Draghi (ECB) & Powell (FED)
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À Washington, la Réserve fédérale a abaissé son taux directeur de 0,25% pour l’amener dans une fourchette de 1,50%-1,75%. Cette troisième baisse du taux américain cette année suit d’assez près celle qui a été effectuée en septembre. L’assouplissement monétaire qui a commencé cet été s’avérait nécessaire pour stimuler l’économie. Au troisième trimestre, la croissance du PIB américain s’est ralentie à 2,0 % à la suite du recul des investissements des entreprises et de la contraction des exportations. Un taux plus bas auprès de la banque centrale a un effet positif pour le reste de l’économie. Par exemple, les entreprises paient moins pour emprunter, ce qui leur permet d’investir plus facilement.

La diminution du taux américain signifie-t-elle qu’une pression supplémentaire va à présent être exercée sur la BCE pour qu’elle fasse de même ? Pas directement. Comme le montre le graphique, les banques centrales des deux côtés de l’Atlantique ont appliqué une politique de taux totalement différente durant la période 2015-2018. À partir de 2016, la Fed a réagi à une augmentation de l’inflation américaine par une série de hausses de taux. En trois ans, le taux directeur américain est passé – d’ailleurs contre la volonté du président Trump - de 0,25 % à 2,5 %. La Fed a ainsi constitué une marge d’intérêt considérable qu’elle peut à présent utiliser pour faire face au ralentissement de la croissance mondiale. Un contraste frappant avec la situation dans la zone euro. À partir de 2016, la BCE a poursuivi sa politique de baisse des taux parce que l’inflation restait inférieure à l’objectif de 2 %. Le résultat est un taux directeur négatif dans la zone euro, où des diminutions de taux supplémentaires ne servent plus à grand-chose pour stimuler la croissance économique.

Les marchés financiers n’ont pas été surpris par la baisse du taux américain.C’est surtout la conférence de presse de Jerome Powell, le président de la Fed, que les investisseurs professionnels attendaient avec impatience.

Il a souligné que l’économie américaine continue à bien se porter et a expliqué que la Fed abaissait le taux pour se prémunir contre le ralentissement de la croissance à l’étranger. Il a suggéré qu’après les trois baisses de taux de cette année, la Fed allait faire une pause mais qu’elle se tenait prête à intervenir si nécessaire.

Les arguments qui plaident en faveur de nouvelles diminutions du taux dans un proche avenir se sont atténués ces dernières semaines. La confiance des entreprises aux USA, en Chine et dans la zone euro s’est stabilisée en octobre après une longue période d’affaiblissement. La crainte d’une escalade du conflit commercial s’est estompée et le scénario d’un Brexit sans accord est devenu plus invraisemblable en raison du report à janvier 2020. Si nous recevons ces prochains mois la confirmation que le plus dur est passé pour le secteur industriel, la Réserve fédérale pourra brandir l’arme des taux de manière moins agressive en 2020.

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