Le secteur financier sera confronté à d’importants déclins si la transition climatique ne se déroule pas de manière ordonnée. Les banques, les gestionnaires d’actifs et les assureurs seront particulièrement touchés par les réévaluations brutales des risques climatiques.
Les pertes sur les marchés financiers dues à une réévaluation brutale des risques climatiques peuvent frapper durement les fonds d’investissement et les assureurs. Elle peut entraîner des défauts de paiement de la part des entreprises et provoquer des pertes de crédit pour les banques. Si nous ne parvenons pas à assurer une transition écologique ordonnée, les risques se propageront rapidement à l’ensemble du secteur financier, les entreprises et les banques étant les plus exposées.
C’est ce qui ressort d’un rapport conjoint de la BCE et du Comité européen du risque systémique (CERS), intitulé The macroprudential challenge of climate change (voir annexe). Les risques des banques de la zone euro restent particulièrement prononcés, notamment en ce qui concerne l’exposition des prêts aux secteurs liés au climat tels que l’exploitation minière, l’industrie manufacturière et l’électricité. L’intensité d’émission pondérée par les prêts des expositions à ces secteurs est encore d’environ 60 % du total, selon le rapport.
ECB/ECSR: The macroprudential challenge of climate change
Une transition ordonnée vers des émissions nettes nulles d’ici 2050 pourrait atténuer les chocs de prix et réduire de 13 à 20 % les risques de défaillance des entreprises. Elle réduirait également les pertes de crédit pour les banques.
Augmentation des prix
Entre autres choses, une hausse du prix du carbone augmente la probabilité d’une accumulation de faillites. Une hausse brutale et désordonnée des prix du carbone pourrait non seulement multiplier par cinq les actifs pondérés en fonction des risques, mais aussi pratiquement doubler la corrélation moyenne des défauts. Cette corrélation mesure si les actifs présentant un risque de crédit élevé sont plus susceptibles de faire défaut ensemble ou séparément. Selon le rapport, cela suggère que la protection par la diversification est d’une pertinence limitée.
Si cela est particulièrement vrai pour les entreprises à forte émission de carbone, cela peut également affecter les acteurs du marché à plus faible intensité de carbone, selon l’étude.
Selon la BCE et l’ECST, la dynamique du marché peut également accroître l’impact financier des risques physiques. Par exemple, un choc climatique pourrait entraîner une réévaluation soudaine du risque climatique et déclencher une vente de panique, les institutions financières vendant rapidement un grand nombre d’actifs exposés à bas prix en une seule fois».
Dans ce cas, des chocs climatiques imprévus pourraient frapper durement les portefeuilles des fonds d’investissement, des fonds de pension et des compagnies d’assurance. Dans un scénario de transition désordonnée, caractérisé par une augmentation immédiate et significative des prix du carbone, les pertes à court terme des fonds communs de placement des assureurs et des gestionnaires d’actifs pourraient atteindre respectivement 3 et 25 % des actifs soumis à des tests de résistance.
Téléchargez le rapport ici.