grenneklein.png

On constate, sur les marchés boursiers, beaucoup d’engouement pour certaines actions, comme Nikola et Snowflake, affirme Sebastiaan Grenné d’Argenta. Il estime cependant qu’il ne faut pas s’emballer ; il n’y a en effet toujours aucune alternative valable aux actions, comme il l’explique dans un podcast pour Investment Officer. 

« L’objectif pour les investisseurs et la bourse consiste à compenser les pertes futures, et c’est aussi ce que nous faisons chez Argenta. Début 2020, notre positionnement était très optimiste pour ce qui concerne nos fonds de base. Les entreprises réalisaient de jolis bénéfices, les banques étaient d’un grand soutien, les primes de risque étaient intéressantes, etc. Mais c’est alors qu’est apparu le coronavirus, un cygne noir que nous n’avions pas vu venir. Nous avons donc dû reconsidérer l’avenir, mais nous n’avions guère d’expérience en matière de pandémie et des effets économiques d’un confinement. Nous n’avons pas cédé à la panique, mais sérieusement revu à la baisse nos positions en actions. Nous pensions alors bien que les banques centrales et les autorités allaient continuer à apporter leur soutien, ce qui s’est avéré assez juste. Un peu plus tard, nous avons recommencé à acquérir des actions en vue de redevenir neutres. Nous avions cependant sous‑estimé la vitesse à laquelle les marchés boursiers allaient grimper, et c’est pourquoi nous nous sommes de nouveau retrouvés en légère sous-pondération au mois de juillet. »  

Relance des valeurs industrielles 

Grenné et son équipe s’attendent également à une relance des valeurs industrielles au fur et à mesure que les économies rouvriront, en particulier en Europe. « Cela ne signifie pas pour autant que la technologie va se stabiliser ou rechuter. Il ne faut pas céder aux nouvelles modes, mais leur préférer les tendances sur le long terme, qui comportent toujours des actions aux valorisations intéressantes, comme dans l’e-commerce et le gaming. » 

Actif/passif

Selon Grenné, la tendance au passif va se maintenir encore quelque temps. « On finira par arriver à un point d’inflexion à un certain moment, et le coronavirus pourra y contribuer. Lorsque l’on verra beaucoup plus de gestion active, il redeviendra difficile de compenser les coûts. Dans nos fonds de base Argenta, nous utilisons les deux. Nous avons d’une part un modèle quantitatif qui sélectionne de bonnes actions, et d’autre part une gestion passive qui permet de limiter l’écart de suivi et de passer rapidement à l’allocation d’actifs si nécessaire. On peut par ailleurs trouver encore beaucoup d’opportunités dans la plupart des marchés.  

Nous faisons du stock-picking dans les pays développés, et optons souvent pour des solutions tierces dans les marchés émergents. Nous avons été très actifs aux États-Unis ces dernières années. Le climat des affaires y joue en faveur des thèmes de long terme. Ces dernières semaines, nous nous intéressons davantage aux valeurs industrielles en Europe. L’Europe a également fait de grands pas en avant en matière d’harmonisation fiscale, par exemple avec le fonds de relance européen, qui prévoit également de beaucoup miser sur l’économie verte. »   

Timing

Grenné essaie de ne pas prédire ni programmer le moment où les valeurs seront de nouveau plus performantes que la croissance. « C’est un exercice futile auquel nous ne nous livrons pas chez Argenta. Nous examinons, sur la base d’un modèle quantitatif, les facteurs de qualité, de valorisation et de croissance, ce qui nous permet d’extraire véritablement les actions de croissance à prix raisonnable, les actions GARP. Nous restons cependant relativement prudents en ce qui concerne les pays émergents. Nous gardons nos distances avec les marchés émergents qui dépendent des marchés de matières premières. L’Inde et la Chine sont les plus intéressantes car elles possèdent un marché intérieur fort, mais la valorisation a progressé en Chine, et l’Inde fait face à une crise grave du coronavirus. C’est pourquoi nous avons réduit les pondérations dans ces deux pays. »  

Un client dynamique

« Chez nous, un investisseur dynamique investit généralement à 75 pour cent dans des actions et 25 pour cent dans des obligations. Actuellement, nous sommes cependant plus prudents et nous limitons à 71 pour cent d’actions. Le coronavirus reste un facteur extrêmement déterminant, et les incertitudes autour des élections présidentielles américaines et la guerre commerciale opposant les États‑Unis à la Chine nous poussent également à la circonspection. Mais en moyenne, les primes de risque restent attrayantes, c’est pourquoi nous ne voulons pas aller trop loin dans la sous‑pondération. Nous misons de manière sous-jacente sur des thèmes de long terme comme la robotique, l’automatisation, la sécurité physique et numérique, la cleantech, le mode de vie, le gaming, etc. 

Enfin, nous n’escomptons pas nécessairement une inflation galopante. Les forces qui ont contribué à un environnement déflationniste ces dernières décennies, comme la numérisation, la robotisation, qui exercent une pression sur les salaires, et le vieillissement sont encore à l’œuvre. Selon nous, les banques centrales sauront inverser à temps les mesures de stimulation. Les obligations font pour nous toujours office de tampon pour les marchés boursiers. Nous sélectionnons soigneusement les risques que nous prenons : duration, risque de change et de crédit, ou une combinaison de ceux-ci. Les obligations d’entreprises scandinaves non notées, mais aussi les obligations à long terme du sud de l’Europe, qui bénéficient de la garantie de la BCE, constituent des opportunités intéressantes. Toutes ces positions doivent figurer dans un portefeuille largement diversifié. »

Author(s)
Target Audiences
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No