finfluencer
finfluencer.jpg

Selon les courtiers en ligne, les banquiers et le secteur des fonds d’investissement, il y a du pain sur la planche pour améliorer la littératie financière des jeunes, ne serait-ce que pour des raisons commerciales : mieux informés, les jeunes se tourneront plus rapidement vers l’investissement et seront mieux armés face aux finfluenceurs malhonnêtes.

Une enquête commandée par le courtier en ligne Saxo confirme les conclusions d’études précédentes : les connaissances financières des jeunes laissent à désirer. Voici un aperçu des conclusions de l’enquête en ligne réalisée auprès de 1 500 Belges âgés de 16 à 40 ans :

  • 1 personne interrogée sur 5 ignore ce qu’est un intérêt (une rémunération pour le prêt d’argent).
  • 1 personne sur 3 croit à tort qu’une carte de crédit est un moyen bon marché d’emprunter de l’argent (les taux d’intérêt annuels atteignent souvent 16 %).
  • 1 personne sur 4 pense que les actions et les obligations sont à peu près la même chose.
  • 2 personnes sur 5 ne savent pas ce qu’est un ETF (Exchange Traded Fund, ou fonds négocié en Bourse répliquant un indice).

Téméraires ou craintifs

« Une part significative des 16-40 ans est financièrement illettrée », conclut Saxo. Cette lacune se traduit par des comportements contrastés. D’un côté, certains jeunes téméraires nourrissent des attentes irréalistes en matière d’investissement ou placent tous leurs œufs dans le même panier. De l’autre, un groupe important délaisse les actions et se cantonne à de simples produits d’épargne. « Par conséquent, ils commencent à investir trop tard, faute d’en connaître les avantages », explique Saxo.

« Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les connaissances financières des Belges », confirme Marc Van de Gucht, directeur général de la BEAMA, l’association des gestionnaires d’actifs belges. « D’après notre étude, menée en collaboration avec le cabinet de recherche Indiville, moins de 40 % des jeunes âgés de 18 à 30 ans investissent. La raison la plus fréquemment évoquée pour expliquer cette réticence est le manque d’informations. S’ils étaient mieux informés, environ la moitié des jeunes seraient prêts à se lancer dans l’investissement. »

L’enquête de Saxo confirme que seule une minorité des jeunes Belges âgés de 16 à 40 ans possède une expérience en investissement. Les principales raisons évoquées sont le manque de connaissances, la peur de perdre de l’argent et la complexité perçue.

Différentes organisations, dont la BEAMA, l’autorité de contrôle , FSMA, et la fédération belge du secteur financier, Febelfin, ont pourtant déjà mené des campagnes visant à promouvoir l’éducation financière, mais il reste manifestement du pain sur la planche. Eddy Van Geyte, CEO de Saxo Belgique, estime que les enfants devraient recevoir des cours sur les finances personnelles et l’investissement dès l’école.

Finfluenceurs

L’enquête de Saxo révèle que pour les Belges âgés de 16 à 40 ans, les amis et la famille constituent la principale source d’informations financières. Cependant, chez les adolescents et les jeunes d’une vingtaine d’années, les réseaux sociaux, et en particulier les finfluenceurs sur YouTube, gagnent rapidement du terrain en tant que canal d’information. L’essor de ces conseillers en ligne tendance, qui fournissent des conseils d’investissement de manière accessible et tentent souvent d’établir un premier contact via des vidéos promotionnelles sur YouTube, constitue un phénomène mondial.

L’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) observe cette tendance avec une certaine réserve, car les conseils de certains finfluenceurs, que ce soit intentionnellement (fraude) ou non, exposent les investisseurs inexpérimentés à des placements excessivement risqués.

Sous l’impulsion de son président belge, Jean-Paul Servais, également directeur de la FSMA, l’OICV a récemment lancé une consultation mondiale sur les finfluenceurs. Cette initiative vise à recueillir des propositions concrètes et un feedback afin d’établir des orientations largement acceptées.

L’organisation professionnelle BZB-Fedafin confirme que les intermédiaires bancaires et d’assurance sont régulièrement confrontés à des clients mal informés sur les produits financiers via les canaux en ligne.

TikTok

« Nous constatons que les clients, aussi bien en agence que lors de consultations numériques, posent fréquemment des questions sur des sujets qui circulent sur les réseaux sociaux, comme les actions mèmes (des actions qui connaissent une croissance rapide en raison de la hype qu’elles suscitent en ligne, NDLR) ou encore des concepts d’investissement qui deviennent viraux sur des plateformes telles que TikTok », déclare le président Albert Verlinden.

« En raison de l’énorme quantité d’informations trompeuses et incorrectes circulant sur les réseaux sociaux, il est très difficile pour les clients de distinguer les sources fiables des conseils erronés. Afin de limiter l’impact de cette tendance, nous plaidons pour une sensibilisation accrue des consommateurs. »

BZB-Fedafin plaide pour une intégration renforcée de l’éducation financière dans le système éducatif. « Les objectifs actuels en la matière restent trop limités. Les jeunes gagneraient à acquérir des bases solides en matière de finances personnelles et d’investissements, ce qui les rendrait mieux armés face à l’influence des finfluenceurs trompeurs et les encouragerait à entamer en temps voulu une planification financière bien structurée », déclare Albert Verlinden.

Lors du dernier congrès BZB-Fedafin, Jean-Paul Servais a souligné un problème majeur : « Bien souvent, les finfluenceurs ne sont pas soumis aux mêmes règles ni au même contrôle que les conseillers en investissement traditionnels agréés. »

« Bien souvent, les finfluenceurs ne sont pas soumis aux mêmes règles ni au même contrôle que les conseillers en investissement traditionnels agréés. Nous devons nous attaquer à ce problème à l’échelle mondiale. » 

Jean-Paul Servais, président de l’OICV et de la FSMA

« Leur notoriété grandissante transforme la manière dont les investisseurs de détail, et en particulier les jeunes générations, prennent leurs décisions d’investissement », souligne l’OICV dans son rapport. « Bien qu’ils jouent un rôle important dans la vulgarisation des sujets financiers, leurs activités comportent également de nouveaux risques pour les petits investisseurs, comme la diffusion potentielle d’informations trompeuses ou partiales, la promotion de produits risqués, ou encore la présence de conflits d’intérêts dissimulés. »

La consultation de l’OICV se poursuivra jusqu’au 20 janvier 2025.

Articles connexes sur Investment Officer :

Categories
Access
Members
Article type
Article
FD Article
No