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Les fonds d’actions durables semblent avoir définitivement gagné leurs lettres de noblesse sur les quatre premiers mois de 2020 – en premier lieu parce que leurs performances ont été supérieures à la moyenne dans un contexte boursier extrêmement turbulent, mais aussi parce qu’ils ont su attirer des capitaux frais, alors que les fonds d’actions, d’une manière générale, ont connu une décollecte sur le premier trimestre de l’année. 

Les premiers mois de l’année 2020 resteront dans les annales comme une période extrêmement volatile. Si les places boursières ont poursuivi l’ascension initiée en 2019 jusqu’à mi-février, elles ont ensuite été prises d’un accès de panique et fait l’objet de dégagements massifs lorsqu’il est apparu que le coronavirus, loin de se cantonner à une province chinoise, se propageait rapidement et se transformait en pandémie. Les actions se sont donc effondrées. 

C’est justement dans ce contexte boursier chahuté que les fonds d’actions durables semblent avoir définitivement gagné leurs lettres de noblesse. Alors que peu de titres offrent un refuge aux investisseurs, les fonds d’actions durables semblent tirer leur épingle du jeu par rapport aux fonds d’actions traditionnels, avec des pertes plus limitées.

Pour Ronald van Genderen, analyste chez Morningstar, ces meilleures performances ne sont pas liées à la crise du Covid-19, mais plutôt à la guerre pétrolière entre la Russie et l’Arabie saoudite, qui a fait plonger le cours de l’or noir et entraîné dans son sillage les actions des compagnies pétrolières. « Les fonds durables sont souvent moins – voire pas du tout – investis dans le secteur énergétique ; ils ont donc été épargnés par ces décrochages abyssaux. »

Le secteur financier souffre de la crise du Covid-19. Les fonds d’actions durables n’investissent pas forcément moins dans ce secteur que les fonds sans mandat durable, mais leurs gérants jettent souvent leur dévolu sur des acteurs différents. Les grands établissements (Citigroup aux États-Unis, ou ABN Amro aux Pays-Bas) ont payé le plus lourd tribut lors de la correction de marché. « Les fonds durables détenaient surtout des positions dans des établissements plus petits, mais plus prudents (banques scandinaves), des Bourses, des plateformes de paiement en ligne et des émetteurs de cartes de crédit. Tous ces sous-segments ont fait mieux que le secteur bancaire dans son ensemble. »

Grâce à ces belles performances, les fonds durables poursuivent aussi la nette tendance haussière en termes d’actif sous gestion. Ces dernières années, l’encours des fonds durables connaît un véritable envol, analyse le spécialiste de Morningstar. « La crise du coronavirus n’a pas cassé la tendance, bien au contraire. Sur les trois premiers mois de l’année, les investisseurs ont une nouvelle fois placé davantage de capitaux dans les fonds durables. Malgré le plongeon du marché en raison du Covid-19, l’univers européen des fonds durables a enregistré un afflux net de 33 milliards de dollars au premier trimestre de 2020 – contre 163 milliards de dollars de sorties pour l’ensemble des fonds européens, selon le dernier rapport Morningstar Global Sustainable Fund Flows. »

Le top 5 de cette semaine reprend les cinq meilleurs fonds mondiaux d’actions durables (proposant au moins une catégorie d’actions sans commission de distribution aux Pays-Bas) sur la base de leur performance sur les quatre premiers mois de 2020. Il couvre l’ensemble des fonds des catégories Morningstar des actions mondiales de grandes capitalisations valeur, mixtes et croissance, pour lesquels la documentation officielle indique que la politique d’investissement inclut des critères ESG ou de durabilité.

Les fonds de Baillie Gifford occupent la première et la deuxième place. Le fonds Worldwide Positive Change prend la tête du classement. « Le fonds a un portefeuille concentré de 25 à 30 actions d’entreprises affichant une croissance extraordinaire, qui peuvent contribuer à un monde plus durable pour les générations actuelles et futures. L’équipe de gestion compte cinq membres et le portefeuille inclut notamment des titres de Moderna, une société biotechnologique américaine qui travaille actuellement à un vaccin pour le Covid-19 ; avec un rendement de 140 % entre janvier et fin avril, c’était le fleuron du portefeuille. Cette belle performance n’explique toutefois pas à elle seule le succès du fonds : Tesla, la plus forte pondération (plus de 8 %), a gagné plus de 90 % sur les quatre premiers mois de l’année. »

La deuxième place revient au Worldwide Global Stewardship Select, qui investit dans les entreprises les plus responsables de la planète. L’équipe compte huit gérants, mais s’appuie sur les compétences des bureaux régionaux pour identifier ces perles. Avec 70 à 100 positions, le fonds est bien plus diversifié que le Worldwide Positive Change. Les doublons entre les deux fonds ne portent que sur 10 positions, dont Tesla, qui ne représente que 4 % du portefeuille ici. Grand gagnant de cette crise, Zoom Video Communications affiche le meilleur résultat du portefeuille. Shopify, une position importante, a aussi fait très belle figure. »

La cinquième place revient au fonds DPAM INVEST B Equities NewGems Sustainable, par le biais duquel Degroof Petercam investit dans les entreprises de demain. L’équipe de gestion composée d’Alexander Roose, de Quirien Lemey et de Dries Dury identifie les entreprises correspondant à l’acronyme anglais NEWGEMS (soit les thèmes et tendances liés aux nanotechnologies, à l’écologie, au bien-être, à la génération Z, à l’e-société, à l’industrie 4.0 et à la sécurité) et sur la base des critères ESG. Ronald Van Genderen nous explique que « le portefeuille compte 75 positions, dont les plus grandes incluent notamment Microsoft, Apple, Alphabet et Amazon. D’autres positions moins connues ont toutefois brillé cette année. C’est le cas de Teladoc Health, Livongo Health, Zscaler et Everbridge. »

 

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