 47 pour cent d’actions, soit une légère sous pondération par rapport à notre benchmark de 50 pour cent. Nous restons donc prudents compte tenu de la situation macroéconomique », conclut Grenné.  

Les favoris asiatiques

« Concernant l’allocation régionale, si l’Amérique représente une grande part de nos portefeuilles, nous restons relativement neutres par rapport au benchmark. C’est là que nous trouvons les actions les plus intéressantes pour le long terme, bien que la dynamique économique y soit aujourd’hui moins marquée. Nous sommes sous pondérés pour la zone euro et le Royaume-Uni. L’inflation persiste en Europe et nous prévoyons donc un nouveau durcissement de la BCE, ce qui ne jouera pas en faveur des actions. Au Royaume-Uni, le problème de l’inflation est encore plus important, et le Brexit ajoute encore son lot de difficultés à la situation. »  

« Nous avons récemment nettement renforcé nos positions au Japon et en Inde. Le Japon est moins touché par l’inflation, et sa monnaie faible peut favoriser les exportations. À cela s’ajoute le joker de possibles améliorations en matière de gouvernance des entreprises. En Inde, la pyramide démographique a atteint un équilibre idéal. Le gouvernement continue d’investir, favorisant la demande intérieure. »

Sur le plan sectoriel, Grenné croit toujours en l’IA. « Une surévaluation est bien sûr toujours possible, il s’agit donc de considérer les choses individuellement, d’une entreprise à l’autre. Nous avons opéré une transition dans ce secteur et nous sommes détournés des méga-caps au profit des entreprises de taille moyenne. Le secteur industriel reste lui aussi intéressant, car les investissements des programmes gouvernementaux s’y infiltrent. Nous restons toutefois sous-pondérés pour le secteur bancaire. La réglementation pèse toujours sur la rentabilité, et le secteur subit la concurrence des acteurs de la fintech. Un environnement de taux volatils n’arrange rien, et nous avons constaté, pendant la crise bancaire de mars, que les banques américaines étaient confrontées aux mêmes problèmes qu’en Europe. »

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