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Pour Baillie Gifford, investir dans des produits alternatifs requiert une grande patience. En effet, les opportunités sont rares et la précipitation paie rarement.
Interrogé par Raymond Frenken (Investment Officer Luxembourg) pour le podcast IO Talks, Stuart Dunbar, de Baillie Gifford, invite les investisseurs qui ont tendance à consacrer une part croissante de leur portefeuille aux investissements alternatifs, à faire preuve de mesure et de patience. 
 

 

 

L’associé et directeur du gestionnaire d’actifs écossais affiche un optimisme prudent en ce qui concerne le rôle futur du capital-investissement et des placements alternatifs dans les portefeuilles institutionnels, mettant en garde contre des décisions hâtives. « Ce type d’investissements prend du temps », affirme-t-il.

Baillie Gifford, qui gère quelque 266 milliards d’euros d’actifs, a choisi de se rapprocher de ses clients européens pour contrer les effets négatifs du Brexit, et étend donc sa présence sur le continent pour accroître son ancrage local. Un bureau a récemment été ouvert à Amsterdam pour servir les clients du Benelux.

Sociétés de croissance peu capitalistiques

Interrogé sur sa vision du client idéal, Stuart Dunbar estime que ce dernier doit avant tout remettre en question la philosophie de la maison : « Nous affectionnons particulièrement les clients qui ont quelque chose à nous apprendre, parce que nous n’avons pas la prétention de tout savoir ». Il apprécie les clients ayant un horizon à long terme et encourage les discussions portant sur les défis de l’investissement.

Du fait de son orientation sur le long terme, Baillie Gifford s’intéresse tout naturellement au capital-investissement. La société investit dans des entreprises privées depuis plus de dix ans et a très tôt reconnu le fort potentiel des entreprises de croissance peu capitalistiques. Mais la sphère est loin d’être un long fleuve tranquille ; pour obtenir le meilleur résultat, le gestionnaire a opté pour une stratégie réfléchie et prudente et mise sur la qualité des investissements plutôt que sur le déploiement rapide du capital.

Étape importante pour la société, le développement d’une infrastructure interne dédiée a permis de créer des véhicules de capital-investissement garants d’un meilleur service au client. « Nous disposons désormais au Royaume-Uni d’un fonds qui opère sur le marché des investissements alternatifs, que nous combinons avec la structure plus traditionnelle General Partners – Limited Partners, principalement pour les clients nord-américains », explique Stuart Dunbar.

Il souligne que Baillie Gifford adopte une approche similaire pour analyser les sociétés privées et les entreprises cotées. Le gestionnaire vise plutôt des investissements majeurs dans des entreprises, avant que ces dernières ne proposent leurs actions au public. Baillie Gifford conserve toutefois généralement ses parts même une fois que ces sociétés sont cotées en Bourse. En outre, il achète régulièrement des actions pour des clients qui n’ont pas la possibilité de prendre directement des participations dans une société privée.

L’écart se creuse

Le contexte actuel reste difficile pour le capital-investissement. Une étude menée par le cabinet Bain montre que les levées de fonds ont nettement diminué et que l’écart entre l’offre et la demande se creuse, ce qui n’est pas sans rappeler la crise financière mondiale de 2008. Au niveau mondial, quelque 13 900 fonds de capital-investissement cherchent à placer 3300 milliards de dollars. Le besoin de financement total attendu pour 2023 s’élève à environ 1 000 milliards de dollars. L’écart attendu (3,2 fois) n’avait jamais été aussi important depuis la crise financière mondiale. Sur la base de l’activité du premier semestre, Bain prévoit une baisse de 28 % du montant total des financements entre 2022 et 2023 ; le nombre de fonds clôturés diminuera presque de moitié.

Toutefois, le capital-investissement occupe toujours une place prédominante chez Baillie Gifford. Stuart Dunbar précise en revanche que pour réussir dans cette classe d’actifs, « un flux régulier de capital investissable est nécessaire ». Le gestionnaire d’actifs entend devenir un actionnaire de choix pour les entreprises prometteuses, en établissant un partenariat qui profitera aux deux parties. « C’est un cercle vicieux : pour devenir actionnaires dans des entreprises privées, nous devons être invités. »

Stuart Dunbar insiste également sur l’importance de mettre l’accent sur les entreprises innovantes et disruptives qui créent de la richesse, qu’elles soient cotées en Bourse ou non. En outre, il convient de veiller à la qualité de leur implantation.

Pour finir, il met en garde contre un recours hâtif à des solutions alternatives, qui est loin d’être une panacée. « Nous devons faire très attention à la qualité des sociétés dans lesquelles nous investissons. Dans la sphère des investissements alternatifs, se précipiter n’est jamais une bonne idée. »
 

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