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L’annonce du dirigeant Elon Musk indiquant que le constructeur automobile Tesla avait investi 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin a fait monter en flèche la valeur de la crypto-monnaie, mais aussi fait sourciller les régulateurs du marché. Certains scientifiques mettent également en garde.

Le fait que Tesla investisse environ 10 % de sa position de trésorerie dans le bitcoin peut être une recommandation pour le bitcoin, mais pas pour le constructeur automobile. C’est ce qu’a déclaré Marc Deloof, professeur de finance d’entreprise à l’université de Louvain, sur LinkedIn cette semaine. Il faisait référence à une étude universitaire montrant que les grandes entreprises américaines qui investissent une partie importante de leurs réserves de liquidités dans des actifs à risque le font souvent lorsqu’elles sont ‘financial unconstrainted’ et mal gérées. 

« Gestionnaire d’actifs non réglementé »

« Cela dévalue la valeur de ces entreprises, et en fait en réalité des gestionnaires d’actifs non réglementés », prévient Deloof. 

Il cite l’étude “Precautionary Savings with Risky Assets: When Cash is Not Cash” des chercheurs Ray Duchin, Thomas Gilbert, Jarrad Harford et Christopher Hrdlicka. Publiée en 2017 dans ‘The Journal of Finance’, cette étude soutient que les investissements de telles entreprises dans des actifs risqués, comme les dettes d’entreprises, les actions et les titres adossés à des créances hypothécaires, sont courants. Selon cette étude, ils représenteraient même dans certains cas jusqu’à 40 % des réserves financières, soit 6 % de la valeur comptable de l’entreprise.

« Managerial overconfidence »

Les entreprises qui détiennent de tels actifs sont considérées par les chercheurs comme étant mal gérées, et devraient être soumises à une décote de 13 à 22 % par rapport aux actifs sûrs. « Notre conclusion était que ce type d’activités constitue une gestion d’actifs non réglementée, d’un montant total de 1 500 milliards de dollars, ce qui remet également en question les frontières traditionnelles des entreprises non financières », ont déclaré les scientifiques dans leur conclusion. L’étude ajoute que cette exposition aux actifs à risque se produit souvent dans les entreprises caractérisées par une ‘managerial overconfidence’, un excès de confiance de la part de la direction. 

Le post de Marc Deloof sur LinkedIn a été commenté par d’autres scientifiques belges. Selon eux, il n’est pas encore question de manipulation du marché avérée, bien qu’ils soulignent que Musk était auparavant critique à l’égard de bitcoin. Il est également important de noter qu’Elon Musk a de nombreux adeptes et peut, par définition, les influencer fortement. 

Rudy Moenaert, professeur de marketing stratégique à la TIAS, écrit dans sa réaction : « Comme vous le savez, je me méfie des véritables motivations des dirigeants de premier plan. ‘Never romanticize leaders !’ »
 

 

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