moec-gilles.jpg

Moëc (Axa Group) estime que le point bas est en passe d’être dépassé dans les pays développés, avec une contraction économique qui devrait s’établir autour de -4,1% pour l’année en cours. Il met toutefois en garde contre les signaux inquiétants en provenance de certains grands pays émergents, qui pourraient provoquer une rechute économique au second semestre. 

« Dans les pays développés, le point bas de l’activité économique sera probablement atteint durant la première moitié du deuxième trimestre. Avec la sortie du confinement, la dégradation va progressivement s’adoucir avant une reprise de l’activité », indique Gilles Moëc (chef économiste du groupe Axa). Pour autant, il souligne que cette sortie de crise ne sera pas sans risque, avec les exemples contrastés du Danemark et de Singapour. « Même dans les pays qui avaient lutté efficacement contre la propagation du virus, une deuxième vague d’infection reste possible ».  

Ralentissement

Dans l’hypothèse d’une normalisation de la situation économique durant les prochains mois, en dehors de certains segments comme l’horeca ou le tourisme, il s’attend à ce que la croissance économique plonge de 4,1% en base annuelle sur l’exercice 2020. « Mais les chiffres sur un exercice n’ont pas vraiment beaucoup de sens, et il sera plus intéressant de voir la dynamique durant la seconde partie de l’année ». 
Des politiques monétaires et budgétaires très accommodantes ont été mises en place dans la plupart des pays développés, avec des entreprises qui ont facilement trouvé des financements afin de disposer d’un filet de sécurité confortable pour les prochains mois.

« L’économie va être capable de survivre à l’effondrement des flux de trésorerie. On peut même dire qu’elles ont souvent provisionné un choc économique qui pourrait être beaucoup plus durable que nos attentes. De même, les ménages sont en train d’augmenter leurs réserves de liquidités car ils ont nettement moins dépensé. Ces réserves seront vraisemblablement activées lorsque la situation économique se normalisera ». 

Risques

Pour autant, Gilles Moëc souligne qu’il existe actuellement plusieurs risques pesant sur ce scénario. « Les pays européens n’ont pas été égaux face au coronavirus, que ce soit dans la gestion de la crise ou dans la sortie du confinement. Les pays qui ont eu un confinement léger sont également ceux qui avaient le plus de marges pour faire face à la sortie de la crise, tandis que les pays disposant de marges réduites (Italie, Espagne, etc) ont été plus fortement touchés. Cet élément est susceptible de créer des tensions au second semestre entre les différents pays de la zone euro ». 

Le principal risque qui pèse sur la reprise économique proviendra toutefois des économies émergentes. « Il s’agit aujourd’hui d’un vrai souci, car leur capacité à faire face à cette crise est moindre. Les devises de certains pays (comme le Brésil ou la Turquie) ont déjà fortement décroché ces dernières semaines. En l’absence de banques centrales indépendantes, le risque sera grand de monétiser les dettes, en laissant décrocher la devise au risque de provoquer un retour de l’inflation  ». Une crise en provenance des pays émergents serait de nature à provoquer un vrai problème au niveau de la stabilité du monde financier, et provoquer un impact économique négatif durant le second semestre. 

Chine vs US

Enfin, il ne s’attend pas non plus à un apaisement des tensions entre les Etats-Unis et la Chine. « Aux Etats-Unis plus qu’ailleurs, il y a traditionnellement une corrélation forte entre la croissance économique et la capacité à être réélu ». Il sera donc tentant pour Donald Trump de rejeter la faute sur la Chine, en particulier pour gagner dans certains états cruciaux (Swing States) qui ont souvent été fortement affectés par la concurrence en provenance de Chine. « La tension entre les deux pays reste inévitable ».

Author(s)
Target Audiences
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No