
Les marchés boursiers réagissent calmement à la guerre entre Israël et l’Iran. Cependant, il suffit d’un message acerbe du président américain Donald Trump sur les réseaux sociaux pour que tout s’embrase. « Des liquidités supplémentaires dans le portefeuille constituent un tampon tactique contre les chocs », affirment les stratèges de Belfius Asset Management.
Les marchés boursiers n’ont pour l’instant pas été touchés par l’escalade de la violence au Moyen-Orient. Bien que le prix du pétrole ait atteint son niveau le plus élevé en quatre mois, il n’y a pas de panique générale. Comment cela se fait-il ?
Comme d’autres stratèges boursiers, Maud Reinalter (Chief Investment Officer) et Thomas Stul (Head of Collective Portfolio Management) évoquent la protection du détroit d’Ormuz, passage crucial pour les pétroliers et les méthaniers. « Tant que le détroit ne sera pas bloqué, la guerre se limitera à un conflit régional et l’influence sur l’économie mondiale sera relativement limitée », affirme Maud Reinalter.
Une certaine lassitude vis-à-vis de Donald Trump ?
« Le prix du pétrole a atteint environ 75 dollars le baril, indique Thomas Stul. Dans une perspective historique, ce n’est pas si mal. Tant que le prix du pétrole se maintient entre 70 et 90 dollars, les grands investisseurs n’ont aucune raison de modifier leurs prévisions ».
Il semble que les marchés boursiers soient devenus plus indifférents aux turbulences géopolitiques et aux politiques commerciales imprévisibles de Donald Trump. C’est ce que suggère l’indice de volatilité VIX, également connu sous le nom de « baromètre de la peur » de Wall Street. Après avoir connu une forte hausse peu après le « jour de la Libération », le jour où le président américain a déclenché une guerre commerciale contre la quasi-totalité du monde, l’indice VIX a fortement chuté et continue tranquillement à faire des vagues.
« Il y a peut-être une certaine lassitude à l’égard de Donald Trump », estime Maud Reinalter.
Compte à rebours jusqu’au 9 juillet
Il s’agit toutefois peut-être du calme avant la tempête. Le mercredi 9 juillet est entouré en rouge dans l’agenda de Maud Reinalter et de Thomas Stul, car c’est à cette date que le sursis accordé par Donald Trump pour les droits de douane prévus sur les importations de l’UE expire.
Si les États-Unis et l’Union européenne parviennent à un accord, les investisseurs pourront partir en vacances l’esprit tranquille. C’est le scénario de base de Belfius AM. « Nous pensons que nous aurons déjà des indications à l’approche de cette échéance, par exemple par le biais d’accords-cadres. »
Mais si les tensions commerciales s’intensifient, les États-Unis risquent d’être confrontés à un scénario de stagflation. « Le président Trump augmenterait alors les droits de douane, ce qui pèserait sur le moral des consommateurs et les entreprises, ajoute Thomas Stul. Il en résulterait un ralentissement économique brutal associé à une hausse de l’inflation aux États-Unis. Ce scénario déclencherait une vente massive sur les marchés obligataires et pourrait inciter la Fed à relever les taux d’intérêt ».
Ou traduit librement : cela ne fait que commencer. Belfius estime de toute façon à 40 % la probabilité d’un tel scénario.

Liquidités
Selon les stratèges de Belfius, les principes classiques de diversification ne suffisent plus dans le contexte géopolitique imprévisible d’aujourd’hui, fait de guerres et de protectionnisme. « Une diversification efficace exige aujourd’hui non seulement une flexibilité géographique, mais aussi une flexibilité stratégique et tactique, y compris des stratégies alternatives, de l’or et un positionnement actif tel que des produits dérivés », affirment-ils.
« Vous pouvez diversifier votre portefeuille de manière traditionnelle, par exemple en y ajoutant de l’or, précise Thomas Stul. Nous estimons que le prix de l’or a encore un potentiel de hausse, même après les augmentations récentes. Une autre solution consiste néanmoins à détenir des liquidités à très court terme (un à trois mois). Au « jour de la Libération », nous avons par exemple réduit la part des actions au profit des liquidités. Cela nous permet de revenir sur le marché à un autre moment ».
« Nous pourrions également utiliser cette tactique autour du 9 juillet. Une autre façon de procéder consiste à travailler avec des options, dans les deux sens. Il s’agit donc à la fois de protéger certaines positions et de créer des perspectives d’entrée lorsque le marché s’accélère ».
« Nous laissons le choix au client », termine Maud Reinalter. « Tout le monde ne souhaite pas avoir des options dans son portefeuille. Mais pour ceux qui le souhaitent, les produits dérivés constituent une diversification intéressante ».
Une couverture complète contre les caprices de Donald Trump pourrait être techniquement concevable : il est par exemple possible de couvrir le taux de change euro-dollar. Cela ne semble cependant pas intéressant pour les stratèges de Belfius. « Une telle couverture serait très coûteuse, car elle s’étalerait sur plusieurs années », explique Thomas Stul.
Les mesures de relance allemandes nourrissent l’optimisme vis-à-vis de l’Europe
Belfius AM est optimiste à l’égard de l’économie européenne. Le scénario de base des stratèges de la banque est celui d’une croissance assez marquée et d’une inflation assez faible, liée dans une large mesure aux ambitieuses mesures de relance du gouvernement Merz, en Allemagne. Ce dernier a même relâché la notoire discipline budgétaire pour pouvoir investir dans la défense et les infrastructures. Maud Reinalter et Thomas Stul voient surtout des opportunités d’investissement dans les petites capitalisations européennes, dont les valorisations semblent plus attrayantes que les grandes. « Les petites et moyennes capitalisations européennes sont un peu mieux protégées des tensions suscitées par les États-Unis, et profiteront du plan de relance allemand » affirment-ils.