Les marchés ont été particulièrement optimistes ces dernières semaines, mais une nouvelle hausse des taux est prévue en septembre. « Par conséquent, dans un profil neutre, nous sommes sous-pondérés en actions ».
C’est ce qu’affirme Matthieu De Coster (photo), stratège chez Argenta, dans un entretien avec Investment Officer.
Dans ses profils d’allocation d’actifs neutres, la banque est neutre en actions, avec une pondération de 45 % au lieu des 50 % habituels. Il s’agit d’une légère sous-pondération, qui nous a permis de profiter au maximum de la hausse de ces dernières semaines en opérant des choix spécifiques au sein du volet des actions.
Nous investissons généralement dans des sociétés dynamiques, principalement des sociétés de croissance qui sont de toute façon plus sensibles aux taux d’intérêt. Ces sociétés qualitatives dans les tendances à long terme telles que la robotique et les énergies renouvelables présentaient des multiples plus élevés, ont été plus durement touchées à partir de mars mais se sont à présent bien redressées », déclare Matthieu De Coster.
Obligations
Les stratèges d’Argenta appréhendent les hausses de taux d’intérêt, raison pour laquelle la duration de leur portefeuille à rendement fixe s’élève à environ 5 ans 1/2, alors que la duration de référence est d’environ 7 ans. Le long terme est très volatile et a connu une forte hausse, mais il est redescendu brusquement il y a peu. Cela nous a bien servi.
M. De Coster souligne qu’Argenta a fait des choix prudents en matière de gestion obligataire, en augmentant la pondération des pays européens de base tels que l’Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas. « Et surtout la France, l’un des pays dont la sensibilité énergétique est la plus faible d’Europe, ce qui nous a conduits à l’inclure pour la première fois.
Nous constatons une faiblesse économique en Europe. D’une part, les taux d’intérêt à court terme se sont relevés, mais d’autre part, nous sommes assaillis. Cela va être douloureux, mais nous pensons que les gouvernements viendront en aide aux citoyens avec des mesures budgétaires ».
Les stratèges investissent également dans des obligations scandinaves, dont l’économie est plus solide. M. De Coster mentionne ainsi des positions en couronnes norvégiennes. « Nous avons un peu plus d’obligations en monnaie locale, mais nous ne prenons pas de paris sur les devises. Nous ne voyons pas la couronne norvégienne s’affaiblir par rapport à l’euro, ce qui reflète la puissance économique du pays. Nous avons couvert la moitié du risque de change par rapport à l’euro. »
8,2 % des obligations des portefeuilles proviennent donc de Scandinavie. Cela semble beaucoup par rapport à l’indice de référence, mais c’est limité en termes absolus. Au final, 60 % du portefeuille obligataire sont investis en Europe, et 30 % aux États-Unis.
Régional
Argenta affiche une nette préférence pour les actions américaines, qui représentent 60 % de la partie actions. 24 % sont investis en Europe, et le reste sur des marchés développés comme l’Australie, le Japon et le Canada. Sur les marchés émergents, il n’y a pas de positions significatives dans un contexte de resserrement des banques centrales.
« L’Europe est touchée, nos entreprises industrielles sont désavantagées par rapport aux États-Unis en raison de la hausse des prix du gaz et les fondamentaux économiques en Europe sont également fragiles.
Même la BCE semble savoir quoi faire, puisqu’elle a immédiatement réagi à l’élargissement des spreads italiens en créant un outil supplémentaire pour éviter la fragmentation au sein de la zone euro ».
Les secteurs surpondérés sont l’industrie et la technologie, ce qui résulte du choix de thèmes tels que les énergies et équipements renouvelables (Vestas), la technologie, le vieillissement et la numérisation.
Outlook
Ces dernières semaines, le marché a été très positif et compte sur la Fed pour souffler un peu. La Fed elle-même a indiqué qu’elle allait lutter contre l’inflation et donc relever à nouveau les taux d’intérêt en septembre.
« Selon nous, le marché l’envisage un peu trop favorablement. L’augmentation prévue de 10 % des bénéfices des entreprises est également trop optimiste à notre avis. Une augmentation des bénéfices de 15 % est attendue en 2022 par rapport à l’année précédente et de 8 % supplémentaires en 2023. La prudence est donc de mise et nous avons déjà pris quelques bénéfices sur les hausses ».