Banque Triodos qualifie provisoirement d’insuffisant le nouveau label de durabilité pour les produits financiers sur le marché belge. « Le label place la barre trop bas. »
« Quand on investit dans un fonds de placement portant un label de durabilité, on doit pouvoir être absolument certain qu’il s’agit d’un fonds véritablement durable. Or n’est pas le cas avec le nouveau Quality Standard de Febelfin », déclare Thomas Van Craen, directeur de la Banque Triodos Belgique, lors d’un entretien avec Investment Officer.
La principale critique est que les combustibles fossiles ne sont pas exclus. « Un fonds peut encore tirer la plus grande partie de ses revenus du pétrole ou du gaz et se revendiquer durable. Cela n’a aucun sens à une époque où la transition vers des combustibles sans carbone constitue précisément l’un des défis sociétaux les plus urgents. »
Van Craen fait référence à un rapport récent du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies, qui affirme que nous avons encore onze ans pour réaliser les choix nécessaires à la transition vers une économie neutre en CO2 d’ici 2050. Dans ce contexte, estime le directeur de Triodos, il n’y a pas de place pour les combustibles fossiles dans les produits financiers qui se qualifient de durables. « Ce n’est pas une idéologie, mais un fait », déclare Van Craen.
Greenwashing
Cependant, Van Craen est convaincu de l’utilité d’un label de durabilité, qui peut orienter les clients concernant un sujet important en leur fournissant des informations complémentaires. « Un investissement financier est une décision complexe, surtout si on veut y associer une valeur sociétale ajoutée. Mais cela n’a de sens que si les critères minimaux jouent réellement la carte de la durabilité. Sinon, vous ne faites que semer la confusion chez les consommateurs. »
Le directeur de Triodos n’exclut pas le greenwashing. « Le risque que, pour des raisons purement commerciales, certains gestionnaires de patrimoine collent un label de durabilité à certains produits dont l’emballage et non le contenu est durable, est bien réel. »
Impact
Pour Triodos, qui se décrit comme une banque durable, l’intérêt croissant des investisseurs pour les produits durables semble d’ores et déjà positif. Van Craen ne craint pas que Triodos perde sa position unique dans le paysage bancaire belge à mesure que de plus en plus d’institutions financières sautent dans le train de la durabilité.
« La durabilisation de l’offre de produits n’en est qu’à ses débuts. Il reste encore beaucoup à faire avant que le secteur financier ne soit entièrement durable. Les produits durables ne représentent encore que 5 à 10% des actifs sous gestion sur le marché belge, alors que chaque décision financière a un impact sociétal. »
Van Craen constate cependant une grande différence avec le passé. « La qualité des entretiens avec nos clients s’est nettement améliorée. Il n’y a pas si longtemps, nous devions encore leur expliquer ce qu’implique la durabilité et les convaincre du fait que les produits durables offrent des rendements similaires à ceux des produits traditionnels. Dans l’intervalle, de nombreux investisseurs le savent déjà, ce qui nous permet d’aller directement au cœur du sujet et de présenter notre stratégie d’investissement. Il en résulte de précieuses discussions qui nous permettent en tant que banque de nous distinguer des autres acteurs du marché. »